Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №5/2009

Les Routes de l’Histoire

Yaroslav AMBAROV

Union des intérêts et union des cœurs

La conclusion d’une Alliance entre la France et la Russie est sans doute une des glorieuses pages de l’histoire des relations franco-russes, un évènement qui a été largement applaudi par l’opinion publique dans les deux pays. Pourtant l’Entente a contribué à la course aux armements et a amorcé un partage de l’Europe en deux camps adverses.

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Vingt ans après la fin de la guerre franco-prussienne, la France croit toujours en sa revanche. Mais le chancelier Bismarck, jusqu’à sa démission en 1890, a établi avec les principales puissances européennes un réseau complexe d’accords qui maintient la IIIe République dans une position d’isolement et l’a réduite à l’impuissance. Bien que l’Union des trois empereurs reste encore en vigueur, la Russie se sent menacé par la coopération de plus en plus étroite entre l’Allemagne et l’Autriche qui ne cache pas ses ambitions impériales face aux Bosniaques et aux Serbes, traditionnellement soutenus par les Russes.

De plus, un accord austro-allemand comprenant l’aide d’une des parties à une autre en cas de la guerre avec une troisième puissance menace potentiellement la Russie.

Pourtant, les intérêts de la Russie et de la France elles-mêmes ne se heurtent pas d’une façon si ouverte et aiguë. Au contraire, à l’Orient, les deux États ont un adversaire commun – l’Angleterre qui s’oppose à la France dans la Méditerranée et en Égypte et à la Russie en Asie centrale et en Perse. Les relations personnelles aussi jouent leur rôle : le tsar Alexandre III, se méfiant de son neveu, l’empereur d’Allemagne Guillaume II, se montre prêt à surmonter ses préventions contre le régime républicain qui en 1889 célébrait son bicentenaire. En mai 1890, le gouvernement Freycinet y fait arrêter un groupe de nihilistes russes soupçonnés de comploter contre la vie du tsar, ce qui contribue au resserrement des liens. Trois mois plus tard le général de Boisdeffre, sous-chef d’état-major général de l’armée française, est invité aux grandes manœuvres de l’armée impériale.

Le premier pas est fait par la France dont la nécessite de l’alliance en vue de rompre le blocus d’isolement est évidente. La diplomatie française tâte très vite le domaine où elle peut rendre service à la Russie sans rien perdre. Ce sont les affaires balkaniques. En particulier, la France soutient les diplomates russes en question de la réunion de la Roumélie avec la Bulgarie et dans le conflit serbo-bulgaire.

Le fait que la France est devenue le créditeur principal de la Russie favorise aussi la popularité de « l’Union des cœurs et des intérêts » (comme on l’appelait a l’époque). En 1888, les emprunts français font 200 millions de roubles, en 1889 – 280 million de roubles, en 1890 – déjà 650 millions, bien que l’Allemagne reste toujours le partenaire économique principale.

La décision définitive sur la formation de l’Entente est prise à la suite de la visite amicale de Guillaume II en Angleterre (août 1889), lors de laquelle il ne cessait de réitérer son adhérence à la fraternité des peuples prussien et britannique ayant pris sa source à Waterloo.

En 1891, une escadre française sous le commandement de l’amiral Gervet rend une visite dans le port de Kronstadt. Les marins français sont accueillis par tous les hauts fonctionnaires d’État russe présidés par Alexandre III personnellement (il se force même d’écouter l’hymne révolutionnaire La Marseillaise avec un air respectueux). En 1893, Toulon accueille une escadre russe.

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L’accord lui-même est signé en 1891 et un an plus tard, à la requête du côté français, il est complété par une Convention militaire qui prévoit l’aide mutuelle en cas d’agression de la part des puissances de la Triple Alliance.

Le rapprochement russo-français pousse l’Angleterre à conclure en 1890 avec la France un accord sur leur politique coloniale. La détente touche naturellement les relations franco-allemands. En 1891, l’Allemagne fait quelques concessions sur le soulagement du régime en Alsace-Lorraine.

Les liens culturels entre la Russie et la France, elles aussi, ne font que se resserrer. Le pont le plus élégant de Paris est baptisé en l’honneur d’Alexandre III, tandis que Félix Faure, le président de la République, inaugure à Saint-Pétersbourg le pont de la Trinité (Troïtski most) construit d’après le projet d’Eiffel.

Donc, l’Alliance renforce les deux puissances et mène à la division du continent entre deux blocs, dont l’équilibre permettra de réduire le risque de guerre entre les deux puissances, mais n’en créera pas, en cas d’échec des voies diplomatiques, les conditions d’un embrasement général.

Bibliographie :

MANFRED A. Z. Formation de l’union franco-russe. M., 1975

Mémoires du monde. Cinq siècles d’histoires inédites et secrètes au Quai d’Orsay. Paris, Iconoclaste, 2002

ROTSHTEÏN F.A. Relations internationales a la fin du XIXe siècle. M., 1966

RYBATCHENOK I.S. Russie et France. Union des intérêts et des cœurs. 1891-1897. Union russo-française en documents diplomatiques, photographies, dessins, caricatures, vers, toasts et menus. M., 2004

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