Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №12/2008

Les Routes de l’Histoire

Quand étudiants et ouvriers fraternisaient

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Il ne faut pas oublier que la France des années 1960 représentait une société où la communication ne s’établissait pas aisément d’une classe sociale à l’autre. Donc, Mai 68 a offert aux étudiants comme aux ouvriers ce qu’on peut appeler la « rencontre », le plaisir qui naît de la simple abolition des frontières sociales, le résultat de contacts et de relations entre des personnes qui, en raison des différences de statut social, culturel ou professionnel, n’étaient pas amenées à se rencontrer.

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Jean-Pierre Thorn, réalisateur du documentaire Oser lutter, oser vaincre, se souvient d’une enfance et d’une adolescence marquées par une véritable ségrégation sociale : « Jusque 1968, je n’étais pas conscient des usines ou de la classe ouvrière. À cette époque, j’ai commencé à remarquer un monde impressionnant qui existait autour de nous, et qui avait le pouvoir de mener le pays à une paralysie en cessant de travailler. Les drapeaux rouges pendaient aux portes des usines. J’avais vingt ans, ce fut un choc ».

Claire, alors enseignante dans un lycée parisien, exprime, dix ans plus tard, l’émotion ressentie en voyant des barrières sociales enfin franchies : « Je rencontrais des ouvriers pour la première fois. Je n’en avais jamais vu. Sans blague, même dans le métro [...]. Je n’avais jamais vu une usine [...]. Tout d’un coup, j’ai vécu et je n’ai travaillé qu’avec des ouvriers : aussi bien des vieux mecs du Parti que des immigrés plus jeunes. Mes seuls vrais souvenirs de Mai 1968, ce ne sont pas les manifs, mais, deux fois par semaine, les réunions chez les ouvriers. Les usines étaient en grève, on se réunissait pour “faire de la théorie”. J’étais bien. Et je croyais que ça allait durer ».

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