Univers du français
Tatiana SLACINOVA
Louis Braille, inventeur de l’alphabet en relief
Louis Braille (1809-1852)
Le 4 janvier 1809, dans une petite ville rurale, Coupvray, à une quarantaine de kilomètres de Paris, est né Louis Braille. En jouant avec les outils de son père il perd la vue. Il n’a que trois ans. À quinze ans il invente un alphabet en relief qui permet aux non-voyants de lire avec les doigts : le Braille. Son alphabet est traduit en toutes sortes de langues, même le chinois. En 1887, les habitants de Coupvray lui érigent un monument au milieu de la place qui porte à présent son nom. Sur l’un des côtés de la haute colonne de marbre on voit l’alphabet Braille accompagné des mots : « À Braille les aveugles reconnaissants ». De l’autre côté un bas-relief montre Louis expliquant à un enfant comment lire avec les doigts. On a aussi donné son nom à une petite rue de Paris, près de Picpus et de la porte Dorée. Et en 1952, cent ans après sa mort, les cendres de Louis Braille sont solennellement transférées au Panthéon.
Margaret Davidson
Louis Braille, l’enfant de la nuit
(extrait)
Un jour de printemps de l’année 1821, l’Institut royal pour enfants aveugles à Paris eut la visite du capitaine Charles Barbier. Le capitaine Barbier avait mis au point une méthode de transmission de message que ses soldats utilisaient dans l’obscurité. Le capitaine pensait que cette méthode pourrait être utile aux aveugles.
L’écriture de nuit se faisait au moyen de points en relief. Chaque mot était découpé en sons et à chaque son correspondait une série de points différents. Les points s’inscrivaient sur une épaisse feuille de papier à l’aide d’un stylet. En retournant le papier, on suivait du doigts les points ainsi mis en relief.
Des points ! Les jeunes aveugles furent tout de suite très enthousiastes. Les points étaient utiles à tant de choses. D’abord, ils étaient tout petits, on pouvait en mettre une quantité étonnante sous le bout d’un seul doigt. Et on les sentait si bien !
Hélas, on se rendait compte que bien des obstacles subsistaient. On ne pouvait pas écrire de majuscules, par exemple, ni des chiffres. On ne pouvait indiquer les signes de ponctuation. Il fallait beaucoup de place, et la méthode était difficile à apprendre.
L’écriture de nuit pouvait suffire à des soldats qui devaient transmettre des messages aussi rudimentaires que « Avancez » ou « L’ennemi est derrière vous », mais elle était insuffisante pour des livres entiers, comportant beaucoup de mots.
La méthode était inutilisable, soit, mais les points ne l’étaient peut-être pas. Cette idée ne quitta pas l’esprit de Louis durant les jours qui suivirent. Il en rêvait même la nuit, et bientôt il décida de s’y mettre lui-même : il allait inventer une méthode qui permettrait aux aveugles de lire pour de bon. Et d’écrire. Avec des points.
Le capitaine Barbier apprit bientôt que quelqu’un essayait d’améliorer son « écriture de nuit ». Il se rendit à l’Institut pour connaître cette personne.
Louis était très enthousiaste à l’idée de rencontrer le capitaine Barbier, l’homme qui avait inventé l’écriture de nuit, celui qui, le premier, avait communiqué grâce à des points. Le capitaine aimerait-il son idée ? Il espérait vivement, mais les choses se passèrent mal dès le début. Les sourcils du capitaine se soulevèrent d’étonnement quand il vit apparaître Louis. Il s’attendait à rencontrer un homme et non pas un garçon de douze ans ! Louis ne voyait pas l’étonnement du capitaine, mais il entendit bien le froideur de sa voix.
– On me dit que vous avez amélioré ma méthode ? dit le capitaine.
– Oui, oui, monsieur, répondit Louis.
– Alors expliquez !
Louis tenta d’expliquer, mais plus il parlait, et plus il se rendait compte que le capitaine ne l’écoutait pas. Cependant, il continua :
– M...monsieur, il y a une chose qu’il faudrait améliorer. Il faudrait trouver une façon d’écrire des mots toujours de la même manière.
– Pourquoi ? dit le capitaine. Sa voix était glaciale.
– Pour... pour avoir des livres... beaucoup de livres.
– Pourquoi ? dit encore le capitaine.
Le capitaine ressemblait à beaucoup de gens de son époque. Il plaignait les aveugles. Il n’aurait jamais été méchant envers eux, mais il ne croyait pas qu’ils pouvaient être aussi intelligents que les autres – les voyants. Selon lui, les aveugles devaient se contenter de choses simples, telles que pouvoir lire des notes, des directives. Pourquoi diable auraient-ils eu besoin de lire des livres !
– C’est tout ? dit le capitaine.
– Oui... Louis chuchota presque.
– Très intéressant, conclut sèchement le capitaine, j’y réfléchirai.
Mais Louis ne se faisait pas d’illusions. Le capitaine Barbier était orgueilleux. Il avait l’habitude de donner des ordres et d’être obéi. Il aurait pu accepter de telles idées venant d’un homme, mais d’un enfant ? Un petit garçon ? Non, il n’aimait pas cela, pas du tout même. Le capitaine Barbier dit encore quelques mots, très froids. Puis la porte claqua. Il était parti. Louis soupira. Il savait qu’il ne fallait pas compter sur le capitaine. Il devrait travailler seul.
DEVOIRS
I. Répondez aux questions d’après le texte :
- Qui visite un jour de printemps de l’année 1821 l’Institut royal pour enfants aveugles à Paris ?
- Quel est son but ?
- Quelle méthode a inventé le capitaine Barbier ?
- En quoi consiste cette méthode de transmission de messages ?
- Pourquoi enthousiaste-t-elle beaucoup les enfants aveugles ?
- Quels obstacles doivent surmonter les enfants aveugles ?
- Est-ce que Louis dégonfle facilement? Perd-il espoir ?
- Manque-t-il d’assiduité ?
- Pourquoi le capitaine Barbier a été choqué ayant vu apparaître Louis ?
- Pourquoi parle-t-il avec Louis sur un ton méprisant ?
- Comment pensez-vous, a-t-il saisi l’idée de Louis ?
- À quel âge Louis réussira-t-il à trouver la solution de son rêve ?
II. Faites le portrait du petit Louis Braille en utilisant les mots et les expressions suivants. Comment le voyez-vous ?
être musclé/voûté,
maigre/obèse
gracieux/gauche
soigné/négligé
timide/audacieux
attachant/odieux
sans imagination/curieux
avoir le visage expressif/mou
avoir mauvais caractère/être de caractère réfléchi
il a la tête dans les nuages/sur les épaules
avoir besoin d’agir, de faire des choses/être indécis
aller jusqu’au bout de ses projets/être inerte
ne pas connaître la fatigue/être paresseux
il est heureux comme un poisson dans l’eau/il est malheureux comme des pierres
III. Qui est-ce qui ? Les connaissez-vous ?
1. Il fut le premier à décrire l’affection qui se caractérise par des troubles de la vue empêchant de distinguer le rouge et le vert. |
a) Peintre et physicien du Massachusetts Samuel Morse |
2. Il a mis au point un appareil à l’usage des malentendants, qui transformait les vibrations sonores en oscillations électriques. Ces travaux l’ont conduit à créer l’ancêtre du téléphone. |
b) Deux Français Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier et un Allemand Harald zur Hausen |
3. Il conçut un alphabet codé ainsi que le télégraphe électrique . |
c) Écossais émigré aux États-Unis, le physicien Graham Bell |
4. Lauréats du Nobel pour les travaux génétiques, pour la découverte sur la régulation de la synthèse d’enzymes et de virus. |
d) Médecins français Jacques Monod, François Jacob et André Lwoff |
5. Ses travaux sur les fermentations lactiques et alcoolique, sur les maladies contagieuses et la prophylaxie de la rages, ses recherches sur les vaccins en ont fait un bienfaiteur de l’humanité. |
e) Chimiste et biologiste français Louis Pasteur |
6. Lauréats du Nobel en 2008 pour la découverte du virus immunodéficitaire HIV, responsable du SIDA. |
f) Physicien et chimiste anglais John Dalton |
Clés : 1 – f ; 2 – c ; 3 – a ; 4 – d ; 5 – e ; 6 – b.