Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №4/2009

Arts et culture

Maurice Béjart

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1er janvier 1927
Naissance à Marseille
1955
Symphonie pour un homme seul
1960
Fonde le Ballet du XXe siècle à Bruxelles
1967
Messe pour le temps présent
1987
Crée le Béjart Ballet Lausanne
22 novembre 2007
Mort à Lausanne

Il était une des figures les plus populaires de la danse contemporaine et le chorégraphe français le plus connu dans le monde. Maurice Béjart est mort dans la nuit, jeudi 22 novembre, à l’âge de 80 ans à l’hôpital de Lausanne.

img2De l’hôpital, il téléphonait régulièrement à sa compagnie, en tournée à Lyon. Travailleur acharné, il préparait son prochain ballet. Maurice Béjart avait même quitté l’hôpital quelques jours avant sa mort pour assister à la répétition de ce Tour du monde en 80 minutes, dont la première mondiale était programmée pour le 20 décembre à Lausanne.

Avec Béjart, c’est un phénomène qui disparaît : son succès n’a jamais été démenti auprès des spectateurs de tous les pays. Meurt-on vraiment lorsqu’on devient à ce point un mythe ? Cette figure de l’art du XXe siècle aimait dire que, s’il avait un destin, c’était d’amener le grand public à la danse. Il y a réussi. Maurice Béjart a signé plus de 250 ballets. Son testament adressé aux jeunes générations tient en quelques mots : « Plus de danse, encore plus de danse. »

Né à Marseille en 1927, Maurice Berger emprunte son pseudonyme à Armande Béjart, la femme de Molière. Du sang noir coule dans ses veines : celui de son arrière-grand-mère paternelle, Fatou Diagne, originaire du Sénégal. Son père, le philosophe Gaston Berger, parlait sept langues, lui récitait de la poésie et fabriquait ses jouets.

Gamin maigrichon à qui un médecin conseilla la danse pour le fortifier, il prend des cours de danse classique pendant ses années de lycée et décide d’en faire son métier à l’âge de 18 ans.

Arrivé à Paris, il profite de l’enseignement de maîtres comme Mesdames Egorova ou Rousanne, travaille auprès des danseuses Janine Charrat, Yvette Chauviré. Roland Petit l’engage dans sa compagnie en 1948.

Il fonde sa première compagnie en 1953, qui devient les Ballets de l’Etoile, et dénonce un art « coupé des masses ».

img3En 1955, son premier succès s’intitule Symphonie pour un homme seul, sur la musique d’avant-garde de Pierre Henry et Pierre Schaeffer. Très vite, Maurice Béjart impose son style. Son écriture, à la fois classique et très expressive, avec un jeu de bras musclé, fait feu de toutes les influences : traditions indienne, africaine, turque...

Ses ballets mythiques ont été repris régulièrement ces dernières années. Le Sacre du printemps (1959), sur la partition de Stravinsky, Boléro sur la musique de Ravel.

Les grands motifs de l’œuvre de Maurice Béjart sont inscrits dans l’histoire de la danse. Il a su valoriser le danseur masculin, l’habillant en jean. « Je chorégraphie souvent les hommes en groupe, disait-il. Les femmes, en revanche, je les mets en scène seules. Pour moi, la femme est unique. » Il a posé au cœur du débat la philosophie qui le nourrit depuis son enfance, qu’elle soit européenne, orientale ou asiatique. Au risque parfois de la naïveté et du sentimentalisme, certaines pièces, chargées de théâtralité comme Jérusalem, cité de la paix (1997), Mutation X (1998) sur le nucléaire, militaient pour un humanisme sans œillères. Bien avant que le mot ne s’use, il a fait du métissage son porte-drapeau : ses danseurs, comme ses élèves, débarquaient de tous les pays.

Deux sources d’inspiration portent son travail : la musique et ses danseurs. La première, toujours renouvelée, puise dans Wagner, Bach, Berlioz mais aussi les groupe U2 ou Queen, les chansons de Jacques Brel ou de son amie Barbara. Il citait les compositeurs Pierre Boulez et Pierre Henry comme des socles de sa pensée. Sa collaboration avec ce dernier, qu’il rencontre en 1955, aboutit à un énorme succès en 1967, Messe pour le temps présent.

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Si le statut de Béjart auprès du grand public est celui d’un intouchable, le milieu de la danse contemporaine l’a longtemps tenu éloigné, alors même qu’il en est l’un des pères fondateurs. Trop populaire sans doute, trop proche du classique. Son école de danse bruxelloise, Mudra, a formé dans les années 1970-1980 des danseurs très connus.

Mudra était une école bruxelloise, car Béjart n’a jamais trouvé sa place en France. En 1959, sans proposition de la part de l’État français de lui offrir un théâtre, il part s’installer à Bruxelles, où il fondera le Ballet du XXe siècle en I960. Il restera à Bruxelles vingt-sept ans.

Proche de Jean Vilar, il conçoit avec lui en 1967 un projet pour ouvrir l’Opéra de Paris à un art populaire, mais sans résultat. Au début des années 1980, Jack Lang, ministre de la culture, reprend l’idée d’installer au Théâtre de Chaillot une école pour Béjart, qui n’aboutira pas non plus. Sept ans plus tard, Béjart quitte Bruxelles pour Lausanne. Il y remonte une compagnie, le Béjart Ballet Lausanne, et une école, Rudra.

Dans son interview au Monde en 2004 il a dit : « L’école est ma passion. Je plains beaucoup les chorégraphes qui n’en ont pas. C’est fondamental de se confronter en permanence à des jeunes. Mon école Rudra est un mode de vie intellectuel et moral, une façon d’exister par rapport au monde moderne où le danseur prend une place sociale dans l’univers. »

(d’après Le Monde, 24 novembre 2007)

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