Arts et culture
Ludmila CHIRIAIEVA
Le théâtre français « Bonne espérance »
Le théâtre c’est un moyen de l’éducation esthétique, il ne laisse jamais indifférent. La troupe de théâtre « Bonne espérance » a été créée au gymnase n° 36 de Krasnodar en 2003. Les élèves de 6ème sont devenus ses premiers acteurs. Le spectacle Il était une fois… a eu un grand succès. En avril 2004, le théâtre a participé au IXe Festival des troupes théâtrales de Krasnodar. L’année suivante, on a présenté la pièce de M. Maeterlinck L’Oiseau bleu et on a obtenu le Diplôme de lauréat. Les cours de théâtre sont animés par les jeunes acteurs du Théâtre Académique de drame de Krasnodar.
On connaît bien le petit Nicolas, héros principal des récits de Sempé-Goscinny. Après avoir fait connaisance avec les récits sur les aventures de Nicolas, les élèves ont proposé de les mettre en scène. Voilà la mise en scène de ces récits.
Le Petit Nicolas
(d’après Sempé-Goscinny)
Personnages :
Nicolas
Geoffroy (déguisé en cow-boy)
Agnan
Alceste (le plus gros des élèves, mange tout le temps)
Maixent
Joachim
Clotaire (le dernier de la classe)
Cyrille
Rufus
La maîtresse
L`inspecteur
Le directeur
Scène I
Maîtresse : Bonjour, asseyez-vous ! J’ai une nouvelle à vous annoncer. M. le directeur va prendre sa retraite. Pour fêter ça on donne un spectacle. Chaque classe prépare quelque chose. Les grands vont faire de la gymnastique. Il y a une classe qui va danser et une autre qui va chanter Frère Jacques.
Nicolas : Et nous, qu’est-ce qu’on va faire ?
Maîtresse : Nous devons jouer une pièce. La pièce s’appelle Le Petit Poucet et le Chat Botté. Aujourd’hui nous faisons la première répétition.
Geoffroy (crie) : Je veux jouer, moi !
Maîtresse : Je t’ai déjà prévenu, Geoffroy, que je n’aime pas te voir à l’école déguisé. D’ailleurs il n’y a pas de cow-boys dans cette pièce.
Geoffroy : Pas de cow-boys ? Et vous appelez ça une pièce ?
Maîtresse : Je pense que ça vous plaira ! Le Petit Poucet cherche ses petits frères et il rencontre le Chat Botté. Il y a aussi le marquis de Carabas et un ogre qui veut manger les frères du Petit Poucet. Le Chat Botté aide le Petit Poucet, l’ogre est vaincu, il devient gentil et ... mange autre chose. Et bien, qui va jouer le rôle du Petit Poucet ?
Agnan : Moi, Mademoiselle. C’est le rôle principal et je suis le premier de la classe.
Maîtresse : Bien. Il me faut un ogre maintenant. Un ogre qui veut manger le Petit Poucet.
Nicolas : Alceste sera un bon ogre !
Alceste (en regardant Agnan) : Je ne mange pas de ça, moi !
Agnan : Ah ! Si tu ne me demandes pas pardon, je vais le dire à mes parents !
Maîtresse : Silence ! Alceste, tu feras la foule des paysans et puis aussi tu seras souffleur.
Alceste (prend un biscuit dans sa poche, le met dans la bouche) : D’accord, mademoiselle.
Maîtresse : Maixent, tu ne veux pas jouer le rôle du Chat Botté ? Tu auras un beau costume, des bottes, une épée et une queue.
Maixent : Je suis d’accord pour le costume ! Mais ... je ne veux pas avoir de queue !
Maîtresse (en s’adressant à Nicolas) : Alors, c’est Nicolas qui joue le Chat Botté. Rufus, tu feras l’ogre et toi, Clotaire, tu seras le marquis de Carabas !
(La maîtresse donne à tous les enfants des feuilles de papier)
Maîtresse : Et ceux qui restent, vous aiderez Alceste à faire la foule. Bon, on va commencer, lisez bien vos rôles. Agnan, voilà ce que tu vas faire : tu arrives ici, tu es désespéré, c’est la forêt, tu cherches tes frères et tu te trouves devant Nicolas, le Chat Botté. Vous autres, la foule, vous dites, tous ensemble : mais, c’est le Petit Poucet et le Chat Botté ! Allons-y !
(Ils se mettent devant le tableau. Nicolas a une règle à sa ceinture pour faire semblant que c’est l’épée.)
Agnan : Mes frères, où sont mes pauvres frères ?
Alceste (crie) : Mes frères, où sont mes pauvres frères ?
Maîtresse : Mais, Alceste, que fais-tu ?
Alceste : Quoi, je suis souffleur, alors, je souffle.
Agnan : Mademoiselle, quand Alceste souffle, il m’envoie des miettes de biscuit sur mes lunettes et je ne vois plus rien.
(Agnan enlève ses lunettes pour les essuyer, alors Alceste en profite et lui donne une gifle. Agnan crie et pleure. Maixent, Joachim et Geoffroy font foule.)
Maixent : Mais c’est le Petit Poucet et le Chat Botté !
Joachim : Mais c’est le Petit Poucet et le Chat Botté !
Geoffroy : Mais c’est le Petit Poucet et le Chat Botté !
(Nicolas prend sa règle et se bat avec Rufus qui a un plumier. )
Maîtresse : Assez ! À vos places ! Vous ne jouerez pas cette pièce pendant la fête ! Je ne veux pas montrer tout ça à M. le directeur !
Scène II
Maîtresse (entre en classe toute nerveuse) : Bonjour, asseyez-vous. M. l’inspecteur est dans l’école. Vous devez être sages et faire une bonne impression. Je vous défends de parler sans être interrogés et de rire sans permission. Alceste, ne mange pas quand l’inspecteur sera là. Et toi, Clotaire, je te demande de ne pas te faire remarquer. Agnan, mets de l’encre dans les encriers.
(Agnan prend la grande bouteille d’encre.)
Clotaire (crie) : Voilà l’inspecteur.
(Agnan a peur et renverse de l’encre partout sur le banc).
Maîtresse : Mais l’inspecteur n’est pas là ! C’est toi, Clotaire, l’auteur de cette blague ? Va au piquet !
Clotaire (en pleurant) : Mais si je suis au piquet, je vais me faire remarquer et l’inspecteur va me poser des questions et moi, je ne sais rien. Et puis, j’ai vu passer l’inspecteur dans la cour avec le directeur.
Maîtresse : Bon, je te pardonne pour cette fois-ci. (En s’adressant à Cyrille et Joachim) Posez ce banc au dernier rang.
(On remue tous les bancs et on s’amuse bien et ... l’inspecteur entre avec le directeur. On n’a pas à se lever parce qu’on est tous debout et tout le monde a l’air bien étonné.)
Directeur : Ce sont les petits, ils ... sont un peu distraits...
Inspecteur : Je vois. Asseyez-vous, mes enfants.
(Cyrille et Joachim tournent le dos au tableau parce que leur banc est retourné.)
Inspecteur : Ces deux élèves sont toujours placés comme ça ?
Maîtresse : Non, M. l’inspecteur... Un petit incident.
(Cyrille et Joachim retournent le banc et prennent leurs places.)
Inspecteur (sourit) : Bien ! Que faisiez-vous avant mon arrivée ?
Cyrille : On changeait le banc de place.
Inspecteur : Et pourquoi changiez-vous ce banc de place ?
Joachim : À cause de l’encre.
Inspecteur : De l’encre ? (regarde ses mains qui sont toutes bleues. Il fait un gros soupir et il essuie ses doigts avec un mouchoir.) Vous avez, comme je vois, une mauvaise discipline.
Maîtresse : Nous étions en train d’étudier la fable Le Corbeau et le Renard.
Inspecteur : Parfait, parfait ! Et bien, continuez !
Maîtresse : Agnan, récitez-nous la fable.
Inspecteur : Non. (En montrant Clotaire). Vous, là-bas, au dernier rang, récitez-moi cette fable !
(Clotaire ouvre la bouche et ne dit rien.)
Inspecteur : Mais qu’est-ce qu’il a ?
Maîtresse : Excusez-le, M. l’inspecteur, il est très timide.
Inspecteur : Et bien, toi. (Il montre Rufus).
Rufus : Je ne connais pas la fable par cœur, mais ... je sais à peu près de quoi il s’agit. C’est l’histoire d’un corbeau qui tenait dans son bec un roquefort.
Inspecteur (étonné) : Un roquefort ?
Alceste : Mais non, c’était un camembert !
Rufus : Pas du tout, le corbeau n’aurait pas pu tenir le camembert dans son bec, ça coule et puis ça sent pas bon.
Alceste : Ça sent pas bon, mais c’est chouette à manger. Et puis, ça ne veut rien dire, le savon sent bon, mais c’est très mauvais à manger, j’ai essayé, une fois.
Rufus : Bah, tu es bête.
(Ils commencent à se battre. Tout le monde se lève et crie, sauf Agnan qui va au tableau et récite la fable.)
Maîtresse : Silence !
Inspecteur : Taisez-vous !
Directeur : Assez !
(Tout le monde s’asseoit. Inspecteur sort son mouchoir et s’essuie le visage, en se mettant de l’encre partout. Puis il s’approche de la maîtresse et lui serre la main.)
Inspecteur : Merci, Mademoiselle. Jamais comme aujourd’hui je ne me suis aperçu à quel point notre métier est difficile. Continuez ! Courage ! Bravo ! (Il part très vite avec le directeur.)