Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №15/2008

Les Routes de l’Histoire

Caméra au poing

Quatre-vingt-dix ans après l’armistice, la Première Guerre mondiale continue d’inspirer les cinéastes.

La Grande Guerre est la première à être suivie par les caméras. En France, tout un courant cinématographique, mêlant actualités et documentaires, naît de la guerre de 1914, avec des films comme Enfants de France pendant la guerre ou Le Film du Poilu d’Henri Desfontaines. Chaque époque a ensuite porté au cinéma sa propre vision de la Première Guerre mondiale.

Le guide des films sur la Grande Guerre

Charlot soldat
de Charlie Chaplin (1918)

Charlot dans les tranchées rêve qu’il prend en otage le Kaiser ou attache son masque de gaz quand on lui offre un camembert… qu’il lance ensuite à l’ennemi. D’étincelantes trouvailles burlesques se greffent sur une observation aiguë et touchante de la vie quotidienne des poilus.

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À l’Ouest, rien de nouveau,
de Lewis Milestone (1930)

Cinq jeunes Allemands en août 1914. Partis avec un grand élan patriotique, ils seront fauchés tour à tour. Une adaptation honnête du roman d’Erich Maria Remarque.

La Grande Illusion,
de Jean Renoir (1937)

En 1916, le capitaine von Rauffenstein abat un avion français et fait prisonniers ses deux occupants, le capitaine de Boëldieu et le lieutenant Maréchal (Jean Gabin). D’abord placés dans un camp où ils se lient avec un acteur Rosenthal et célèbrent la victoire de Douaumont, ils sont ensuite enfermés dans la forteresse commandée par Rauffenstein. On pourrait dire de La Grande Illusion que c’est un chef-d’œuvre absolu, trait du génie français.

Les Sentiers de la gloire,
de Stanley Kubrick (1957)

En 1916, trois soldats sont fusillés « pour l’exemple » à la suite d’une attaque manquée contre une position allemande. Pour en arriver à cette exécution arbitraire, il a fallu une série de manipulations dans le haut commandement. Les portraits des généraux de salon, carriéristes cyniques à l’incompétence satisfaite, dans leur décorum raffiné, sont une charge si cinglante que le film a été longtemps interdit en France. L’une des œuvres les plus marquante sur la guerre de 1914.

Capitaine Conan,
de Bertrand Tavernier (1996)

Le héros est un « nettoyeur de tranchées », combattant héroïque et barbare de l’armée d’Orient, dans la guerre des Balkans, qui ne pourra plus jamais se réadapter à la vie civile. Avec cette adaptation du roman de Roger Vercel, Tavernier signe une reconstitution impressionnante des combats de la Grande Guerre.

La Chambre des officiers,
de François Dupeyron (2001)

En 1914, peu après son arrivée au front, le lieutenant Adrien Fournier est grièvement blessé par un éclat d’obus qui emporte sa mâchoire. Il passera le reste de la guerre au Val-de-Grâce1, au milieu d’autres officiers comme lui défigurés, soigné par un chirurgien remarquable et une infirmière d’un dévouement et d’une délicatesse infinis. Transposer à l’écran le beau roman de Marc Dugain sur les « gueules cassées » de 1914-1918 pose de redoutables questions de mise en scène : comment montrer sans irrespect, sans impudeur, ces visages terribles ? Dupeyron a trouvé la plus juste approche. Longtemps, le film ne montre pas le lieutenant, jusqu’à ce qu’il commence à pouvoir s’accepter lui-même. Magnifique et bouleversant.

Un long dimanche de fiançailles,
de Jean-Pierre Jeunet (2004)

Il était une fois cinq soldats français, passés en Conseil de guerre pour mutilation volontaire, qui cheminaient les mains liées dans le dos, condamnés à être fusillés, quelque part dans le charnier de la Somme. Leur trace se perd dans la boue d’une tranchée surnommée « Bingo Crépuscule ». Tous seront donnés pour morts sur le front en 1917. Parmi les populations, qui à l’arrière, ne voient revenir du champ de bataille que des cercueils, des corps mutilés et des avis de disparition, il est une jeune fille qui refuse de croire que son fiancé est mort. Mathilde (Audrey Tautou) avait 17 ans quand on lui a dit que son Manech était perdu. Elle reste persuadée qu’il est encore vivant et se transforme en détective pour remuer ciel et terre afin de le retrouver mort ou vif. La femme qui recherche obstinément son mari, son frère, son fils, est un personnage mythologique de la Grande Guerre. Héroïne du roman de Sébastien Japrisot, Mathilde incarne l’innocence et la foi, en même temps qu’elle personnifie la résolution des historiens à révéler une vérité historique cachée.

Joyeux Noël,
de Christian Carion (2005)

Le Noël de 1914 trouve face à face des Allemands auxquels le commandement a envoyé des sapins et une chanteuse lyrique, des écossais qui ont reçu du whisky et des Français munis de champagne. C’est la trêve. Les ennemis vont célébrer ensemble la douce nuit. On ne peut que regretter que le beau sujet des fraternisations, qui n’avait pas encore été traité à l’écran, soit gâché par un film aussi médiocre qui se noie dans des idées les plus conformistes d’aujourd’hui.

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Joyeux Noël, un film de Christian Carion

(d’après Marie-Noëlle Tranchant)


1 Le Val-de-Grâce est un hôpital militaire français, situé dans le cinquième arrondissement de Paris. Il occupe l'ancien couvent du même nom ainsi que son église et un bâtiment contemporain.

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