Arts et culture
« J’ai eu une enfance où il ne se passait presque rien... »
« Dans la vie d’un homme, il y a deux dates importantes, celle de sa naissance et celle de sa mort. Tout ce qu’on fait entre ces deux dates n’a pas beaucoup d’importance. »
Jacques BREL
Le 8 avril 1929, un heureux événement se produisait au foyer de M. et Mme Brel, 138, avenue du Diamant à Bruxelles : la naissance d’un nouvel enfant. Ils avaient déjà un petit garçon de 6 ans, Pierre, et ils avaient eu auparavant des jumeaux, un garçon et une fille, qui n’avaient pas, hélas, survécu plus de quelques semaines. À ce nouvel enfant, si désiré, on donne un prénom de Jacques.
Le garçon a vu le jour au sein d’une famille flamande francophone, bourgeoise, riche, et profondément catholique. La maison Brel, très confortable, est située dans le quartier résidentiel de Schaerbeek, sur l’une des routes qui conduisent au château royal de Laeken. M. Romain Brel, le père, possède et dirige une usine de cartonnerie, importante affaire très prospère qui met le « clan Brel » à l’abri de tout besoin. Romain Brel devrait naturellement céder sa place à ses fils, comme dans toutes les dynasties bourgeoises. Cette usine familiale sera un jour objet des angoisses de Jacques.
Un juste équilibre règne dans la maison entre la rigidité du père et la tendresse de la maman. Le petit Jacques Brel reçoit une éducation stricte et soignée.
Plus tard, l’œuvre de Jacques Brel sera l’une des plus autobiographiques qui soient, chaque image trouvant son explication dans un souvenir d’enfance, l’émotion d’un ami, une réminiscence de rencontre ou de lecture… C’est un enfant que l’on élève à l’abri des grands drames et des grandes passions.
« J’ai eu une enfance où il ne se passait presque rien ; il y avait un ordre établi assez doux. Ce n’était pas dur du tout… C’était paisible et forcément morose… »
Éducation catholique, cela va de soi, avec toutes les étapes obligatoires prévues au parcours : catéchisme, confirmation, première communion solennelle. Et bien entendu, messe dominicale et scoutisme.
Mon enfance passa
De grisailles en silences,
De fausses révérences
En manque de batailles…
(L’Enfance)
L’enfance ne serait peut-être plus l’enfance si elle ne se sentait contrariée. Plus il est confronté à l’autorité, plus l’enfant devient inventif pour se ménager son espace de liberté et s’affirmer, face au monde des adultes.