Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №12/2008

Les Routes de l’Histoire

Négociations

img1

Marée humaine qui déferle
vers l’Étoile.

Samedi, 25 mai. À 15 heures, au ministère des Affaires sociales, rue de Grenelle, c’est le début du face à face gouvernement-syndicats. Les négociations se poursuivront durant tout le week-end entre, d’une part, Georges Pompidou, Paul Huvelin (« le patron des patrons ») et les leaders syndicalistes. Après 28 heures de discussions serrées, un protocole d’accord est établi. Il sera connu comme les accords de Grenelle1 qui donnent une augmentation de 25 % pour les salaires les plus faibles, de 10 % en moyenne pour les autres salaires, instaurent le SMIG2 et réduisent la durée du travail pour ceux qui font plus de quarante-huit heures par semaine3. Mais le climat reste tendu. Les ouvriers de chez Renault repoussent les accords que leur ont présenté les responsables des centrales syndicales. La grève va se prolonger et se durcir.

C’est aussi Paris-sous-les-ordures, car les éboueurs ont cessé le travail. Aux Halles, dans les beaux quartiers, mais surtout au Quartier latin, les poubelles s’entassent, obligeant les passants à marcher sur la chaussée… et souvent à se boucher le nez. Un vent de panique commence à souffler. La population a peur du lendemain.


La révolution du Mai 1968 est terminée

img2

Le 30 mai, à 16h 30 le Président de la République prend soudain la parole à la radio. Des millions de Français sont à l’écoute : est-ce l’annonce de son départ ? D’un changement de gouvernement ? Cette fois, contrairement à son intervention d’il y a quelques jours, de Gaulle trouve le ton et les mots justes pour retourner une opinion qui ne demande au fond qu’à retrouver le « sauveur » habituel pour sortir de l’anarchie, dans laquelle la France s’enfonce depuis plusieurs semaines. Le Président annonce de nouvelles élections de députés, et il appelle la population à venir manifester sur les Champs-Élysées pour soutenir son action et montrer son opposition aux révoltes.

Dès la fin de l’intervention radiodiffusée, c’est une véritable marée humaine qui déferle vers l’Étoile. On voit d’autres slogans : « De Gaulle, c’est gagné ! », « La majorité, c’est nous ! ». Vers 18 heures, un million de Parisiens se rassemblent aux Champs-Élysées. Les manifestants vont à l’Arc de triomphe, sur la tombe du soldat inconnu, symbole de la France combattante. On chante La Marseillaise, on brandit des drapeaux tricolores, on applaudit les policiers. La manifestation réunit tous les « défenseurs de la République » qui sont pour le « retour à l’ordre ». Ce sera aussi la dernière fois que les Français diront « oui » au général de Gaulle et au gaullisme.

img3

Le retournement de la situation est très rapide. Dès le lendemain, les services publics, transports parisiens, éboueurs reprennent le travail. Le travail reprend dans les bureaux. Les magasins ouvrent de nouveau. Les ouvriers reprennent le travail. La révolution du Mai 1968 est terminée. C’est la fin du rêve pour certains, le soulagement pour beaucoup, les vacances pour tous ! La révolte de Mai 68 a vécu, mais elle a porté au pays et au Général, un coup dont celui-ci ne se relèvera pas.


1 Le nom de Grenelle vient de l’endroit où se négociaient les accords, au ministère du Travail, situé rue de Grenelle. C’est l’hôtel construit à la fin du XVIIIe siècle, ancien palais archiépiscopal, affecté au ministère du Travail de puis 1905. La « salle des Accords », ainsi nommée depuis lors, est une ancienne salle à manger dont le décor du XVIIIe siècle est préservé.

2 Salaire minimum interprofessionnel garanti, a été crée en France par la loi du 11 février 1950.

3 Il s’agit de la mise en place d’une semaine de quarante heures.

TopList