Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №6/2008

Arts et culture

Alla CHEÏNINA

Jacques Brel : « Je t’aime encore, tu sais je t’aime... »

Il existe aujourd’hui une statue de Jacques Brel dans le quartier du canal à Evry-Ville nouvelle, dans l’Essonne. On en a érigé une autre au parc de Forest, dans la banlieue sud-ouest de Bruxelles. À Anderlecht, la station de métro qui dessert la cartonnerie, porte son nom. Des rues Jacques Brel fleurissent un peu partout, de Brest à Cahors, d’Argenteuil à Rouen. Ses poèmes sont proposés aux candidats en tant que des sujets du baccalauréat… Des bibliothèques et médiathèques lui sont dédiées, des établissements scolaires aussi, à lui, l’ancien cancre, qui n’a même pas réussi à avoir son bac…

La vie de l’auteur de Quand on n’a que l’amour ressemble à ses chansons. « Pour lui, tout est amour, amitié, tendresse, que l’on tente de partager. Il le dit, il le chante, mais en souffre à chaque fois que le monde, la vie, les femmes et les hommes s’installent dans l’indifférence et la passivité. »1

Jacques Brel est mort il y a trente ans, le 9 novembre 1978. Le chanteur dont les poumons avaient été meurtris par cinq paquets de cigarettes quotidiens, était revenu de son exil volontaire aux Marquises pour quitter, à l’âge de 49 ans, le monde des humains…

Adieu, Jacques Brel !
(8 avril 1929 – 9 novembre 1978)

C’était l’un des plus grands de la chanson. Peut-être, diront certains, le plus grand. L’histoire seule jugera. Mais elle le placera, sans nul doute, aux plus hauts sommets où dominent ceux qui ont brillamment illustré le music-hall.

Le music-hall et la chanson doivent à Jacques Brel leurs plus belles lettres de noblesse. Son œuvre a profondément marqué toute une génération. Elle continuera à séduire et à inspirer les générations à venir.

« La chanson, disait-il, c’est un acte d’amour, un acte de tendresse… » Il a chanté l’amour et la tendresse avec un talent à nul autre comparable. Il a merveilleusement chanté la Belgique, ce « plat pays » qui était le sien. Pathétique, il a su exprimer l’angoisse de la solitude, la hantise de la mort, celle de la vieillesse. Cynique, il a su régler ses comptes avec tout ce qui le dérangeait, tout ce qui gênait son bonheur, sa soif ardente de vivre.

On a dit de lui : « C’est Brel le révolté ». Il a répondu : « Non, je ne suis pas un révolté ! Je me contente de faire passer mes inquiétudes dans mes chansons. »

Jusqu’au bout de sa tâche humaine, cet artiste discret, secret même, férocement jaloux de sa vie privée, ce grand parmi les grands, qui refusait de se prendre pour une vedette, a mené le seul combat qui lui paraissait important : vivre comme il l’entendait. Réaliser ses rêves. En pleine gloire, il fait ses adieux à la scène et puis, toujours à la poursuite de ses rêves d’enfant, s’enfuit au bout du monde pour y quérir la paix et le bonheur. Au bout du monde où le destin, cruel, le guettait…

Quand on n’a que l’amour, La Valse à mille temps, Les Flamandes, Madeleine, Ne me quitte pas, Les Bonbons, Ces gens-là, Les Vieux, Le Plat Pays, Amsterdam, Mathilde… Longtemps, longtemps encore, Jacques Brel sera parmi nous.

(d’après Télé-poche, novembre 1978)


Jacques BREL

Le Troubadour

Je suis un vieux troubadour
Qui a conté beaucoup d’histoires
img1Histoires gaies, histoires d’amour
Et sans jamais beaucoup y croire

J’ai chanté comme un grand livre
Dont chaque page était un rire
J’ai chanté la joie de vivre
En attendant celle de mourir

J’ai chanté l’idéal aux enfants
Pour leur donner un peu d’espoir
En me disant qu’en le chantant
Je pourrais bien un jour y croire

J’ai chanté un chant d’amitié
Qui était fait de mon cœur
Nous le criâmes souvent en chœur
Mais j’étais seul à le chanter

J’aurais voulu lever le monde
Rien que pour lui, par bonté
J’aurais voulu lever le monde
Mais c’est le monde qui m’a couché

Je suis un vieux troubadour
Qui chante encore pour chanter
Des histoires, histoires d’amour
Pour faire croire qu’il est gai

Un troubadour désenchanté
Qui par une habitude vaine
Chante encore l’amitié
Pour ne pas chanter la haine.


1 Erik Zimmermann

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