Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №5/2008

Je vous salue, ma France

La Côte d’Azur

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Côte d’Azur... Ici les Alpes s’effondrent dans la mer. L’arrière-pays est grandiose et sauvage, creusé de gorges sinueuses, pénétré de routes en lacets à la circulation difficile, érigé de villages fortifiés serrés sur les hauteurs autour de leur clocher, avec leurs rues pentues en escalier, leurs maisons à grosses pierres qui protègent du froid et de la chaleur. Ils ont pour nom : Gourdon, Saint-Paul-de-Vence, Tourettes-sur-Loup, Saorge…

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Ici, la mer, le plus souvent sereine, baigne criques, plages, pointes rocheuses aiguisées et abruptes. La côte découpée a favorisé le maintien de particularismes voire d’archaïsmes. Là, se niche la Principauté de Monaco et Monte-Carlo. Le Prince règne sur un territoire sept fois moins étendu que Paris, mais dont la richesse est fabuleuse. On y joue au casino, on y bronze au soleil et on y fait des affaires. La frontière avec la France n’existe pas. Mais il y a une police monégasque, une petite armée monégasque et un drapeau monégasque. Plus à l’est, Menton ressemble à une ville italienne, avec ses maisons colorées, ses églises et places baroques. Comme Nice, elle n’a été rattachée à la France qu’en 1860. Quant à Cannes et Saint-Tropez, ils sont restés des petits villages de pêcheurs ignorés jusqu’à la fin du XIXe siècle, époque où des aristocrates anglais, fuyant les brumes de Londres, les ont découverts les premiers, et Maupassant, puis le peintre Signac les seconds.

Côte d’Azur est le titre du livre qu’un écrivain-poète publie en 1887. Le livre est consacré à la « Riviera française ». Le nom de Côte d’Azur s’impose et va désigner très vite cette côte éclairée du bleu azur du ciel et des flots. On est à la fin du XIXe siècle. Lord Brougham s’installe dans le petit port de Cannes, y construit sa maison, et y attire de riches compatriotes. Les Anglais fréquentent aussi Nice. Les premiers d’entre eux sont venus dès la seconde moitié du XIXe siècle. Ils étaient 600 à y hiverner vers 1825. Ce sont eux qui ont eu l’idée de créer un chemin qui permettrait de circuler facilement le long de la Baie des Anges. Ils en ont payé la construction : c’est la Promenade des Anglais. Aujourd’hui, cette promenade est bordée par les façades de somptueux palaces, comme celles de l’hôtel Negresco, symbole de la Belle Epoque, du casino Ruhl ou du Palais de la Méditerranée. En face, dispersées sur la plage, des centaines de petites chaises bleues permettent de contempler l’immensité de la mer.

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Avec les Anglais, les Russes ont construit une partie de l’histoire de Nice. Le cimetière de Cancade renferme de nombreuses sépultures de familles russes. C’est une histoire ancienne. Il y avait eu, en 1770, l’escale d’une flotte russe à Villefranche près de Toulon. La marine russe prêtait un fort intérêt à cette côte, escale entre la mer Noire et l’Atlantique. L’histoire fait coïncider réellement la passion des Russes pour Nice et la Côte avec celle d’un peintre niçois pour une dame russe, la fille naturelle du tsar Nicolas Ier. Il l’épousa en 1848. Le couple, installé sur la « Riviera », occasionna les visites de la famille impériale. Plus tard, l’impératrice Alexandra Feodorovna, veuve de Nicolas Ier, fréquenta assidûment la côte. C’est elle qui est à l’initiative de la route Nice-Villefranche, le boulevard de l’Impératrice de Russie, rebaptisé après la guerre boulevard de Stalingrad. Elle lance la mode des bains de mer. Elle est à l’origine de l’édification de la première église russe de Nice en 1859, époque où le nombre de Russes (plus de 150 familles) rivalise avec celui des Anglais. C’est une période faste pour Nice qui contemple les grandes fêtes organisées par une aristocratie riche et dépensière. On joue des sommes colossales au Casino. Anton Tchékhov y est pris par la passion du jeu.

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Après la Révolution, l’aristocratie, le plus souvent ruinée, revint ici en exil. L’intégration n’a pas toujours été facile, bien que la langue française ait été couramment parlée par cette haute société. Mais on avait été riche, on était devenu pauvre. Il fallait travailler. Il n’était plus question de revenir en Russie. Des mariages franco-russes, une longue habitude de la vie en France.

Aujourd’hui, ceux que l’on appelle les « nouveaux Russes » reviennent dépenser à Nice des fortunes. Des touristes moins aisés viennent aussi chercher les traces du passé russe et l’atmosphère de paix et de sérénité qui ont fait la réputation de cette région. La datcha en chêne, transportée de Kiev à Nice et installée dans ce qui est aujourd’hui le parc de l’université des Sciences, est l’une de ces traces. Il y a surtout l’église orthodoxe édifiée en 1903, la cathédrale Saint-Nicolas, qui doit son nom au dernier tsar de Russie Nicolas II. C’est sa mère, Maria Feodorovna, qui en fut l’instigatrice. Les quatre coupoles réparties autour de la coupole centrale et les deux clochers s’inspirent des églises de Moscou, en particulier de Saint-Basile. L’iconostase de bronze et de cuivre a été conçu en Russie. Cierges et icônes contribuent au recueillement. C’est un coin de Russie en France.

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Marc Chagall, peintre de Vitebsk, éternellement russe et juif, français d’adoption, est mort à Saint-Paul-de-Vence, tout près de Nice. Le musée du « Message Biblique » abrite près d’une vingtaine de grandes toiles conçues entre 1954 et 1967 qui illustrent l’Ancien Testament et le Cantique des Cantiques. Chagall a pu ici côtoyer Henri Matisse, mort en 1954. Celui-ci avait décoré la chapelle de Vence entre 1947 et 1951. La villa des Arènes abrite à Nice toiles, dessins et bronzes. Ils permettent de suivre l’évolution de Matisse qui a influencé de manière majeure l’art contemporain. Il déploya une palette de couleurs pures pour aboutir au Nu bleu, le bleu absolu, dont on peut penser qu’il l’emprunta à la Méditerranée.

La Côte d’Azur, terre de villégiature, est aussi terre de peinture. Auguste Renoir passe les douze dernières années de sa vie à Cagnes-sur-Mer où il mourut dans sa propriété des Collettes. On peut visiter sa maison, intacte, ses ateliers où figurent encore quelques-unes de ses dernières toiles, jeter un regard sur les oliviers centenaires qui peuplent le jardin. Signac, on l’a vu, a fait découvrir le petit port de Saint-Tropez à ses amis. Pablo Picasso a vécu à Vallauris et Mougins. Nicolas de Staël, qui est né en Russie, s’est suicidé à Antibes devant ces lignes grises, ces blocs rouges et noirs qu’il peignait sur le bleu intense de la mer. Fernand Léger a son musée à Biot, vieux village serré autour de sa place des Arcades. Yves Klein n’a-t-il pas saisi lui aussi, ici, son célèbre bleu ? Il y a encore Vasarely et sa fondation, la fondation Maeght et ses collections, et Bonnard, dont la maison du « Bosquet » a été sauvée au Cannet et... tant d’autres à découvrir au détour d’un itinéraire fait pour le plaisir des yeux.

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En 1956, explosait sur les écrans une bombe, filmée par Roger Vadim dans le décor de Saint-Tropez : Et Dieu créa la femme. Le mythe de Brigitte Bardot était né et allait conquérir une large partie du monde. Le mythe de Saint-Tropez et de la côte aussi. Avec la démocratisation des ressources, il allait amener, été après été, toujours plus d’estivants sur les plages, là où il y a « le ciel, le soleil, la mer… » comme le chantait en 1965 le compositeur François Deguelt.

La Côte d’Azur accueille aussi, chaque printemps, à Cannes, sur la Croisette, l’un des plus célèbres festivals de cinéma du monde. Le premier festival, juste après la guerre, avait décerné la palme d’or à La Bataille du rail qui raconte la Résistance des cheminots français contre l’occupant nazi. Depuis, que de marches descendues par les stars, chaque mois de mai, au Palais du Festival ! Que de starlettes découvertes sur les plages, au détour d’une rue où éclatent les flashes des photographes, que de films révélés !

La côte, l’azur de son ciel, la peinture, le cinéma, quel heureux mariage qui ne cesse d’enchanter !

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