Univers du français
Igor DAVIDIOUK
Oh, sport... tu es la politique !
En URSS, le sport faisait l’objet d’attention particulière dans la mesure où il était un véhicule excellent du prestige du pays. L’esprit de compétition et les succès sportifs s’ancraient logiquement dans la culture soviétique. Les cours de sport dans les écoles étaient strictement obligatoires. La notion de « culture physique des masses » était un élément-clé du système soviétique et de la production de « stars » du monde sportif. Plus il y avait d’enfants qui faisaient du sport dans les clubs, plus de chances on avait de trouver parmi eux de futurs représentants du pays au sein de l’élite sportive mondiale.
Des tournois « Palet d’or », « Ballon en cuir » rassemblaient des garçons de toutes les régions du pays. Partout, dans les villes et les villages, il y avait des terrains de sport qui devenaient en hiver des patinoires pour jouer au hockey. Tout un réseau d’écoles sportives, d’écoles de réserve olympique, de clubs et de sections fonctionnait gratuitement, même dans les petites villes. Les jeunes sportifs et les sportifs amateurs avaient à leur disposition des salles, des piscines, des stades et des terrains de basket ou de volley.
Une fois détectés, l’État prenait en charge ce potentiel de jeunes, payait leur entraînement, organisait des compétitions et des colonies de vacances sportives.
Aujourd’hui, nous nous souvenons avec fierté et admiration des victoires glorieuses de nos hockeyeurs, gymnastes, athlètes, patineurs. Ce qui était propre à nos sportifs de l’époque soviétique (et ce qui nous manque, malheureusement, aujourd’hui), c’était l’esprit d’équipe, la lutte pour la victoire collective et non pas pour de grosses sommes d’argent.
Après l’effondrement en 1991 de l’URSS et avec la crise économique, le développement du sport a été placé au dernier plan. Les résultats n’ont pas tardé à se manifester. La quantité de médailles gagnées par la sélection de la Russie aux Jeux Olympiques des dernières décennies est un triste témoignage des problèmes auxquels s’est heurté le sport russe.
Jeux Olympiques d’été
Année |
Ville |
Or |
Argent |
Bronze |
1980 |
Moscou |
80 |
70 |
47 |
1988 |
Séoul |
55 |
31 |
46 |
1992 |
Barcelone |
45 |
38 |
29 |
1996 |
Atlanta |
26 |
21 |
16 |
2000 |
Sydney |
39 |
28 |
28 |
2004 |
Athènes |
27 |
27 |
38 |
Jeux Olympiques d’ hiver
Année |
Ville |
Or |
Argent |
Bronze |
1986 |
Calgary |
11 |
9 |
9 |
1990 |
Albertville |
9 |
6 |
8 |
1994 |
Lillehammer |
11 |
8 |
4 |
1998 |
Nagano |
9 |
6 |
3 |
2002 |
Salt Lake City |
5 |
4 |
3 |
2006 |
Turin |
8 |
6 |
8 |
Les causes sont évidentes : les structures matérielles ont été détruites par un très faible financement d’Etat et par le manque d’intérêt des sponsors pour les projets qui ne rapportent pas d’argent. Le niveau de préparation des sportifs a baissé.
Mais, malgré cela, le sport russe a trouvé un nouvel élan. Au début du XXIe siècle, il est redevenu une affaire nationale. « Toute médaille d’or aux JO est un remarquable succès pour le sportif individuel qui l’a décrochée, mais également un objet de fierté pour les millions d’habitants de notre pays. Le sport nous réunit », a déclaré Vladimir Poutine, ex-président du pays qui s’intéresse de près aux problèmes du sport.
La Russie a obtenu le droit d’organiser les JO de 2014 à Sotchi. Pour gagner cet honneur, on a mobilisé des ressources de l’État, des sportifs et des hommes d’affaires avec un seul objectif : décrocher les premiers Jeux Olympiques d’hiver en Russie, 34 ans après ceux d’été de Moscou.
Mes copains pensent que le droit d’organiser les JO de 2014 est un témoignage de la reconnaissance internationale de la Russie, et cela nous remplit de fierté.
« C’est un grand honneur pour notre pays. Les JO sont un événement très important pour le monde entier et ceux de 2014 auront lieu en Russie ! Il y a de quoi être fière ! »
« La Russie a reçu le droit d’accueillir les Jeux Olympiques de 2014. C’est la preuve que notre pays devient fort, et que l’on est capable d’organiser des compétitions de ce niveau. On a déjà commencé la construction des installations sportives, elles resteront après les Jeux en Russie et notre sport pourra se développer à nouveau. Nous aurons de nouveaux champions. »
« Nous avons tous suivi les JO précédents, nous suivrons les Jeux de Pékin et ceux de Sotchi, bien sûr. Ces compétitions intéressent tout le monde. »
« C’est très important pour moi de savoir combien de médailles pourra gagner notre sélection, car cela augmente le prestige du pays dans le monde. »
« Je pense qu’il est très important d’être les premiers. Je préfère les JO d’hiver, car il y a de très beaux sports, comme, par exemple, le patinage artistique. »
Les performances de nos sportifs sont bien connus. Mes copains citent les noms de T. Navka, R. Kostomarov, E. Pluchtchenko, I. Sloutskaya, A. Sikharoulidze, M. Charapova, M. Safine, E. Dementieva, I. Akinfeev, mais on admire aussi les sportifs étrangers : Z. Zidane et S. Williams.
Nous-mêmes, nous sommes assez sportifs. Nous avons presque tous pratiqué un sport et certains le continuent. Parmi nous, il y en a même ceux qui participent à des compétitions et remportent des victoires importantes.
Les sports les plus populaires dans notre classe sont : la natation, le foot, le tennis, le vélo, le tir. Les sports qu’on aimerait pratiquer sont : le ski de fond, le patinage artistique, le windsurfing, le tennis, la plongée sous-marine. Nous aimerions tous avoir plus de temps pour pratiquer un sport.
Donc le développement du sport, ce n’est pas seulement le développement de la force physique et du caractère, mais c’est aussi le développement du prestige du pays :
« Je suis persuadé que le sport est aussi un nouveau type de lutte politique. » Rappelons-nous que les anciens disaient : « Oh, sport, tu es la vie! Oh, sport, tu es la paix ! », en y ajoutant : « Oh, sport, tu es la politique », souhaitons que cette politique soit sage.