Univers du français
Olga TCHKANIKOVA
Les étrangers en France
Immigration illégale
(extrait)
La population immigrée en France
En 2004, la France métropolitaine comptait 4,9 millions d’immigrés d’après l’INSEE, soit 760 000 de plus qu’en 1999 et 8,1 % de la population totale. 40 % d’entre eux avaient la nationalité française, qu’ils ont pu acquérir par naturalisation ou par mariage:
Immigrés : ~4 930 000
Étrangers nés à l’étranger : 1 970 000
Étrangers nés en France : 2 960 000
Sur les 210 075 nouveaux immigrés en France :
100 567 venaient d’Afrique
64 597 d’Europe
29 310 d’Asie
15 545 d’Amérique et d’Océanie
Nouveaux immigrés en France
Année |
Nombre |
2000 |
97 083 |
2001 |
106 656 |
2002 |
123 477 |
2003 |
135 395 |
2005 |
134 800 |
Ces chiffres proviennent des enquêtes annuelles de recensement de 2005.
Si le chiffre des étrangers en France reste relativement constant au fil des ans, malgré une arrivée continuelle de plus de 100 000 immigrants étrangers, c’est que chaque année un nombre plus ou moins équivalent d’entre eux acquiert la nationalité française.
Année |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
Nombre |
116 194 |
123 761 |
147 522 |
150 025 |
127 548 |
128 092 |
144 640 |
Début 2007, les derniers chiffres publiés par l’INSEE remontaient à 2003.
Ces chiffres proviennent des enquêtes annuelles de recensement de 2005.
La provenance des migrants évolue rapidement : près des deux tiers viennent d’Afrique, en particulier de l’Algérie et du Maroc, contre un peu plus de la moitié il y a cinq ans. Les principaux pays sources de flux migratoire vers la France restent l’Algérie, le Maroc et les anciennes colonies françaises d’Afrique.
La population immigrée est plus âgée que la population non immigrée, car ses membres sont arrivés en France pour la plupart après l’âge de 15 ans et leurs enfants nés en France sont comptés parmi les résidents non immigrés. Le niveau éducatif des immigrés est en progression nette. Aujourd’hui un quart des immigrés possède un diplôme de l’enseignement supérieur, soit quatre fois plus qu’en 1982.
La majorité des immigrés résident en Île-de-France (40 %) ou dans le Sud-Est. Un habitant de la région parisienne sur six est immigré.
Ces chiffres n’incluent pas l’immigration en provenance des pays membres de l’Union européenne. Ils sont donc partiels et excluent notamment l’immigration britannique assez importante cette dernière année.
En 2005, le chiffre de 155 000 acquisitions de la nationalité a été atteint, ce qui porte leur nombre à plus d’un million depuis 1999. En extrapolant quelque peu pour l’année 2006, et retenant le chiffre minimal de 120 000 naturalisations pour cette année, on constate que, depuis début 1999, date du dernier recensement, jusqu’au début de 2007, plus d’un million cent mille étrangers sont devenus français.
Origine géographique
1,7 million d’immigrés, soit 35 % des immigrés et 2,7 % de la population totale étaient originaires d’un pays de l’Union européenne à 2005.
1,5 million d’immigrés, soit 31 % des immigrés et 2,4 % de la population totale, sont originaires du Maghreb. Ce nombre est en hausse de 220 000 par rapport à 1999.
570 000 immigrés, soit 12 % des immigrés et moins d’1 % de la population totale, sont en provenance d’Afrique sub-saharienne. Ce chiffre est en hausse de 45 % par rapport à 1999. 2 Africains sur 3 proviennent d’anciennes colonies françaises. À noter que sur les 15 millions d’Africains sub-sahariens qui vivent hors de leur pays d’origine, seulement un sur 30 vient en France.
830 000 personnes, soit 17 % des immigrés et 1,3 % de la population totale, viennent du reste du monde, principalement d’Asie.
L’intégration des immigrants. Difficultés de l’intégration
Certains groupes d’origine étrangère ont été stigmatisés voire marginalisés (ghettos urbains) et concentrent aujourd’hui un grand nombre de problèmes économiques et sociaux (chômage, scolarisation, délinquance, criminalité).
Ces difficultés ne sont pas nouvelles. La concentration d’immigrés dans certaines zones urbaines, près des frontières ou des bassins industriels, a toujours existé. Ainsi la France de l’ouest et du centre compte peu d’immigrés alors que la France de l’est et du midi en compte beaucoup plus. La présence de ces groupes d’immigrés a toujours suscité des problèmes d’intégration tant sur le marché du travail que socialement, beaucoup d’immigrés ne parlant pas la langue nationale à leur arrivée et vivant uniquement dans leur communauté d’origine ; d’autre part, des manifestations de xénophobie, ou de racisme, peuvent aussi se produire bien qu’elles tendent à s’atténuer dans leurs excès avec le temps.
Facteurs de l’intégration
Toutes les populations anciennes d’immigrants ont réussi à s’adapter à la société française jusqu’à présent.
Ces raisons sont dues :
- au travail industriel, qui constitua un puissant facteur d’intégration sociale ;
- à l’école, par l’éducation à travers les normes et les valeurs françaises et par la formation professionnelle ;
- aux associations de migrants, telles que les associations religieuses ou sportives, qui jouent le rôle d’intermédiaires entre les nouveaux arrivants et la société française. Ce facteur est d’ailleurs le plus important facteur de la réussite de l’intégration sociale des immigrants ;
- à l’engagement social, politique et syndical.
Ces facteurs sont dits en crise même s’il n’y a pas de crises des associations et que l’intégration est un processus de long terme. Il est à noter qu’à chaque nouvelle crise économique, les différentes vagues d’immigrants (les Belges, les Italiens, les Polonais, ou les Espagnols) étaient l’objet de discours alarmistes présentant ces vagues migratoires comme un phénomène d’invasion par des personnes que leurs caractères propres rendraient inassimilables (on considérait par exemple que les Polonais avaient une manière étrange de pratiquer la religion chrétienne), au contraire des vagues antérieures. Cette position s’est fait jour en étant relayée par les journaux d’extrême droite et souvent bien au-delà par une presse qui se voulait républicaine. À la fin du XIXe siècle, ces mouvements xénophobes étaient notamment attisés par les classes sociales aisées, comme les médecins ou les avocats, qui voyaient d’un mauvais œil la concurrence que pouvaient constituer les immigrants qualifiés dans des circonstances économiques difficiles. Pour limiter les actions violentes xénophobes (lynchages), l’État met en place à la fin du XIXe siècle des lois destinées à surveiller les étrangers afin de calmer la population.
Langue française et intégration en France
En 1992, une enquête de l’INSEE montrait que moins de 20 % des parents immigrés n’utilisent que leur langue maternelle, « ce qui montre le désir des parents de faire ce qu’il faut pour que leurs enfants réussissent ». Les Marocains et surtout les Turcs dépassent la moyenne (26 % et 56 %) De plus, à la troisième génération, il n’y a plus que 24 % des jeunes issus de l’immigration algérienne qui n’utilisent pas le français.
Le statut des immigrés et des étrangers aujourd’hui
Le statut des immigrés est un domaine particulièrement complexe à cause des nombreuses modifications qui ont touché l’ordonnance du 2 novembre 1945 : depuis 2004, le fondement du droit résulte du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Séjour sur le territoire français
Un voyage touristique ne peut excéder trois mois. Au-delà de trois mois, l’étranger doit bénéficier d’une carte de séjour temporaire, accordée pour moins d’un an, ou d’une carte de résident. La carte de résident, accordée pour dix ans, est renouvelable de plein droit et permet de travailler et d’étudier en France. Un étranger possédant un titre de séjour français peut séjourner pendant trois mois dans l’espace Schengen. Le projet de loi relatif à l’immigration et à l’intégration, si la mesure est adoptée par le Parlement, créera un troisième type de titre de séjour : la carte « compétence et talents ».
Dans le cas des travailleurs frontaliers, le règlement (CE) n° 859/2003 du Conseil du 14 mai 2003 vise à étendre les dispositions du règlement (CEE) n° 1408/71 et du règlement (CEE) n° 574/72 aux ressortissants de pays tiers qui ne sont pas déjà couverts par ces dispositions uniquement en raison de leur nationalité.
(Le travail de recherche
est réalisé sous la direction
de Larissa KOURKOVA,
professeur de français.)