Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №8/2008

L’arc-en-ciel

Galina RAZOUMIKHINA

Lisons en français !

Michel Laporte

L’Autre

Je l’ai vu pour la première fois le jour de mon anniversaire. J’avais invité tous mes copains. Lui, personne ne l’avait invité, et pourtant, il était là. Il n’arrêtait pas de piocher dans les canapés et il me regardait avec l’air de se moquer de moi. Je l’ai tout de suite détesté. Les copains ne semblaient pas le voir.

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Le soir, quand je suis monté me coucher, je l’ai trouvé assis sur mon bureau. Il tripotait ma montre :

– Ta montre, elle est nulle !

Et il a ricané.

C’est la montre que ma grand’mère m’a offerte. Il faut la remonter tous les soirs, comme on faisait avant. J’ai fait comme si je n’entendais pas, il a continué de rire.

Le lendemain, j’ai commencé à regarder les montres. Des montres, il y en avait partout : à la vitrine de l’horloger, chez le photographe, au tabac du coin, et même au supermarché. Chaque fois que je faisais un pas dans la rue, je tombais sur des étalages de montres.

C’est vrai qu’elle est nulle, la montre de grand’mère.

Tout mon argent de poche y est passé. Mais j’ai enfin une montre digitale. Avec des tas de fonctions. Comme tout le monde.

J’étais au CDI en train de préparer un exposé d’histoire quand j’ai entendu une voix qui me disait fort :

– Ton stylo, il est ringard !

J’ai levé la tête, stupéfait : d’habitude quand quelqu’un parle aussi fort, on entend tout de suite « chut ! silence ! » et la bibliothécaire intervient. Cette fois-ci, rien ! Comme si personne n’avait rien entendu.

L’autre était assis à côté de moi et il souriait.

J’ai regardé mon stylo. Quatre ans qu’on écrit ensemble, lui et moi, quatre ans que je tremble de le perdre. Il s’est fait à ma main. Et il me porte chance. Mais là, sous la lumière froide du CDI, ce n’est plus le même stylo. Plus du tout. Il coule un peu, il est tout rayé et puis, cette forme... C’est vrai qu’il est ringard.

Pour Noël, j’ai demandé à mes parents un stylo tout neuf :

– Je croyais que tu préférais un baladeur. Et j’ai eu un nouveau stylo : il est « mode », il n’est pas rayé et il ne coule pas. Mais j’ai des crampes quand j’écris avec... et j’ai récolté un 2 sur 20 à mon dernier contrôle de maths. Seulement l’autre ne voulait pas s’arrêter.

Il s’est moqué de ma veste et j’ai demandé une avance sur mes étrennes pour acheter un blouson avec des poches partout.

Maintenant c’est mon pantalon qu’il trouve moche. Il me l’a dit dans l’autobus, hier matin.

– Mais où est-ce que je vais prendre l’argent ?

Je lui ai crié ça alors que je me cramponnais pour ne pas tomber dans l’autobus qui avançait par petites secousses. Les gens se sont retournés et m’ont regardé d’un drôle d’air. J’ai cherché l’autre. Il n’était plus là.

Le soir, je n’ai rien mangé et je suis monté me coucher.

– Tu es malade, coco ?

J’ai horreur que ma mère m’appelle « coco ». Comme quand j’avais cinq ans.

Et juste après, je suis tombé par hasard sur Céline.

– Tiens, Stéphane ! Je ne t’ai pas reconnu.

C’est vrai, j’ai changé. J’ai tendu un peu le bras pour qu’elle remarque aussi la montre et je me suis arrangé pour sortir mon stylo.

– T’as vu !

– Oui, j’ai vu. Tu t’es mis à ressembler à tous les autres. C’est sûrement pour ça que je ne t’ai pas reconnu. T’es devenu d’un banal, mon pauvre !

Pour la montre, ça a été facile. je l’ai rangé dans le tiroir de mon bureau et j’ai remis la montre de ma grand’mère. Pour le nouveau stylo, j’ai dit que je l’avais perdu. Et j’ai ressorti le vieux.

Pour le blouson, je l’ai caché dans un carton de livres et j’ai expliqué :

– On me l’a piqué au collège.

– C’est une honte ! Je vais aller voir le principal ! Quand je pense que tu l’as payé avec tes étrennes de l’année prochaine... mon pauvre coco !

Maman était furieuse. Et je n’ai rien répondu.

L’autre ne s’est jamais remontré.

J’ai revu Céline hier après-midi. On avait permanence. Elle m’a dit :

– Ah ! t’es redevenu comme avant.

Et en regardant ailleurs, à voix basse, elle a ajouté :

– C’est comme ça que je tе préfère.

Dommage qu’il ne soit pas là, l’autre, pour entendre ça !


VOCABULAIRE

piocher dans les canapés – хватать канапе (маленькие бутерброды)

tripoter – вертеть, трепать

ricaner – хихикать

un étalage – выставка

une montre digitale – электронные часы

CDI – Centre de documentation et d’information= une bibliothèque

ringard – устаревший

stupéfait – très étonné

intervenir – вмешиваться

Il s’est fait à ma main – ручка приспособилась к руке

rayé – поцарапанный

un baladeur – плейер

des crampes – судороги

récolter – здесь : схватить

moche – syn. laid

se cramponner – хвататься

une secousse – толчок

J’ai horreur – я терпеть не могу

s’ arranger – устраиваться

le blouson – куртка

On avait permanеnce – у нас был час самоподготовки


Exercices

I. Répondez aux questions :

  1. Présentez le narrateur.
  2. Le texte porte le titre L’Autre. Qui est cet « autre » ?
  3. Dans quelles circonstances fait-il ses apparitions ?
  4. Comment réagit le narrateur ?
  5. Est-ce que ses réactions sont toujours les mêmes ?
  6. Quels sentiments Stéphane éprouve -t-il par rapport à l’autre ?
  7. Pourquoi, selon toi, Stéphane dépend de l’autre, lui obéit ?
  8. Pourquoi Stéphane veut-il être comme tout le monde ?
  9. Qu’est-ce qui met fin à cette dépendance ?
  10. Pourquoi selon toi l’autre n’a plus réapparu ?
  11. Qu’est-ce qui est plus facile, selon toi : être comme tout le monde ou bien rester soi-même ?
  12. Comprends-tu le désir de Stéphane d’avoir les nouvelles affaires ?
  13. T’est-il jamais arrivé d’entendre la voix de « l’autre » ? Quelle était ta réaction ?
  14. Pour toi qui est le personnage principal de l’histoire : Stéphane ou « l’autre » ? Motive ta réponse.
  15. Trouve un autre titre au texte.
  16. Pour toi c’est un récit sur :

II. Pour préparer le résumé, complète les phrases par les mots, pris dans le texte :

L’histoire qui porte le titre L’Autre commence le jour de ... de Stéphane.

Outre le garçon personne ne ... le voir, mais pour Stéphane il était là et il ... .

Pour commencer il s’est moqué de la montre qu’il trouvait ... .

Cette montre était le cadeau de la ... .

Mais dès le lendemain Stéphane a commencé à ... .

Avec son argent de poche il s’est acheté ... .

Puis l’autre s’est moqué du stylo qu’il trouvait ... .

Ce stylo s’est fait à ... de Stéphane, il lui portait bonheur, mais il a acheté un stylo « ... ».

Puis l’autre a attaqué la veste et le garçon a demandé une avance sur ses ... pour s’acheter un ... .

Quand l’autre s’est moqué du pantalon Stéphane a explosé : « Mais où ... » a-t-il crié.

L’histoire aurait pu continuer longtemps, mais par bonheur Stéphane a rencontré Céline qui ne l’avait pas reconnu parce qu’il s’est mis à ressembler à ... .

Alors Stéphane s’est débarrassé de ses acquisitions et depuis l’autre n’a plus ... .

Céline a dit à Stéphane qu’elle le ... comme ça.

III. À partir du texte

Céline qui n’a pas reconnu Stéphane parle de cette rencontre à sa copine et elle lui explique pourquoi elle n’avait pas reconnu le copain.

La maman de Stéphane s’inquiète des changements qui se passent avec son fils et en parle à la grand’mère.

IV. Selon toi le message de l’auteur est :

Il faut savoir rester soi-même, ne pas dépendre trop de l’opinion des autres.

Être à la mode c’est bien quand cela n’exige pas trop de sacrifices.

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