Arts et culture

Pierre Lazareff (1907-1972)

Fils d’émigrés juifs russes naturalisés français, Pierre Lazareff grandit à Montmartre et suit ses études au lycée Condorcet. Titi parisien, devenu journaliste à 15 ans, il est avant tout le patron de presse qui a fait de Paris Soir, puis de France Soir, des incontournables de la presse française.

À la fois subjuguées par ses idées visionnaires et terrorisées par ses colères homériques, les rédactions des titres qu’il a fait naître le surnommèrent avec respect « le petit homme ». Du haut de son 1,59 m, il a bien été pendant plus de quarante ans ce qu’il s’était toujours promis de devenir : « le roi de Paris » ! Pionnier dans l’actualité télévisée, Pierre Lazareff est un enfant de la presse. Il invente son premier journal à 9 ans et devient journaliste professionnel au quotidien Le Peuple à 14 ans. C’est ensuite à 17 ans qu’il crée l’hebdomadaire Illusion. Proche des artistes de l’époque et attiré par le monde du spectacle, il devient secrétaire de Mistinguett, puis attaché à la direction artistique du Moulin Rouge. Il travailla ensuite pour une dizaine d’autres théâtres parisiens. Il collabore avec plusieurs journaux : L’Echo de Paris, Le Soir, Paris Matinal et Paris Midi, avant de devenir, en 1931, le directeur de rédaction de Paris Soir, titre phare de la presse française de l’époque.

En 1940, alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, il part pour les États-Unis et rejoint la War Information Office. Il y dirige les émissions à destination de l’Europe occupée. Mais la France lui manque, il rentre en France à la Libération. À son retour, il reprend le titre Défense de la France, journal clandestin de la Résistance, et le rebaptise France Soir, y attirant des journalistes réputés comme Joseph Kessel, Lucien Bodard ou Henri Armouroux. En quelques années, ce journal deviendra le quotidien le plus vendu en France. Pierre Lazareff est également le père de Télé 7 jours et de France Dimanche. Sa femme, Hélène Lazareff-Gordon, lance de son côté en 1945, un magazine féminin toujours incontournable : Elle.

Quand il estime, à la fin des années 1950, avoir fait le tour de la presse écrite, il s’attaque au petit écran et donne naissance à la première émission télévisée d’information : Cinq colonnes à la une. La première diffusion aura lieu le 9 janvier 1959. Parmi les sujets proposés dans l’émission, ceux concernant les conflits et les guerres occupent une place importante. Cinq colonnes à la une est ainsi devenu un témoin exclusif et audacieux des grands événements politiques du monde, mais aussi des changements qui s’opérèrent dans la société française des années soixante.

Lorsqu’il s’éteint en 1972, le monde de la presse rend un hommage unanime à celui qui est toujours considéré comme un génie de la presse.

Aujourd’hui encore, Pierre Lazareff marque la capitale. À Paris, dans le deuxième arrondissement, un square porte son nom à quelques pas du siège historique de France Soir, au 100, rue Réaumur.