Je vous salue, ma France
Le Grand Ouest de Nantes à la Charente
Saint-Nazaire
Au sud-ouest de la Loire s’étendent des régions à la fois ancrées dans la terre de France et ouvertes sur le grand large et l’océan. Ce sont des lieux de départs et d’échanges avec l’outre-mer et le « Nouveau Monde ». Ce fut la terre des Chouans, ces paysans vendéens et bretons qui s’opposèrent à la Révolution au nom de Dieu et du Roi. Ce fut la terre des aventures océanes.
Le port de Rochefort abrite la maison exotique de Pierre Loti. Nantes abrite la maison de Jules Verne (pourtant né à Amiens). Il écrivit ici l’essentiel de ses œuvres.
Poitiers
Poitiers offre ses monuments anciens et tout à côté son Futuroscope, parc ouvert sur les découvertes scientifiques. Poitiers a connu trois batailles. En 507, Clovis, roi des Francs, y repousse l’invasion Wisigoth, ces nouveaux barbares venus du sud. En 732, Charles Martel y arrête les troupes d’Abd-ad-Rahman. Enfin, en 1356, Poitiers voit la défaite du roi de France Jean le Bon dans la guerre qui opposa la dynastie française et la dynastie anglaise.
Ici, le palais des ducs d’Aquitaine, avec son immense salle des pas perdus (début du XIIIe siècle), sa façade du XIVe siècle et ses treize statues des grands seigneurs et serviteurs du duc d’Aquitaine, témoigne de la splendeur passée du duché d’Aquitaine.
Notre-Dame de la Garde (XIIe siècle) illumine à la nuit sa façade richement décorée de couleurs. Si l’on veut connaître le style gothique de l’ouest (début du XIIIe siècle), il ne faut pas manquer la visite de la cathédrale Saint-Pierre. Parmi les merveilles, regardez les fresques romanes de l’abbatiale de Saint-Savin, pas très loin de Poitiers. La vitalité du dessin, le jeu des couleurs produisent un effet lumineux qui imprègne durablement le regard.
Nantes
Dans la Vendée profonde, celle de la région de Cholet, vécurent les Chouans, qui en 1793, à l’époque de la grande Révolution, se rallient la nuit tombée, en imitant le hululement de la chouette. Ils sont royalistes et forment l’armée bien organisée. Balzac dans Les Chouans ou Victor Hugo dans Quatre-vingt-treize les décrivent. La nouvelle république veut enrôler les Chouans dans l’armée qui doit affronter l’Europe qui s’est coalisée pour écraser une révolution. Les armées républicaines (les « bleus ») ont de grandes difficultés à se frayer un chemin dans des chemins boueux du bocage, dont les arbres cachent partout l’ennemi. Habitués au combat en ligne contre les armées de métier, ils se retrouvent brusquement entourés de Chouans qui les assassinent et disparaissent avant d’être saisis.
Port de Rochelle
Aujourd’hui, ces longues côtes ouvertes sur l’immensité océane sont propices au repos et à la baignade. La côte vendéenne et charentaise aligne de longues plages de sable. De grandes îles s’avancent vers l’océan. Plus au sud, la vaste plage de Royan offre ses installations balnéaires sur l’estuaire de la Gironde.
C’est à Nantes, que l’on ressent le plus cette ouverture sur le monde d’outre-mer. Certes, le vrai port est un peu plus en aval de la Loire, à Saint-Nazaire. Son pont en courbe qui laisse passer sous son arche immense les navires les plus hauts est spectaculaire. La mise en valeur des anciens bunkers de la base de sous-marins construite par les Allemands entre 1941 et 1943, la mise en « lumières » le soir des installations portuaires font de Saint-Nazaire une cité de la mer. De ses chantiers de l’Atlantique sortirent des paquebots mythiques comme le Normandie ou le France et plus récemment encore le Queen Mary II, de véritables palaces flottants, destinés à la croisière.
La Rochelle. Le Vieux port
La vraie ville est pourtant Nantes. Vieille cité qui fit sa fortune au XVIIIe siècle dans le « trafic triangulaire » : échange de pacotilles (objets divers, armes, vêtements) contre des hommes et femmes emmenés en Amérique comme esclaves ; retour au port d’attache avec le sucre de canne cultivé par ces mêmes esclaves et départ pour un nouveau circuit.
Nantes, c’est à la fois des demeures au classicisme du XVIIIee siècle et le château des ducs de Bretagne, bel ensemble fortifié datant du XVe siècle et des lieux pittoresques, comme le passage Pommeraye galerie couverte, datant de 1843 où l’on retrouve l’atmosphère des romans du XIXe siècle. Et puis, il y a l’incontournable café La Cigale avec son décor 1900.
Avec La Rochelle, vous entrez dans une autre histoire. Rappelez-vous, Les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas ? Ils sont venus ici avec leur compagnon d’Artagnan. On était au XVIIe siècle, en pleine guerre de religion. Les huguenots, qui tenaient la ville, avaient fait appel aux Anglais. Le cardinal de Richelieu, qui tout en étant ministre de Louis XIII ne ménage pas ses intrigues contre les amis du roi et surtout son épouse la reine d’Autriche, organise le blocus de la ville qui tombe le 30 octobre 1628.
Passage Pommeraye
La Rochelle fut une cité prisée des peintres : Fromentin, Vernet, Corot, Signac, Marquet y ont séjourné, mais aussi des écrivains, comme Rabelais et Choderlos de Laclos (l’auteur des Liaisons dangereuses), au XVIIIe siècle. La ville conserve le pittoresque de son vieux port fortifié et de ses quartiers anciens. Le Musée du Nouveau Monde rappelle son passé de ville ouverte vers les Amériques. À Rochefort, il faut voir l’ancienne place maritime, créée par Colbert, ministre de Louis XIV. On y apprécie, l’arsenal et la Corderie, long bâtiment de 380 mètres de long où se fabriquait la voilerie des navires. Aujourd’hui, on y a recréé de toutes pièces la frégate l’Hermione, voilier de 63 mètres de long sur 12 de large, qui embarquait plus de 300 personnes. Il fut le navire qui transporta La Fayette au secours de Washington et des insurgés d’Amérique en 1780.
Peut-être avez-vous vu Les Demoiselles de Rochefort ? Jacques Demy a tourné ce film sur la place Colbert après le succès des Parapluies de Cherbourg. Parmi les héros il y avait Catherine Deneuve et Michel Piccoli !
Marais poitevien
Mais à Rochefort, il ne faut pas manquer de rendre hommage à Pierre Loti, enfant du pays. Cet écrivain du voyage exotique a fait de sa maison natale une maison où se succèdent des « ailleurs » : salon bourgeois du XIXe siècle, salle à manger Renaissance, salle moyenâgeuse, chambre arabe, petite mosquée, salon turc… – tous les mythes de Pierre Loti, officier de marine, écrivain qui entraîna le monde dans ses rêves : Pêcheurs d’Islande, Aziyadi, Madame Chrysanthème.
Brouage n’est pas loin, ville rectangulaire, entourée de remparts. C’était la ville du sel au Moyen Âge. Samuel de Champlain, fondateur de la ville de Québec au Canada, y naquit. On peut rêver, en faisant le tour des remparts, aux amours contrariés du jeune Louis XIV et de Marie Mancini. Celle-ci, vint cacher son chagrin dans la solitude et les brumes de Brouage. On était en 1659 et la raison d’État réservait le jeune Louis à l’Infante d’Espagne.
Enfin, la mer se découvre au-delà du marais de Brouage. Elle vous offre des moules et des savoureuses huîtres claires, élevées dans d’immenses parcs. Mais déjà vous n’êtes plus loin de Royan et de sa superbe plage, à l’entrée de la Gironde, qui vous ouvre la route de Bordeaux. Un instant de repos ici sur le sable doré.
À voir aussi :
- le marais poitevin pour ses canaux,
- Angoulême pour son festival de bandes dessinées,
- Cognac pour son…cognac,
- Saintes pour les monuments antiques.