Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №9/2008

Univers du français

Anna PERETOKINA

Le Bolchoï reste la carte de visite de la Russie

Le théâtre Bolchoï est sans aucun doute la carte de visite de la Russie. Sa troupe était mondialement connue en Russie tsariste, elle a porté haut les couleurs de l’Union Soviétique. Que se passe-t-il au Bolchoï depuis la chute de l’URSS ?

Quand on est fille de Nina Semizorova et Marc Peretokine, deux vedettes du Bolchoï, il est tout à fait naturel d’adresser cette question à ses parents.

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– Le pays a changé. Qu’est-ce qui a changé au Bolchoï ?

– On peut dire que les temps post-soviétiques n’étaient pas faciles pour le théâtre : la crise économique a touché tous les domaines de la vie de la société, y compris la vie théâtrale. Mais au Bolchoï on a conservé le niveau de l’école de danse.

Les plus grands changements sont l’apparition du système de contrats pour les artistes et la reconstruction du bâtiment du théâtre.

Le bâtiment historique du Bolchoï a été fermé pour la reconstruction le 2 juillet 2005. L’équipement de la scène sera fourni par une des meilleures firmes allemandes « Rosch Rexroth ». Après la reconstruction, pour la première fois dans l’histoire du théâtre russe, il y aura un plancher spécial pour l’opéra et un autre pour le ballet. On adoptera le plancher en fonction du spectacle donné. Il sera uni et absorbera les sons. La fosse d’orchestre pourra changer de niveau.

Une autre nouveauté dans la vie du Bolchoï, c’est la création du Conseil de patronage. De grands hommes d’affaires y sont entrés. C’est une équipe d’amis du théâtre qui s’est réunie pour l’aider.

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Les tâches de ce Conseil sont les suivantes :

– attirer les financements privés

– contribuer à réaliser les nouvelles mises en scène

– organiser les tournées

– assurer des contrats avec les étoiles et les jeunes artistes de talent

– perfectionner le système de gestion financière du Bolchoï.

Le Conseil de patronage a mis en place un système d’indemnités pour les artistes blessés, notamment, Nicolaï Tsiskaridzé, Youri Klevtsov, Sergueï Filine. Il décerne aussi des primes aux meilleurs employés du théâtre.

– Qu’est-ce qui a changé lors des tournées à l’étranger ?

– D’un côté, rien. Il est difficile de juger le succès qui accompagne toujours les artistes russes lors des tournées à Paris, Londres, New York, Washington, Milan, Tokyo. Pour nous, une tournée c’est toujours beaucoup de travail, de spectacles, de hautes exigences de qualité. D’autre part, aujourd’hui les artistes sont mieux payés lorsqu’ils se produisent à l’étranger. De plus, un artiste a le droit de partir en tournée seul, sans la troupe du Bolchoï. Les solistes de ballet peuvent, s’ils ont reçu l’invitation d’un théâtre, signer un contrat et se produire dans n’importe quelle troupe au monde. C’est ainsi, que les artistes russes peuvent travailler constamment dans des troupes en Europe, en Amérique, au Japon et rentrer librement en Russie.

– Le Bolchoï a changé le système des relations économiques. Qu’est-ce qui a changé pour l’artiste ?

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– La direction du Bolchoï signe un contrat avec l’artiste. Ce contrat peut être renouvelé si l’artiste est pris dans le répertoire. Ce système a permis aux artistes de participer à des projets en dehors du Bolchoï. Les étoiles connaissent leur planning et peuvent prévoir leurs participations aux spectacles dans d’autres théâtres en Russie et à l’étranger. Les jeunes artistes peuvent se présenter aux concours internationaux. (Avant, c’était le théâtre qui sélectionnait les meilleurs et qui payait leur participation aux concours. Actuellement, on paye aux lauréats les billets aller et retour et les frais du séjour).

– Le théâtre a une nouvelle scène. Qu’est-ce que vous en pensez ?

– La nouvelle scène était conçue comme un terrain d’essai. Mais aujourd’hui on y donne presque tout le répertoire, sauf les spectacles qui sont trop grands pour les dimensions de cette nouvelle scène (comme par exemple Boris Godounov, La Fille du pharaon ou La Bayadère).

Le mécanisme de la scène est moderne, ainsi que l’éclairage, mais la salle a quelques défauts : depuis les loges latérales on ne peut pas voir le plancher de la scène, au « poulailler » les spectateurs sont assis avec les jambes pendantes, car les sièges sont trop hauts. Les artistes pour venir sur la scène sont obligés d’emprunter de longs couloirs souterrains.

La nouvelle scène du Bolchoï possède non seulement la scène principale, mais aussi une grande salle de répétitions. C’est une scène de travail pour les spectacles. Elle n’a pas de coulisses, mais dispose d’une salle de spectacles pour 110 places assises. Cette salle permet aux jeunes metteurs en scène de réaliser et de montrer au public leurs spectacles dans le cadre du projet : « L’atelier de la nouvelle chorégraphie ». Les metteurs en scène étrangers sont invités à y montrer leur travail. Ces dernières années, on invite beaucoup de metteurs en scène des pays européens et des états-Unis.

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Bref, la nouvelle scène a permis de conserver la vie du théâtre le temps de sa reconstruction.

– Quels sont, selon vous, les spectacles les plus intéressants de la période post-soviétique ?

– Les dernières années, le théâtre a prouvé qu’il était capable de résoudre les tâches créatives les plus variées. La troupe d’opéra a réalisé les mises en scène du Joueur, de L’Ange du feu, de La Guerre et la paix. La troupe du ballet a réalisé Le Ruisseau clair, Le Boulon, L’âge d’or de Chostakovitch. L’année de Chostakovitch (2006), le Bolchoï a été l’unique théâtre du monde où l’on donnait les trois ballets du grand compositeur.

Le répertoire du Bolchoï est composé de :

– chefs-d’œuvre du théâtre musical national,

– chefs-d’œuvre des opéras et ballets des autres écoles nationales,

– opéras et ballets modernes.

En 2005, la vedette du ballet du XXe siècle Maya Plissetskaya a fêté sur la scène du Bolchoï son jubilé. Pour cette fête, le Bolchoï a renouvelé la mise en scène de Carmen de Bizet-Chtchédrine (la chorégraphie du maître de danse cubain Allonso). Marc Peretokine a dansé Torrero et c’est Svetlana Zakharova qui a dansé Carmen, interprétée pour la première fois par la célèbre Maya Plissetskaya. Ce spectacle est resté dans le répertoire du théâtre.

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– Et le public, a-t-il changé ?

– Le public a toujours aimé le Bolchoï. Ses spectacles étaient toujours joués à guichets fermés, et de ce point de vue rien n’a changé. De nos jours, un site spécial a été créé pour les admirateurs du Bolchoï. Les acteurs peuvent apprendre en direct les critiques, les avis des spectateurs sur le spectacle et échanger des points de vue. Le théâtre donne aussi des conférences de presse la veille des premières. Les admirateurs fidèles ont chez eux une vidéothèque des spectacles. L’administration du théâtre et les acteurs organisent régulièrement des rencontres avec le public au musée théâtral Bakhrouchine. La troupe du Bolchoï a beaucoup d’admirateurs à l’étranger. Bien avant les tournées, tous les billets sont épuisés. Le Bolchoï reste la carte de visite de la Russie.

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