Les Routes de l’Histoire
Vous avez dit : « Renaissance » ?
La Renaissance (1515-1610), se réduit en France à quatre règnes, ceux de François Ier, de son fils Henri II, de Catherine de Médicis et d’Henri IV.
Vous avez dit : « Renaissance » ? Est-ce aussi la renaissance de l’amour ? Car au premier regard, la France du XVIe siècle, c’est un printemps poétique, artistique, architectural. Le siècle de Montaigne, de Rabelais et de Ronsard reste à jamais marqué, comme le temps d’une jeunesse heureuse.
Un nouvel art de vivre s’élabore, où la préoccupation esthétique et le plaisir raffiné emportent sur l’exploit physique. On redécouvre la littérature, la philosophie et les sciences de l’Antiquité, qu’on considère comme un âge d’or. La Renaissance, faisant suite à la rigidité du Moyen Âge, découvre également un nouveau bonheur de vivre en célébrant le corps et sa beauté1.
La Renaissance, c’est aussi une période capitale pour l’Europe, qui avec les Grandes Découvertes va se lancer à la conquête du monde. Gutenberg invente l’imprimerie, Christophe Colomb, Vasco de Gama et Fernand de Magellan, atteignent de nouveaux continents et explorent de nouvelles routes maritimes. Copernic établit le système qui place le Soleil au centre du mouvement de toutes les planètes. Des inventions, comme celle de la poudre à canon et de la boussole, vont s’accompagner de progrès dans différents domaines qui touchent également la vie quotidienne : la chimie, la métallurgie, la verrerie, l’horlogerie, la tapisserie, la gravure, les émaux….
Le chirurgien français, Ambroise Paré, approfondit la connaissance du corps humain.
La langue française conquiert le royaume. Le fait est que le français est bien faible encore par rapport au latin, lorsque François Ier décide de lui donner toute la vigueur nécessaire. Celle-ci devient la langue du pouvoir royal, de l’administration, de la politique et de la littérature, doublant d’une façon définitive le latin. De plus, cette langue, désormais nationale, va servir à enregistrer, selon la volonté du roi, les baptêmes et les enterrements. Ainsi naît l’état civil !
Un petit groupe de poètes, la Pléiade2, dont du Bellay (1522-1560) et Ronsard (1524-1585), influencé par les poètes et humanistes3 italiens: Dante (1265-1321), Boccace (1313-1375) et Pétrarque (1303-1374), crée un art poétique proprement français. François Rabelais publie Gargantua en 1534. Montaigne livre à la réflexion du lecteur enchanté ses lumineux Essais. On parle de l’amour, de l’être humain, de sa destiné unique. Cette tendance nouvelle en faveur de la connaissance humaine inaugure l’ère moderne en littérature.
Mais aussi de l’intolérance, de la violence, des meurtres. Tout est compliqué au XVIe siècle où le meilleur et le pire coexistent : des Grandes Découvertes et des guerres de Religion et de la chasse aux sorcières, des duels pour défendre l’honneur d’une dame et de la ceinture de chasteté, des recherches d’absolu et de l’obscurantisme farouche. Restant encore médiéval sur certains aspects, le XVIe siècle est un siècle de contrastes.
Le sentiment amoureux, la beauté et la vertu sont élevés au rang d’idéaux par les artistes et les lettres. Il est de bonne convenance de faire la cour à une Dame. Mais cette tendance qui touche pour le moment les élites de la Cour ne doit pas faire illusion : les vieux usages ne sont pas encore rangés parmi les souvenirs médiévaux. Décidément, la Renaissance n’est qu’un matin prometteur, car elle possède en elle une richesse humaine.
1 On pense que les hommes des temps antiques qui s’exerçaient à la gymnastique souvent nus, en harmonie avec la nature, étaient plus beaux.
2 La Pléiade est un groupe de poètes rassemblés autour de Ronsard. Ils défendent en même temps l’imitation des auteurs gréco-latins et la valeur culturelle de la langue française.
3 Par humanisme, on entend un regain d’intérêt pour l’Antiquité, en particulier les grands écrivains latins, la philosophie platonicienne, les récits d’Hérodote, les tragédies de Sophocle et la poésie d’Homère.