Je vous salue, ma France
Le Midi-Pyrénées : Toulouse, Catalogne et Gascogne
Les Pyrénées
La barrière montagneuse des Pyrénées ferme au sud les frontières de la France. On franchit les Pyrénées par un col du Pertuis qui ouvre la route de Barcelone, la capitale de la Catalogne espagnole. Car Catalogne et Pays basque s’étendent de part et d’autre des Pyrénées en France et en Espagne.
On peut aussi emprunter le col de Roncevaux. C’est une passe étroite qui a donné naissance à une légende chantée par les troubadours dès le Xe siècle : La Chanson de Roland, une des chansons de geste les plus célèbres d’Europe. On la connaît par le manuscrit écrit en dialecte anglo-normand au XIe siècle. Il raconte une histoire du temps de Charlemagne, à la fin du VIIIe siècle. Les terres chrétiennes étaient à l’époque menacées par les invasions des Maures, appelés aussi Sarrasins. L’armée de Charlemagne en retraite est protégée par une arrière-garde, commandée par le chevalier Roland. Menacé par les Sarrasins, il a longtemps refusé d’appeler à l’aide l’armée des Francs. Il a déjà brisé son épée, dans sa lutte éperdue. Il se décide enfin à souffler dans son olifant, un cor taillé dans une défense d’éléphant : « Roland a mis l’olifant dans sa bouche ; il l’enfonce bien, sonne avec une grande force. Hauts sont les monts et la voix porte loin : à trente lieues on l’entendit se répercuter. Charles (Charlemagne) l’entend, et tous ses compagnons. Le roi dit : “Nos hommes livrent la bataille !” » (Chanson de Roland)
Le cirque de Gavarine
Charles arrivera trop tard, Roland et son arrière-garde gisent ensanglantés. Mais un grand destin attend pourtant le futur Charlemagne, couronné Empereur d’un empire qui unit l’Europe… en l’an 800.
Propices aux légendes, les Pyrénées offrent aux regards des paysages grandioses. Le cirque de Gavarnie est un véritable bout de monde qui élève ses flancs sur 1 500 mètres. Le pic du midi de Bigorre est accessible, à près de 2 900 mètres d’altitude. Il offre un panorama extraordinaire sur la chaîne « à donner aux saints la nostalgie de la terre », comme l’a écrit un « pyrénéiste » du XIXe siècle, Henri Russel (car il y a les « alpinistes » et les « pyrénéistes » dont les vocations s’attachent qu’aux Alpes ou qu’aux Pyrénées). On peut cheminer au gré des vallées isolées, enserrées dans des pentes abruptes, s’enfoncer dans des fonds ténébreux, remonter vers des paysages rocailleux inondés de lumière…
Toulouse
Appuyé sur le piémont de la montagne, canal du Midi permet de relier le Rhône à la Garonne. Vous pouvez louer un petit bateau habitable, une pénichette, et l’emprunter de Toulouse à Narbonne et même au-delà vers la Camargue. Il faut franchir un certain nombre d’écluses qui laissent le temps d’admirer un paysage qui défile à six kilomètres à l’heure, vitesse autorisée de votre pénichette. Vous pouvez vous arrêter n’importe où, descendre avec votre vélo et partir à la recherche de villages, de châteaux, d’églises et de monastères.
Toulouse est une étape incontournable, avec ses murs de pierre que deviennent vivement roses sous l’éclat du soleil et sa basilique romane Saint-Sernin. Claude Nougaro, un enfant du pays, l’a ainsi chantée :
« L’église Saint-Sernin illumine
le soir
D’une fleur de corail que le soleil
arrose
C’est peut-être pour ça malgré
ton rouge et ton noir
C’est peut-être pour ça qu’on te dit
ville rose... »
Toulouse
Mais il y a aussi un chef-d’œuvre de l’art gothique, l’église des Jacobins et la Grande place bordée de bâtiments classiques du XVIIIe siècle, le Capitole, et l’Hôtel de ville. Toulouse, ville de l’aéronautique et d’Airbus, à la fois ouverte sur le monde et l’avenir et ville que le monde renferme dans ses vieilles rues, un passé qui fait rêver.
La cité de Carcassonne est une autre étape. C’est la plus grande forteresse d’Europe. Ses murailles intactes datent du XIIIe siècle. Une double enceinte (l’interne, comprenant 14 tours, et l’externe, comprenant 24 tours) encercle une petite ville avec le château comtal, l’église Saint-Nazaire et moins de 200 habitants. C’est un décor de rêve pour la reconstitution d’événements historiques liés au Moyen Âge. à proximité , le château de Peyrepertuse est une impressionnante forteresse, fichée sur une crête des Corbières. Ici se joue au XIIe-XIIIe siècle la lutte entre les rois de France, et les comtes de Toulouse, accusés de soutenir l’hérésie religieuse des Cathares qui remettait en cause l’autorité de l’église catholique.
On peut aussi aller à Perpignan, ancienne capitale des comtes de Roussillon et des rois de Majorque, dont on peut voir ici le palais. En nombre d’habitants, c’est la seconde ville de Catalogne, mais située du côté français. Il y en a ses monuments mais aussi une curiosité : sa gare ! C’est dans celle-ci que Salvador Dali a dit : « C’est un endroit le plus important de tout le cosmos ». Son tableau La Gare de Perpignan est une immense toile de trois mètres sur quatre. Ce tableau se trouve aujourd’hui en Allemagne à Cologne. Il symbolise pour Dali la quintessence du monde : « Chaque fois que j’ai une illumination c’est à la gare de Perpignan qu’elle se produit ».
Carcassonne
Des récits d’une autre nature sont nés plus à l’ouest, en Gascogne. D’abord celui de d’Artagnan et des trois mousquetaires. Alexandre Dumas le puisa en 1843 dans une bibliothèque des souvenirs d’un dénommé Monsieur d’Artagnan. Il s’agissait d’un certain Charles de Batz, né à Castelmore en Gascogne. Sa mère s’appelait Montesquieu-d’Artagnan. Il y avait aussi un personnage qui avait pris le nom d’Athos (un village entre Sauveterre et Béarn) et un Aramis, mousquetaire. D’Artagnan, Athos, Aramis et Portos, les trois mousquetaires qui étaient quatre, ont donné naissance à l’un des romans les plus populaires qui ait été écrit. Charles de-Batz-de-Castelmare-d’Artagnan appartenait au régiment du roi. Ce personnage a existé. En 1844, lui et ses mousquetaires sont immortalisés dans un roman-feuilleton, publié chaque semaine dans la presse et réuni dans un livre Les Trois mousquetaires. Et depuis, que de rééditions, que de films, que de rêves !
C’est encore aux cadets de Gascogne qu’appartient un autre héros célèbre de la littérature française : Cyrano de Bergerac. Certes, Bergerac, sa ville natale est un peu plus au nord dans le Périgord. Mais ce poète farfelu du XVIIe siècle faisait partie des cadets, compagnie de soldats du roi, où servaient les fils « seconds-nés » des grandes familles de Gascogne. Edmond Rostand, à la fin du XIXe siècle, en fait un héros national :
Château de Peyrepertuse
« Ce sont les cadets de Gascogne
De Carbon, de Castel-Jaloux
Bretteurs et menteurs sans vergogne
Ce sont les cadets de Gascogne ! »,
lance Cyrano en présentant ses compagnons. Dans une France alors humiliée après la défaite de 1870 face à la Prusse qui s’est emparée de l’Alsace-Lorraine, Cyrano représente la gloire, car il met son honneur au-dessus de tout.
Dès 1898, les lecteurs russes connaissent Cyrano de Bergerac dans la traduction d’Alexandre Fedorov, puis surtout de Tatiana Chtchepkina-Koupernik. De Gaulle lui-même, dans ses Mémoires avoue sa fascination pour ce Cyrano.
À voir aussi :
- Pau et le Béarn,
- Albi et le Musée Toulouse-Lautrec,
- le Pays basque.