Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №7/2009

Les Routes de l’Histoire

Daria IATSKOVA

Influence française sur la pensée publique en Russie au premier quart du XIXe siècle

img2Au premier quart du XIXe siècle, l’influence des idées françaises sur la société russe s’explique par la guerre patriotique de 1812. Les armées russes avaient traversé l’Europe et en rapportaient l’empreinte d’influences étrangères. Certains esprits rêvaient de transplanter dans le monde russe les modalités occidentales de la vie politique et sociale. La Gazette de Moscou et La Gazette de Saint-Pétersbourg étaient très lues dans l’armée. Les événements de la Révolution française y étaient très suivis. Au quartier du général Potemkine en 1790, on a vu paraître en français un bulletin d’information hebdomadaire rédigé par des jeunes officiers, où l’on annonçait « le début d’une nouvelle époque dans l’histoire de la Révolution ». Le prince Vorontsov répétait : « Nous serons les derniers, mais nous serons aussi les victimes de cette contagion universelle ».

img1

Sergueï Volkonski (1788-1865)

Beaucoup d’officiers supérieurs russes étaient francs-maçons. Selon l’historien français André Boyer, au cours des années 1814-1815, dans l’armée russe il y avait 571 francs-maçons, parmi lesquels 62 généraux et 150 colonels. La cordialité de l’accueil reçu par les officiers russes dans les loges maçonniques parisiennes a exercé sur leur esprit un attrait durable. N.I. Tourgueniev écrivait : « Messieurs, puissions-nous voir la liberté qui vient de faire le tour de l’Europe, se tourner vers ces contrées, d’où elle a été appelée à une nouvelle existence ! Et c’est alors que la Russie, votre fidèle alliée, paraîtra aux yeux du monde resplendissante d’honneur et de gloire ». Cet enthousiasme de N. I. Tourgueniev a été partagé par le prince S. G. Volkonski, qui était à Paris en 1815, et par M.S. Lunine, qui a pris connaissance des idées maçonniques au cours d’un séjour à Paris en 1816. Les impressions de ces trois futurs Décembristes à leur départ de France n’étaient pas différentes de celles des jeunes officiers russes une fois revenus dans leur pays. Selon André Boyer c’était leur affiliation à la franc-maçonnerie qui les a engagés à s’agréger à des sociétés secrètes politiques russes.

Des cercles se formaient où germaient des idées révolutionnaires, provoquées par la politique d’Araktcheyev. Des organisations secrètes, « l’Union du Nord », « l’Union du Sud », « l’Union slave », visaient à une transformation complète des conditions de la société russe. Il est certain que la révolte des Décembristes est inscrite dans la campagne de 1812. C’était une tentative qui visait à une transformation profonde des structures politiques, économiques et sociales de l’Empire russe en harmonie avec l’esprit de la « philosophie des Lumières » et de la Révolution française.

TopList