Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №7/2009

Arts et culture

Théophile Gautier (1811-1872)

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Théophile Gautier

Théophile Gautier, écrivain français, est né à Tarbes le 30 août 1811. Il était issu d’une famille de petite bourgeoisie avec laquelle il vint s’établir à Paris. Il se destinait à une carrière de peintre, mais le 27 juin 1829, il fit une rencontre de Victor Hugo, qui lui donna aussitôt le goût de la littérature. Le 4 mai 1831, le Cabinet de lecture publia La Cafetière, le premier conte fantastique de Gautier. Dès lors, son talent ne devait cesser de s’affirmer avec des textes comme Arria Marcella, La Morte amoureuse ou Spirite. Parallèlement à ses poèmes, Gautier publia quelques textes de prose, comme Les Jeunes-France, romans goguenards (1883), recueil de contes, ou le roman Mademoiselle de Maupin (1835). En 1836, Gautier édita son premier article dans La Presse, le nouveau journal d’Émile de Girardin, pour lequel il travailla jusqu’en 1855, après quoi, il se consacra au Moniteur universel jusqu’en 1868. Gautier écrivit quelque mille deux cents articles, tout en se plaignant du joug quotidien de la presse, son seul véritable gagne-pain qui était aussi un obstacle matériel à la réalisation d’une œuvre littéraire. Malgré ses difficultés matérielles, Théophile Gautier parvint à devenir un poète presque officiel, sous l’Empire, à tel point qu’en 1868 il fut nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde. Gautier fut un esthète, privilégiant d’une manière provocatrice l’esthétique au détriment des autres fonctions de l’œuvre. Cet esthétisme est le principal point commun entre ses poèmes, Émaux et Camées (1852) et ses grands romans : Le Roman de la momie (1858), Le Capitaine Fracasse (1863). Cependant, même s’il proclame son refus de l’engagement, Gautier ne cesse de témoigner sur son temps de la manière la plus passionnée, dans des œuvres comme Voyage en Espagne (1845), Les Beaux-Arts en Europe (1855), recueil de critiques d’art, Voyage en Russie (1866) ou Histoire du romantisme (1874).

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Pétersbourg. La cathédrale Kazanski.
Les années 1840

Théophile Gautier décède le 23 octobre 1872 dans sa maison de Neuilly. Il est inhumé deux jours plus tard au cimetière de Montmartre, où sera inauguré en 1875 un monument à sa mémoire.

Théophile Gautier reste en Russie d’octobre 1858 à mars 1859, puis il y revient en été 1859. De Saint-Pétersbourg il envoie des reportages au Moniteur et à la Revue nationale et étrangère.

Gautier voulait préparer un texte pour accompagner un grand album de photographies sous le titre Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne. Seul le premier volume de ces Trésors vit le jour, en 1959. Il n’a pas pu mener à bien tous les projets qu’annonçait son dépliant publicitaire : une partie sur les autres résidences impériales et un volume entier sur les monuments de Moscou et leurs trésors. L’entreprise, trop coûteuse, n’avait pas suscité assez de souscriptions, ni en Russie, ni en France, pour être poursuivie. Aussi bien, les lecteurs préférèrent-ils et préfèrent-ils encore le plus maniable Voyage de Russie de 1866 où il évoque son arrivée à Saint-Pétersbourg, ses promenades en ville, ses visites de marchés et de foires, son voyage en train de Saint-Pétersbourg à Moscou. La gastronomie occupe une place de choix dans l’ouvrage cité. Ci-dessous l’extrait tiré du livre de Théophile Gautier qui décrit un dîner dans une maison « comme il faut ».

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Aboutkov N.G., L’Hiver. Le paysage
de Pétersbourg. 1859

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Charlemagne A.I., La Gare du chemin de fer Nicolaïevski à Moscou. 1851

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La place Rouge. XIXe siècle

Théophile Gautier

La cuisine

Avant de se mettre à table les convives s’approchent d’un guéridon où sont placés du caviar, des filets de hareng marinés, des anchois, du fromage, des olives, des tranches de saucisson, du bœuf fumé de Hambourg et autres hors-d’œuvre qu’on mange avec des petits pains pour s’ouvrir l’appétit. Le luncheon se fait debout, et s’arrose de vermouth, de madère, d’eau-de-vie de Dantzik, de Cognac et de cumin, espèce d’anisette. Dans toutes les maisons comme il faut, on mange à la française ; cependant le goût national se fait jour par quelques détails caractéristiques. Ainsi, à côté du pain blanc on sert une tranche de pain de seigle bien noir, que les invités russes grignotent avec une sensualité visible. Ils paraissent aussi de trouver fort bons des espèces de concombres marinés à l’eau de sel, qu’on nomme ogourtzis, et qui, d’abord, ne nous ont pas paru autrement délicieux. Au milieu du dîner, après avoir bu les grands crus de Bordeaux et le vin de Champagne de la veuve Clicquot, qu’on ne trouve qu’en Russie, on prend du porter et surtout de kwas, espèce de bière locale faite de croûtes de pain noir fermentées, au goût de laquelle il faut s’accoutumer… Après un séjour de quelques mois, on finit par prendre goût aux ogourtzis, au kwas et au chtchi, le potage national russe...

En Russie on mange des côtelettes de poulet. Ce mets est devenu à la mode depuis que l’empereur Nicolas en a goûté dans une petite auberge près de Torjok et les a trouvées bonnes. La recette en avait été donnée à l’hôtesse par un Français malheureux qui ne pouvait pas payer son écot, et fit ainsi la fortune de cette femme. Nous partageons le goût de l’empereur, les côtelettes à la Préobrajenski qui mériteraient de figurer sur la carte des meilleurs restaurants.

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