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Arts et culture

Marie BORISSENKO

La comtesse de Ségur, née Rostoptchine

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La comtesse de Ségur
(1799-1874)

Sophie Rostoptchine est née en 1799 à Saint-Pétersbourg. Elle est la fille du comte Fiodor Rostoptchine, favori et aide de camp du tsar Paul II, nommé ministre des Affaires étrangères en 1798. Disgracié après l’assassinat de son patron en mars 1801, il s’est retiré dans le domaine de Voronovo près de Moscou. En 1812, nommé par Alexandre Ier gouverneur militaire de Moscou, il organisera l’incendie de Moscou lors de l’entrée des troupes napoléoniennes, puis fera incendier son domaine de Voronovo avant de quitter le pays.

Rostoptchine a accompagné Alexandre Ier au congrès de Vienne en 1814-1815 mais a été de nouveau disgracié. Il est parti en France en 1817, suivi de sa fille Sophie. Là, Sophie a épousé en 1819 Eugène de Ségur, descendant d’une famille liée depuis longtemps à la Russie.

Lors de son voyage de noces en Basse-Normandie, la jeune femme a remarqué un joli château en briques roses. Les bouleaux du parc lui ont rappelé son domaine de Voronovo qu’elle aimait tant et où elle avait passé toute son enfance. C’est le château des Nouettes et les bouleaux sont toujours là. Les Nouettes sont devenues l’asile de la comtesse.

Le jeune comte de Ségur ne se plaisait pas trop à la campagne. Négligée par son mari, toujours à Paris, Mme de Ségur y a passé 50 ans (de 1821 à 1872) et a élevé ses 8 enfants dont 5 étaient nés au château. Presque tous ses romans ont été écrits aux Nouettes. Les histoires et les personnages de l’Aube inspiraient l’écrivaine, dont certains des petits-enfants ont été enterrés dans le vieux cimetière derrière l’église.

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Comme beaucoup de grand-mères, elle racontait des histoires à ses petits-enfants. Et quand Camille et Madeleine (Les Petites-filles modèles) ont dû partir pour Londres où leur père était nommé, elle a commencé à écrire. Elle avait alors plus de 50 ans. Le déclencheur fut un carnet où elle avait recueilli des recettes simples pour remédier rapidement à toutes les petites maladies infantiles. La comtesse en a fait un livre imprimé à ses frais (La Santé des enfants, 1855). Vingt romans vont suivre, un pour chacun de ses petits-enfants. Rapidement, ses petites histoires deviennent célèbres. Elles mettent en scène des enfants dans leur vie quotidienne. Chez la comtesse, le bien l’emporte toujours sur le mal et on peut toujours corriger ses fautes. Les plus lus sont La Fortune de Gaspard, Le Général Dourakine, Les Malheurs de Sophie, Mémoires d’un âne, Les Petites filles modèles.

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Au Musée de la comtesse de Ségur

Les romans de la comtesse de Ségur ont été publiés entre 1857 et 1872 dans la Bibliothèque rose illustrée chez Hachette. Ils ont été réunis en 1990 sous le titre Œuvres de la comtesse de Ségur dans la collection Bouquins chez Robert Laffont.

En 1866, la comtesse est devenue tertiaire franciscaine sous le nom de sœur Marie-Françoise.

Elle est morte en 1874 et est enterrée en Bretagne où elle a vécu près d’une de ses filles après avoir quitté les Nouettes. Son cœur, embaumé, est déposé au couvent de la Visitation, rue de Vaugirard à Paris.

Le dictionnaire Quid cite parmi les principaux personnages de la littérature française le général Dourakine, « grand seigneur russe coléreux mais bon » et Sophie, « fillette étourdie ». Le même dictionnaire place le nom de la comtesse de Ségur parmi « les écrivains russes de langue française ».

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Tombeau de la comtesse de Ségur
et de son fils Gaston

À l’Aube en Basse-Normandie se trouve le Musée de la comtesse de Ségur. Aujourd’hui, le château des Nouettes ne se visite pas. C’est un Institut médico-pédagogique. C’est pour cette raison que le Musée de la comtesse de Ségur se trouve dans l’ancien presbytère, à côté de l’église. La première salle du musée évoque les origines russes de Sophie Rostoptchine, des portraits de ses parents, une gravure de l’incendie de Moscou, beaucoup d’objets russes.

Mais l’histoire de la famille Rostoptchine-Ségur dans le contexte des liens franco-russes ne finit pas là.

En 1833, le fils cadet du comte Fiodor Rostoptchine, André, a épousé une jeune fille peu ordinaire, Evdokya Souchkova, qui est devenue par la suite une poétesse russe connue – Evdokya Rostoptchine.

Evdokya Rostoptchine a écrit la plus grande partie de ses poèmes à la campagne, dans le domaine de Voronovo. Elle est morte à l’age de 46 ans. Déjà très malade, elle a reçu la visite d’Alexandre Dumas-père, alors en voyage en Russie. La conversation a duré deux heures. Dumas étaient ébloui, enchanté, bouleversé. En prenant congé de la comtesse il lui a fait promettre qu’elle enverrait en France le poème de Pouchkine Во глубине сибирских руд…, traduit en français, et les souvenirs des rencontres avec Lermontov (Mon pauvre Lermontov). Quand, de retour en France, Dumas a reçu le paquet il y a trouvé un mot : « Quand vous aurez reçu ce paquet, je serai morte ».

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