Arts et culture
Caran d’Ache (1858-1909), dessinateur et caricaturiste français
« Il symbolise ethniquement, physiologiquement,
psychologiquement, l’alliance franco-russe.
Il chante à miracle des bateliers de la Volga
et les marches des Cosaques... »
Léon DAUDET,
Souvenirs littéraires,
l’entre-deux-guerres
Caran d’Ache, de son vrai nom Emmanuel Poiré, dessinateur humoristique et caricaturiste français, est né le 6 novembre 1858 à Moscou. Il est le petit-fils d’un officier français blessé à la bataille de la Moskova. Soigné sur place, il s’installe définitivement en Russie. En 1877, Emmanuel part en France faire son service militaire pour y recouvrer la nationalité française. Ses premiers dessins qu’il réalise pour La Vie Militaire témoignent de ce goût pour l’armée qui ne le quittera jamais. Caran d’Ache est resté toute sa vie fidèle à l’image héroïque qu’il s’est faite de son ancêtre et de l’épopée de celui-ci dans les armées de Napoléon. Caran d’Ache raconte comment lui est venu le goût pour le dessin : « J’ai toujours dessiné, c’était dans ma nature. Ma vénération pour les costumes militaires date de mes premières joies à feuilleter des pages de soldats, et les années que je passai au régiment me ravirent... » (Émile Bayard, La Caricature et les caricaturistes). Publiant pour la première fois en 1881 des caricatures militaires et des dessins de chevaux, il choisit le pseudonyme de Caran d’Ache, translittération fantaisiste du mot russe karandach, signifiant « crayon ». Il devient ensuite un dessinateur humoristique et caricaturiste réputé. Son accent russe et son côté dandy ajoutaient du pittoresque à son talent. À partir de 1886, il publia ses dessins humoristiques dans Le Chat noir, Le Tout-Paris, La Vie militaire, La Caricature, Le Journal. Quand il inaugure le théâtre d’ombres du Chat Noir, il évoque les campagnes de la Grande Armée. En 1886, Caran d’Ache signe l’un des premiers spectacles en ombres « néo-chinoises » présenté dans le cabaret montmartrois du Chat noir : L’Épopée. Ce spectacle relate les campagnes de la Grande Armée avec ses heures glorieuses et ses heures sombres. On peut supposer que le souvenir de son grand-père et de son enfance à Moscou, auront contribué à insuffler à Caran d’Ache l’énergie nécessaire pour mener à bien son œuvre. En 1892, il publie Carnet de chèques inspiré par un scandale de l’affaire du Canal de Panama. En 1895, il participe à la revue Le Rire et débute sa collaboration au quotidien Le Figaro. Tous les lundis, pendant une dizaine d’années, Caran d’Ache publie dans ce journal un dessin inspiré de l’actualité. Ces pages seront reprises en albums sous le titre Les Lundis de Caran d’Ache. Caran d’Ache est décédé à Paris le 26 février 1909 à l’âge de 50 ans.