La Fierté, l’Honneur et la Gloire de la Russie

Chaque pays a des hommes dont il est fier. Chaque époque inscrit des noms dans l’histoire. Qui sont les héros de la Russie contemporaine ? Lorsque nous en avons parlé en classe, on a constaté que la réponse n’était pas si simple.

À l’époque soviétique, les noms de ces héros étaient bien connus et gravés à jamais dans tous les cœurs, car la radio, la télé, les mass medias parlaient des héros légendaires de la Révolution, de la guerre ou du travail.

Aujourd’hui, la situation a changé. La télé fait un tapage particulier autour des vedettes du show-business. Notre époque est-elle celle des anti-héros ? Nos discussions en classe n’ont pas apporté de réponse concrète. Qui faut-il choisir ? S’agit-il de noms qui sont connus en Occident ? Faut-il parler des vedettes sportives, des acteurs, des metteurs en scène ? Alors, je me suis adressé à la Toile.

En parcourant les sites Internet en quête d’informations, je suis tombé sur « La Fierté, l’Honneur et la Gloire de la Russie ». C’est ainsi qu’un journaliste français a nommé... le légendaire fusil d’assaut Kalachnikov qui a fêté en 2007 ses 60 ans. Selon ce journaliste, « la Kalachnikov, arme automatique appréciée pour sa simplicité et sa robustesse, est devenue un symbole de la Russie ».

Aujourd’hui, Mikhaïl Kalachnikov est âgé de 87 ans. Son invention utilisée par les armées de 50 pays, figure dans les armoiries de six états. Interrogé sur le fait de savoir s’il ressentait de la culpabilité au sujet des morts provoquées par son invention, Kalachnikov a répondu : « Je dors bien la nuit. Ce sont les hommes politiques qui en sont responsables, car ils ne peuvent pas résoudre leurs problèmes sans avoir recours aux armes ». Donc, j’ai inscrit dans ma liste le nom de Mikhaïl Kalachnikov, car il peut servir de symbole de l’union des époques historiques.

En continuant mes recherches, j’ai appris qu’il y a en Russie une décoration publique qui s’appelle l’Ordre d’or « La fierté de la Russie ». La première cérémonie de la remise de cette décoration a eu lieu le 23 décembre 2005 dans la cathédrale du Christ-Sauveur. Les personnes qui se voient attribuer cette haute décoration ont contribué à la renaissance du pays, à sa grandeur et à sa gloire. Parmi les premiers chevaliers de cet ordre figurent Mikhaïl Kalachnikov et Léonid Rochal.

Mon choix suivant est donc le docteur Léonid Rochal. Le 1er septembre 2004, lorsque les terroristes ont pris en otage une école à Beslan, ville d’Ossétie du Nord, le docteur Rochal a servi d’intermédiaire aux pourparlers et a organisé les soins médicaux pour les victimes dans les hôpitaux locaux. Deux ans auparavant, en automne 2002, il a su persuader les terroristes qui avaient pris en otage le théâtre Doubrovka à Moscou de libérer quelques otages.

En 1988, lorsqu’un terrible séisme s’est produit en Arménie, Léonid Rochal y soignait les blessés. Rentré de l’Arménie, il a formé une équipe internationale de secours d’urgence. Depuis, Léonid Rochal a apporté son aide dans plus de 20 situations d’urgence dans divers pays du monde. Il est fondateur de l’organisation internationale « Pédiatre du monde » qui vient en aide aux enfants en danger et il est à la tête de l’Institut de recherche scientifique de la chirurgie infantile et de la traumatologie d’urgence.

En 2005, le magazine Reader’s Digest a attribué au docteur Rochal le prix d’« Européen de l’Année », car il « incarne mieux que quiconque les valeurs et les traditions européennes contemporaines ».

Le volume de l’article ne me permet pas de parler de beaucoup de gloires russes, mais je tiens à présenter ici Mstislav Rostropovitch.

Né le 27 mars 1927 à Bakou, dans une famille de violoncellistes virtuoses, Mstislav à l’âge de 10 ans accompagne déjà son père dans une tournée et interprète le Concerto pour orchestre et violoncelle de Camille Saint-Saëns. En 1941, il entre au Conservatoire de Moscou. En 1945, il reçoit le Premier Prix du Concours des Jeunes Musiciens de l’URSS. En 1947, il commence sa carrière internationale, et gagne de nombreux concours. En 1950, Rostropovitch est nommé Artiste émérite de l’URSS, en 1951, il est honoré par la plus haute distinction de cette époque le Prix Staline. En 1956, Rostropovitch effectue des tournées aux états-Unis et en Grande-Bretagne avec de nombreuses compositions écrites spécialement pour lui. La même année, il est nommé professeur de violoncelle au Conservatoire de Moscou. En 1964, il reçoit le Prix Lénine et devient le véritable ambassadeur de la musique soviétique en Occident.

Mais en 1970, alors qu’il est en pleine gloire, Rostropovitch prend la défense du dissident politique Alexandre Soljenitsyne. Il l’héberge dans sa maison. Dès lors, sa carrière de concertiste est brutalement stoppée, Rostropovitch ne peut plus se produire sur les grandes scènes. Sous la pression internationale, il obtient en 1974, un visa de sortie pour les Etats-Unis et choisit alors de ne pas rentrer en Union Soviétique. En 1978, il apprend qu’il est déchu de la nationalité soviétique. Sa carrière brillante continue alors en Occident. Rostropovitch obtient la direction musicale du London Symphony Orchestra, celle du National Symphony Orchestra de Washington, et devient le directeur-adjoint du Festival d’Aldeburgh en Grande-Bretagne. En 1990, suite à la Perestroïka, il est réhabilité par le décret de Mikhaïl Gorbatchev. En août 1991, à Moscou, Rostropovitch s’oppose à une tentative de putsch, en tenant un fusil à la place d’un violoncelle. Nombreux sont les compositeurs parmi les plus grands du XX^e siècle (Dmitri Chostakovitch, Aram Khatchatourian, Benjamin Britten, Henri Dutilleux, Witold Lutoslawski., Léonard Bernstein, Alfred Schnittke, André Jolivet et d’autres), qui lui ont offert leurs œuvres. Mstislav Rostropovitch est également Docteur honoris causa de quarante universités du monde.

Nos chaudes discussions en classe nous ont menés aux conclusions suivantes : il faut parler plus à la télé et dans les mass medias des gens qui peuvent servir d’exemple aux autres, car cela donne l’espoir que le monde n’est pas si mauvais.