Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №15/2008

Les Routes de l’Histoire

Le temps des invasions et des illusions perdues

D’août à septembre 1914, c’est le temps des massacres de masse en Belgique et dans le nord de la France, en Prusse Orientale, en Serbie. La contre-attaque de la Marne, puis la course à la mer aboutissent à l’établissement du front occidental, sur 750 km, de la mer du Nord à la Suisse. Les Français et les Allemands croyaient à une guerre courte et joyeuse. Dès la fin de 1914, ils comprennent que sa durée ne peut plus s’évaluer en mois : après la guerre de mouvement, viendra la longue guerre de position.

« La Fleur au fusil »1

« En avant ! Tant pis pour qui tombe
La mort n’est rien. Vive la tombe !
Quand le pays en sort vivant. En avant ! »

Paul DÉROULÈDE, Pages françaises

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Le 11 août 1914, la France déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie ! Le même jour, Poincaré, le président de la République française, déclare que « La France sera défendue par tous ses fils dont rien ne brisera, devant l’ennemi, l’union sacrée». Le tocsin sonne partout en France pour annoncer la mobilisation2 générale.

On est persuadé que le conflit sera court ; quelques semaines suffiraient pour réduire les Boches3. Les soldats français ne portent pas de casques, mais de képis de drap. Les généraux n’ont pas prévu d’uniformes d’hiver pour la troupe. Amère désillusion !

À Paris, tout le monde se tutoie sans se connaître et s’embrasse dans un même élan patriotique. Les drapeaux tricolores sont aux fenêtres, la foule chante à l’unisson La Marseillaise et, dans chaque rue, chaque avenue, on entend crier : « À Berlin ! À Berlin ! » Oui, à Berlin ! Même si la mobilisation n’est pas encore la guerre, on croit en victoire rapide de la France, puisque les Russes, les Anglais et les Belges sont avec les Français…

Tous les Parisiens, hommes et femmes, chantent d’une seule voix l’amour de la patrie. Des colonnes de volontaires se forment derrière des panneaux de bois, et dans cette marée humaine faite de jeunes optimistes, fiers de mourir pour une cause qu’ils croient noble, la mort n’a qu’à choisir, marquant ce soir même, sur leur front sans rides, le terrible signe du destin…

Il y a aussi les larmes des femmes qui voient partir, « la fleur au fusil », les fiancés, les maris, les pères et les fils, sûrs d’être rentrés à la maison bientôt.

Seules les femmes ont tout compris. Leur détresse est affreuse. L’aube vient à peine de se lever que sur les quais des gares, au coin des avenues, elles pleurent embrassant une dernière fois leurs hommes, dont beaucoup ne reviendront pas. Seules les femmes devinent que la guerre n’est pas seulement source d’héroïsme et d’exaltation de la patrie : elle tue, elle mutile, elle fait des veuves et des orphelins, elle terrorise.

En novembre 1914, on creuse les premières tranchées4.



1 Ce qui veut dire avec insouciance, ou avec confiance en soi.
L’expression est encore courante : « Y aller la fleur au fusil ». Ce qui veut dire que l’on a pris un fusil pour la forme, mais que l’on pourra sans doute triompher sans s’en servir.

2 Appel du gouvernement à toutes les troupes armées disponibles d’un pays, qui annonce le début d’un conflit.

3 Boche, pour désigner l’ennemi.

4 Tranchées, apparues dès la fin de l’année 1914 jusqu’en juillet 1918, sur les centaines de km du front de la mer du Nord aux Vosges. Ouvrages militaires construits par les soldats et lieux de vie et de mort.

 

Louis Bousquet, Camille Robert

Quand Madelon (1913)

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Cette chanson, interprétée devant des poilus, a tout à coup un véritable triomphe qui ne s’est pas démenti depuis. Elle devient un véritable « hymne des tranchées ». Durant quatre années, cette chanson est interprétée par les troupes qui montent vers les lignes de combat, celles qui descendent du front, à un point tel que les régiments alliés croient qu’il s’agit de La Marseillaise, qu’ils ne connaissent que de réputation. La mélodie devient symbole de toute une époque. L’image de la belle servante du café « à deux pas de la forêt », bienveillante et indulgente aux combattants qui risquent leur vie, l’illusion du bonheur possible à ceux que guette la mort, apparaît comme le symbole d’une Marianne populaire, mélange de mère attentive et de femme consolatrice et aimante.

La servante est jeune et gentille,
Légère comme un papillon.
Comme son vin, son œil pétille,
Nous l’appelons la Madelon.
Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour,
Ce n’est que Madelon, mais pour nous c’est l’amour...

Marie-Joseph Chénier, Étienne Nicolas Méhul

Le Chant du Départ

Le Chant du Départ est un chant révolutionnaire et un hymne de guerre, écrit en 1794. Le chant a survécu à la Révolution et au Premier Empire. Aujourd’hui, il est toujours chanté par l’armée française. Valéry Giscard d’Estaing en avait fait son chant de campagne lors de l’élection présidentielle de 1974. C’est un exemple classique de chant guerrier.

Tremblez ennemis de la France
Rois ivres de sang et d’orgueil.
Le Peuple souverain s’avance,
Tyrans descendez au cercueil.

La République nous appelle
Sachons vaincre ou sachons périr
Un Français doit vivre pour elle
Pour elle un Français doit mourir.

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