Univers du français
Viktoria MANAKOVA
À la recherche d’une idée nationale
La Russie post-soviétique. Qu’est-ce que ces deux mots renferment ? Pour les étrangers, c’est un pays dévasté par le communisme, pour ceux qui y vivent – c’est une grande puissance, qui se relève, qui renaît comme le Phœnix de ses cendres.
La Fédération de Russie n’est pas seulement un immense territoire avec une grande culture et une histoire riche, pleine de hauts et de bas. C’est une grande nation ayant une mentalité particulière qui ne ressemble à aucune autre, ce qui explique les recherches vaines pour expliquer les « secrets » de l’âme slave.
Chacun de nous a ses propres buts, convictions et intentions. Peut-on nous réunir sous un même mot d’ordre ? Faut-il le faire ? Cette mission paraît au premier abord irréalisable. Et faut-il entreprendre cette recherche ?
Quand j’ai adressé ma question : « Comment comprenez-vous l’idée nationale ? » à mes professeurs, à mes copains et à leurs parents, certains se sont sentis perdus. Mais après avoir réfléchi, tout le monde était d’accord : l’idée nationale est une notion qui réunit les gens d’une nation. C’est une affaire commune pour laquelle on travaille ensemble.
Une telle vision explique déjà pourquoi le pays qui se relève après une période difficile a besoin de chercher à comprendre ce qu’est son idée nationale.
Alors, j’ai décidé d’entreprendre ma propre recherche auprès de différentes sources. J’ai trouvé que pour certains l’idée nationale était la stratégie sociale et économique du pays. Dans une revue que j’ai lue, l’idée nationale était la suivante : nous sommes un pays entouré d’ennemis. Il faudrait nous unir pour les vaincre.
Il s’est révélé encore plus difficile de formuler l’idée nationale sous forme de slogan. C’était « une colle » même pour les adultes, sans parler des adolescents. Les adultes, au moins, étaient unanimes à déclarer qu’il fallait mettre en première place le respect mutuel, le patriotisme et le problème démographique.
« De nos jours la vraie échelle des valeurs est déformée. »
« Des notions telles que “la conscience”, “la noblesse d’âme”, “la dignité”, “l’honneur” perdent leurs significations. Les gens cherchent avant tout du profit matériel. »
Les Russes se réunissaient toujours autour d’une œuvre commune et le respect des traditions, cela les unissait. De nos jours, lorsqu’on essaye de vivre d’après le principe « chacun pour soi », l’unité disparaît. Comment la retrouver ? C’est justement l’idée nationale qui va y jouer son rôle. Et c’est à l’idée nationale de faire renaître les valeurs perdues et d’indiquer au peuple le chemin de la vérité.
À divers moments de notre histoire l’idée nationale existait. La Russie tsariste avait le slogan suivant : « Pour Dieu, le tsar et la Patrie ! ». Du temps soviétique c’était : « En avant, vers la victoire du communisme ! ». D’une façon ou d’une autre, la formule de l’idée nationale renfermait toujours une allusion au pouvoir de l’État.
Pourtant, pour unir les gens, l’idée nationale devrait être le fruit d’une recherche spirituelle individuelle et ne pas être imposée par la propagande politique.
Pourquoi ressentons-nous aujourd’hui le besoin aigu de trouver une idée nationale ? La réponse est simple : le pays se trouve au début d’un grand chemin, car la Russie post-soviétique est un État nouveau-né. Et c’est maintenant que se dessinent les priorités, les idéaux, les buts. Nous réalisons bien que nous sommes au seuil d’une nouvelle ère pour notre Patrie. Le pays réapprend à vivre dans ce monde, y cherche sa place et son but. C’est à l’idée nationale d’aider la nation à définir ce dernier, puis à l’atteindre.
Chacun de nous a un objectif principal dans la vie. Il en est de même pour notre pays. La prospérité, le bonheur des citoyens, l’autorité, l’estime de la scène internationale, la stabilité économique, le développement, le renforcement des traditions ... (on pourrait toujours continuer) – tout cela fait partie de l’idée nationale.
La recherche de l’idée nationale demande d’analyser les divers aspects de la société russe. Je n’oserai pas proposer ma formule définitive. Mais en voilà quelques-unes qui me semblent possibles : « L’union fait la force » ou « Notre avenir est entre nos mains »...
J’ai bien conscience que l’expérience me manque, mais je suis sûre que c’est à ma génération de trouver la formule de l’idée nationale. C’est en cherchant qu’on trouve. Nous sommes au seuil de notre vie d’adulte auquel il faudra donner un sens. Personne ne sait ce qui nous attend sur cette voie, personne ne nous a promis que ce serait facile, mais quand on veut réussir sa vie et qu’on aime sa Patrie, on avance.
Et en quittant l’école je dirai à mes amis : « En avant ! Notre avenir ne dépend que de nous !».