Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №5/2009

Univers du français

Tatiana SLACINOVA

Brocard – parfumeur moscovite d’origine française

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Après Pierre le Grand, l’impératrice Catherine II essaie de civiliser l’Empire russe et d’emprunter à l’Ouest ses acquisitions de la science, de l’industrie et de l’art. Son Édit sur les étrangers en 1763 et le Traité de commerce en 1786 jouent un grand rôle dans la fondation de la colonie française en Russie. D’après ces documents les étrangers venus en Russie ont reçu de grandes privilèges :

Mais en échange ces étrangers ont dû se faire naturaliser. En Europe le nom de Catherine II a été lié à la sagesse et à la générosité personnifiées. C’est pourquoi beaucoup de Français se sont dirigés en Russie. La plupart d’eux s’est installée à Pétersbourg et à Moscou.

Les réformes de 1861 ont ouvert un nouveau grand champ d’action aux entrepreneurs, surtout aux étrangers. Parmi les nouveaux-venus à Moscou on voit Brocard.

Il n’a que 24 ans. Dans deux ans il ouvre sa propre fabrique de parfum et épouse une moscovite d’origine belge qui devient sa plus grande réussite. Sa femme Charlotte possède le russe en perfection à la différence de son mari qui n’a pas appris à parler russe sans graves fautes jusque la fin de sa vie. D’ailleurs il n’aspirait pas à le faire. Dans sa famille on ne parlait que français. Sa femme a été son interprète. Et puis il faut dire que Brocard n’aimait pas beaucoup, à mon avis ne comprenait pas bien le pays où il avait vécu et travaillé pendant presque quarante ans. On lit dans une de ses lettres: « En passant de la Russie à l’étranger on a l’impression d’enlever une blouse sale et de mettre une autre propre ». En Russie on ne se lavait pas ? Au contraire. Dès temps anciens en Russie on adorait les bains de vapeur. Mais on ne savait ni savon ni parfum. La parfumerie russe s’épanouit à la fin du XIXe et au début du XXe siècles grâce aux parfumeurs français : à Zamoskvoretchié c’était la fabrique de parfum de Brocard (à présent la Nouvelle Aurore), dans l’arrondissement de Boutyrka – la fabrique de Rallet, près de la gare Bélorousski – la fabrique de Sou. Chez Rallet travaillait Ernest Beaux, parfumeur russe d’origine française qui a composé le fameux N° 5 pour Mademoiselle Chanel, le premier parfum aldéhyde qui est devenu un grand succès mondial.

img2La femme de Brocard, Charlotte, était une femme belle, pratique et bien intelligente. Elle savait donner de bons conseils à son mari. C’est grâce à son idée de produire du savon de bon marché « Narodnoïé » qui coûtait un kopek pour des simples gens, ensuite du savon « Detskoïé » avec les lettres de l’alphabet (on l’appelait encore l’Alphabet de Brocard puisque c’est avec ces savons que les paysans apprenaient à lire), que la fabrique de Brocard se grandit. Et voilà Brocard qui commence à produire de la poudre et du rouge à lèvres. Cette fois-ci Charlotte propose de vendre un assortiment qui comprend un parfum, une eau de Cologne, de la lustrine, un vinaigre de toilette, une vaseline, une poudre, une houppette, une sachée, un rouge à lèvres et un savon. Cet assortiment coûte un rouble. C’est une petite révolution dans la promotion des ventes. Le succès est parfait. À trois heures de l’après-midi on ferme le magasin car la police à cheval n’a pas pu résister à la poussée de la foule qui voulait les acheter.

En 1873, la grande-duchesse Maria Alexandrovna visite Moscou. Brocard lui offre un bouquet de roses, de muguets et de violettes. Ce bouquet est en cire colorée et parfumée. La grande-duchesse est enchantée. Et dans quelques mois la société Brocard et Co devient son fournisseur. Sous les bolcheviks ce fameux parfum « Le bouquet pour l’impératrice » est appelé « Moscou rouge ».

En 1882, une Exposition industrielle a lieu à Moscou. Qu’est-ce que Brocard entreprend maintenant ? Une fontaine de son eau de Cologne « Tsvetotchny »! Les dames y trempaient leurs chapeaux et les hommes – le bas de leurs vestons.

Pas de doute, Brocard est un excellent promoteur. Sa politique commerciale est à étudier scrupuleusement. C’est un magnifique exemple à suivre par les entrepreneurs.

Et en 1891, aux galeries commerciales sur la place Rouge, Brocard organise pendant dix ans les expositions de sa collection.

Brocard n’a pas été un grand connaisseur de l’art. Mais en s’enrichissant il se passionnait de plus en plus pour la peinture et la sculpture. Il fouillait partout en laissant ses concurrents en arrière, en payant trop cher. On le trompait parfois. Mais tout de même on trouve dans sa collection des chef d’œuvres. Toutes les écoles européennes du XVe-XVIIIe siècles y sont représentés. Sous les bolcheviks, on a dispersé sa collection aux musées différents. Le Musée des Beaux Arts Pouchkine en a 20 toiles.

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