L’arc-en-ciel
Galina RAZOUMIKHINA
Lisons en français !
Régine Pascale
Le tableau fantôme
Mes parents sont en voyage, et je passe le week-end chez Mamie, youpi ! Avec Mamie, on s’amuse toujours. Dès que je suis arrivé, elle a décidé :
– Aujourd’hui, on fait des rangements.
Les rangements, j’aime bien. On fouille, on jette, on trouve des trucs qui appartenaient à maman quand elle était petite, on se met de la poussière partout et, après une bonne douche, Mamie dit :
– Si on faisait un gâteau, Jérémie ?
Donc, on a rangé le salon. Mamie voulait qu’il ait l’air plus gai, et elle a commencé par décrocher les tableaux. Elle avait raison, ils étaient carrément sinistres. Surtout le portrait de l’arrière-grand-oncle Gustave qui est mort à la guerre. J’étais sur l’escabeau, et c’est moi qui l’ai enlevé du mur. J’ai dit à Mamie :
– Je le met où, ce tableau ?
Mamie a répondu :
– Je le monte au grenier ! Il est vraiment triste, l’arrière-grand-oncle !
Je pensais la même chose. Le cadre était moche, et l’arrière-grand-oncle avait une tête triste, mais triste... Il n’avait pas dû rigoler beaucoup, ou alors le peintre avait râté son portraît.
On a rangé le tableau là-haut, dans une malle, au milieu des tas de choses marrantes : une perruque de théâtre, un coucou détraqué et une marionette sans fil. Ensuite, on s’est offert, Mamie et moi, une tarte aux pommes, une promenade et plein d’histoires. Une journée sympa, quoi !
C’est le soir, au lit, que tout a commencé : j’ai entendu des bruits sourds dans le mur et dans le plafond. Je ne pouvais pas dormir et, en même temps, je n’osais pas me lever pour aller réveiller Mamie. J’avais trop peur de traverser le palier. Elle, je crois qu’elle devient un peu sourde. C’est pour ça qu’elle ne bougeait pas.
Il devait être au moins cinq heures du matin quand les bruits se sont arrêtés. J’ai fini par m’endormir, mais je ne suis sorti de ma chambre qu’à midi. Mamie pensait que j’étais malade. Alors je lui ai tout raconté. Elle a ri et m’a rassuré :
– Pauvre bonhomme ! Ce sont sûrement des souris. Viens, on va mettre des tapettes au grenier !
On en a posé six, avec du lard et de la farine. N’empêche, je n’étais pas rassuré du tout quand le soir est venu.
J’ai fermé les yeux en m’imaginant les souris dans les pièges, là-haut, et tout à coup j’ai sursauté. Il y avait encore deux fois plus de bruit que la nuit précédente. Je me suis bouché les oreilles en me cachant sous les draps. Je ne me rappelle plus quand le vacarme a cessé ni quand je me suis rendormi, mais j’ai fait un cauchemar. Dans ce cauchemar, l’arrière-grand-oncle Gustave hurlait :
– Sors-moi de là, Jérémie, ou je te donne des coups !
Forcément, je me suis réveillé, et puis j’ai réfléchi. J’ai vu des émissions sur des maisons hantées à la télé. Peut-être que l’arrière-grand-oncle n’était plus content de voir son portrait au grenier ? Alors, j’ai eu une idée !
Le lendemain, j’ai dit à Mamie que la nuit avait été tranquille, et je lui ai demandé :
– Tu veux bien me prêter la vieille boîte de peinture de maman ?
Elle m’a répondu :
– Bien sûr, mon chéri.
– Et le portrait de l’arrière-grand-oncle, j’ai le droit de l’arranger ?
– Oh, tant que tu veux !
On a retiré le tableau de la malle (au passage j’ai vérifié : pas une souris dans les tapettes !) et je l’ai descendu dans ma chambre avec la peinture. À ce moment-là, des cousins sont arrivés pour jouer avec moi, et je n’ai rien pu faire. Ils sont restés jusqu’au soir. J’étais contrarié, car il ne me restait plus qu’à me mettre au lit.
En me déshabillant, j’ai jeté un coup d’œil au portrait. C’était bête de n’avoir rien fait, mes parents venaient me chercher le lendemain. Mamie m’a bordé, elle a éteint la lumière. J’avais une boule dans la gorge et une autre dans l’estomac.
Cette nuit-là, il n’y a eu aucun bruit. J’ai seulement fait un second rêve très bizarre. L’arrière-grand-oncle Gustave se tenait devant son portrait, un pinceau à la main. Il était en train de peindre et de rire à la fois ! À un moment, il s’est tourné vers moi, et il a crié :
– Je suis heureux d’être redescendu parmi vous, Jérémie !
Moi aussi, je me sentais heureux. Je nageais même en plein bonheur quand Mamie m’a secoué :
– Réveille-toi, Jérémie, tes parents sont en bas !
Puis elle s’est exclamée :
– Mais qu’as-tu fais à l’arrière-grand-oncle ? Il n’a plus la même tête...
Je me suis frotté les yeux, et j’ai regardé le tableau. Il n’était plus sinistre du tout : l’arrière-grand-oncle Gustave souriait ! Mamie a dit d’un air admiratif :
– Réussir un sourire pareil... un petit bonhomme comme toi ! Ton œuvre mérite de revenir dans le salon.
Gêné, j’ai murmuré :
– Tu sais, l’arrière-grand-oncle m’a aidé...
Elle a éclaté de rire, et elle est partie en courant raconter l’histoire à mes parents.
VOCABULAIRE
faire des rangements = mettre de l’ordre, ranger
un truc = une chose, une affaire
décrocher le tableau = enlever le tableau
sinistre – зловещий, жуткий
escabeau (m) – стремянка
moche = laid
rater qch – испортить
une malle = une valise
détraqué – неисправный
sourd – глухой
tapette (f) – мышеловка
lard (m) – сало
être rassuré – быть успокоенным
se boucher les oreilles – заткнуть уши
le vacarme = le bruit
donner des coups = battre
une maison hantée – дом с привидениями
arranger le portrait – подправить портрет
être contrarié – быть раздосадованным
mériter – заслуживать
Exercices
I. Répondez aux questions :
- Qu’apprenons nous sur les personnages principaux ?
- Pourquoi Jérémie aime-t-il passer le temps chez Mamie ?
- Qu’est-ce que Jérémie et Mamie ont-ils fait ce jour-là ?
- Pourquoi aime-t-il faire des rangements ?
- Qu’est-ce qu’on a rangé cette fois-ci ?
- Pourquoi on a décidé de monter le portrait de l’arrière-grand-oncle au grenier ?
- Comment a continué la belle journée chez Mamie ?
- Qu’est-ce qui s’est passé tard dans le soir ?
- Mamie, s’est-elle réveillée ? Pourquoi ?
- Quelle était la réaction de Jérémie ?
- Comment Mamie a-t-elle expliqué le vacarme ?
- Comment a passé la nuit suivante ?
- Quel rêve Jérémie a-t-il fait ?
- Qu’est-ce que Jérémie a décidé de faire le lendemain ? L’a-t-il fait ? Pourquoi ?
- Quels sont les sentiments de Jérémie ?
- Est-ce que la dernière nuit était extraordinaire ?
- Pourquoi Jérémie s’est-il réveillé heureux ?
- Qu’est-ce qu’on a découvert le matin ?
- Comment expliques-tu la fin de l’histoire ?
- Quel est le message de l’auteur ?
II. Pour préparer le résumé, complétez les phrases par les mots, pris dans le texte :
Lorsque les parents de Jérémie sont en voyage, il passe le … chez Mamie. Il adore passer le temps chez elle, car on … toujours. Cette fois-ci on faisait des … . Mamie a décroché les tableaux du salons, car ils étaient … . On a rangé le portrait de l’arrière-grand-oncle Gustave mort à la guerre dans une malle au grenier. La nuit Jérémie ne pouvait pas dormir, car il entendait des … dans le mur et dans le plafond. Quand le lendemain il en a parlé à Mamie, elle a pensé aux souris et on a mis des … . La deuxième nuit il y avait deux fois plus de bruit que la nuit … . Jérémie s’est … les oreilles et s’est endormi. Cette nuit-là il a fait un … . L’arrière-grand-oncle … : « Sors-moi de là, Jérémie, ou je te donne des coups ! » Jérémie a pensé que l’arrière-grand-oncle n’était pas … d’être au grenier. Le matin il a demandé à Mamie la permission … le portrait de l’arrière-grand-oncle et lui a demandé de lui … la vieille boîte de peinture de maman. Mais ce jour-là le garçon n’a pas eu le temps d’arranger le portrait, car les cousins … . En se couchant ce jour-là Jérémie avait … dans la gorge et une autre dans l’estomac. Cette nuit-là il n’y a eu … . Mais le garçon a fait un autre … . Il a vu son arrière-grand-oncle qui riait en train de … . Il a crié à Jérémie qu’il était … de descendre du grenier. Jérémie lui aussi se sentait … . Quand Mamie est venue réveiller le garçon, elle a vu que le portrait de l’arrière-grand-oncle a changé de … . Le portrait n’était plus … , car l’arrière-grand-oncle … . Mamie a cru que Jérémie avait … un beau sourire et que le portrait méritait de … .
III. À partir du texte :
Imagine comment Mamie racontera cette histoire aux parents de Jérémie.
Jérémie raconte son aventure de week-end à son meilleur ami.
IV. Réfléchis sur ce que tu as lu. Lequel des points de vue ci-dessous trouves-tu juste ? Pourquoi ? Motive ta réponse !
C’est l’histoire sur une maison hantée et le fantôme. La fin de l’histoire apprend à ne pas avoir peur. Le fantôme d’un parent disparu ne peut pas faire du mal.
Sous forme fantastique du récit l’auteur pose un problème grave, celui de la mémoire de nos ancêtres.
C’est l’histoire sur une œuvre d’art. Le portrait de l’arrière-grand-oncle vit sa vie, a besoin des spectateurs, proteste contre son exil et même il change.