Les Routes de l’Histoire
Doit-on tourner la page de Mai 68 ?
Nicolas Sarkozy.
Mai 68 est une période culte. Intouchable pour ceux qui l’ont vécue. Vénérée par ce qui auraient aimé la vivre. Quarante ans après les événements, en 2008, les débats ne s’arrêtent pas, les philosophes, les sociologues, les historiens cherchent des pistes de réponses…
Interrogés sur le sujet, les anciens soixante-huitards ne parlent pas tous de la même chose. L’un y voit avant tout un mouvement social, l’autre parle de l’émancipation des femmes, le troisième retient d’un individualisme libertaire. Pour certains, c’était tout simplement un échec.
Ainsi, en avril 2007, Nicolas Sarkozy, le futur président français, a proposé de « liquider » l’héritage de Mai 68 : « Les héritiers de Mai 68 avaient imposé l’idée qu’il n’y avait aucune différence entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l’élève valait le maître, qu’il ne fallait pas mettre de notes pour ne pas traumatiser les mauvais élèves, et que surtout il ne fallait pas de classement. Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes. Je veux tourner la page de Mai 1968. »
Nicolas Sarkozy exprime l’avis de ceux qui sont convaincus que Mai 68 a eu des effets catastrophiques : il a sapé les bases de l’autorité dans le système éducatif et dans la famille. Lorsque les enfants n’admettent plus la supériorité du maître et des parents, les fondements mêmes de la civilisation et de la culture sont en danger.
Le leader du Mai 68, Daniel Cohn-Bendit défend toujours ses valeurs : « Mai 68 a été un accélérateur de réformes. » Il affirme que c’est grâce à cette crise que les adultes ont appris à écouter les jeunes et à prendre en compte leur avis. Les femmes sont devenues plus libres et ont réclamé l’égalité avec les hommes. L’université s’est réformée. Une nouvelle école, plus ouverte, plus décontractée, a vu le jour.
Ainsi, une nouvelle fois, l’héritage de Mai 68 revient au centre des débats politiques français. Faut-il tourner la page de Mai 68 ? Ou bien a-t-on plus que jamais besoin de cet esprit de Mai ?.. En quoi ce mouvement de libération collective a-t-il transformé la société française ? Quels ont été ses effets ?
Mai 1968 existe-t-il toujours ? C’est décidément la grande question du moment. Et cela veut dire que les préoccupations des années 1960 n’ont pas perdu de leur actualité et qu’il n’est pas l’heure de tourner la page. L’affaire n’est pas classée.