Les Routes de l’Histoire
Éducation sentimentale
Les histoires d’amour que nous livre le XVIe siècle concernent presque toutes des relations établies en dehors du mariage. En effet, la Cour de France est le théâtre de toutes les intrigues galantes. Le règne de la Renaissance en France commence avec le roi François Ier qui occupe la place privilégiée parmi tous les rois. Moins séducteur, mais plus jouisseur était Henri IV. Entre les deux, toute une époque, celle de l’Amour en renaissance.
François Ier – un chevalier et un prince charmant
François, le comte d’Angoulême, l’arrière-petit-fils de Louis d’Orléans, a hérité des gènes de son bel aïeul. Devenu jeune homme, il est grand (il fait presque deux mètres) et très beau.
François est un chevalier, un prince charmant, cavalcadant au milieu d’un parterre de femme. À l’âge de 18 ans, il attire toutes les filles et collectionne les succès amoureux. « Une Cour sans femmes, disait-il, c’est une année sans printemps ou un printemps sans roses. »
Son poignet peut soulever les plus lourdes épées. Large torse, larges épaules musclées, un corps taillé pour la guerre … et pour l’amour. La nuit, sous un déguisement, il court les rues de Paris, joyeux diable, toujours en quête d’un jupon.
Le roi Louis XII, n’ayant que des filles, a pris sous son aile son cousin prometteur, et il en fait l’héritier du trône. Il prépare donc le mariage de François et de sa fille, Claude de France. Il ne se fait guerre d’illusions. Sa fille, âgée alors de quatorze ans et demi, est la pauvre enfant boiteuse, disgracieuse, de petite taille et de forte corpulence. Jamais elle ne sera heureuse avec ce garçon, le plus beau, le plus grand du royaume, mais on estime que l’union de François et de Claude est indispensable pour la paix de la France. Claude ayant hérité de sa mère, Anne de Bretagne, le duché de Bretagne, il faut absolument que ce beau duché demeure sous la domination française.
Et Claude ? Elle contemple avec admiration François, qui deviendra son mari et qui la regarde à peine. Le mariage a lieu en mai. Et François d’Angoulême, futur François Ier, déclare à quelques proches, à propos de cette épouse sans grâce, mais qui l’admire tant : « J’estime certes, cette fille du roi, mais je ne pourrai jamais l’aimer. Rien en sa personne ne me séduit. Mais qu’importe ! Question d’État ! »
Le roi Louis XII est mort ! Le compte d’Angoulême devient le roi, François Ier, et proclame : « Je ne veux autour de moi que les femmes les plus belles et les plus gentilles… ». Brillant en ses costumes de drap d’or et d’argent, ornés de pierreries, il semble beau à tous. On est attiré par ce visage où se lisent l’intelligence et la malice. François séduit aussi par sa haute taille, sa bravoure, sa force, son agilité aux tournois. Magnifique cavalier, son élégance et sa tenue à cheval émerveillent. Il est très fier d’être le souverain du plus beau royaume de la chrétienté. D’un naturel frivole, il sait être sérieux quand il le faut.
C’est François qui a créé la monarchie et est devenu le premier monarque français. Son œil brille lorsqu’il regarde les femmes. Sous son règne, les dames ont une place de choix à la Cour …
À l’exemple du roi, gentilshommes et poètes célèbrent la grâce, la beauté, l’esprit de leurs compagnes et rivalisent d’efforts pour les conquérir. Dans cette poursuite du plaisir, François est toujours vainqueur et si aucune femme ne lui est cruelle, ce n’est pas seulement à sa couronne qu’il le doit, mais tout autant à la séduction qui se dégage de sa personne. Ce hardi chasseur d’une force herculéenne, sait aussi faire preuve de délicatesse et de courtoisie quand il s’agit de plaire à une belle. Si la postérité conserve à jamais le souvenir de François Ier, c’est peut-être parce que, à côté de l’œuvre qu’il a accomplie, il a su aimer.
Et Claude ? La reine tient la dernière place dans la vie du roi. Cependant, (François n’oublie jamais les « questions d’État »), le roi la visite de temps en temps… et de ces visites naîtront trois fils (dont le futur roi, Henri II) et quatre filles. Claude aime son époux. Et cet éblouissement durera toute sa brève existence. Cette douce et mélancolique reine, accepte François tel qu’il est. Son emblème est un cygne blessé d’avoir cru à l’amour. Un jour, le cygne blessé sera remplacé par l’hermine, blanche comme son âme, accompagnée de la devise de la reine : « Candida candidis », qui pourrait se traduire par : « J’offre mon cœur aux gens de cœur ».
Claude de France s’éteint le 26 juillet 1524, à l’âge de 24 ans. D’elle on conserve l’image d’une reine douce et bonne ; et celle d’une prune toute ronde, verte et parfumée, à laquelle elle a donné son nom : la reine-claude.