Arts et culture
Dany Boon – l’homme qui a sauvé la comédie
Dans le cinéma français, l’année 2008 est marquée par une nouvelle comédie extrêmement française. Une comédie qui a fait les Français respirer avec soulagement : la comédie à la française ne mourra pas. Mais qui est celui qui l’a sauvée ? Qui est cet héritier de Tati, Oury, Leconte, Weber et d’autres ? Qui est donc ce héros national ? Vous le connaissez bien, mais peu de Russes aujourd’hui connaissent son nom. C’est Monsieur Dany Boon. Et il mérite vraiment d’être connu.
Le film dont je viens de parler porte le titre Bienvenu chez les Chtis. Et c’est bien vrai que c’est une comédie typiquement française : dynamique, drôle, légère mais en même temps touchante. Et puis elle parle d’une des spécificités de la région française de Nord-Pas-de-Calais. Exactement de son dialecte qui s’appelle le chti. Malheureusement, ce dialecte est intransmissible en russe, c’est pourquoi nous avons été privés de ce plaisir de voir ce film dans les salles de cinéma. Mais c’est vrai que ce film est déjà entré dans la culture et dans l’histoire du cinéma. Autant que son réalisateur, scénariste et interprète d’un des rôles principaux – Dany Boon. Qui est-il ?
Je crois que la plupart de vous pourriez le voir pour la première fois dans le film Bimboland où il a joué Greg, un jeune richard qui tombe amoureux de l’héroïne de Judith Godrèche. Mais Boon a été déjà connu avant ce film surtout comme l’adepte de one-man-show.
Dany Boon, de son vrai nom Daniel Hamidou, est né le 26 juin 1966 à Armentières (Nord).
Issu d’une famille modeste, il est né d’un père ex-boxeur devenu chauffeur routier, kabyle, et d’une mère française, ch’timie1. Il emprunte son nom de scène à un héros d’une série télévisée, Daniel Boone un trappeur américain.
Il arrive à Paris en 1989, où il fait le mime dans la rue pour gagner sa vie tout en se produisant sur de nombreuses scènes ouvertes comme celle du Théâtre Trévise.
Son style préféré est le one-man-show, qui lui permet de camper des personnages divers qui s’adressent au public pour raconter leurs mésaventures. Ses sketches s’inspirent de situations quotidiennes, qui interpellent le vécu des spectateurs, telles que l’attente interminable dans un bureau de poste, ou les multiples incidents liés à la conduite automobile. L’un de ses premiers grands succès est une série de sketches présentant un dépressif qui essaie de vaincre ses angoisses en répétant sans relâche « Je vais bien, tout va bien, je suis gai, tout me plaît, je ne vois pas pourquoi, pourquoi ça n’irait pas ». Un autre de ses sketches cultes est le K-way2, où il narre les difficultés liées à l’enfilage puis au port de ce vêtement de pluie. On peut également citer les mésaventures de Jean-Pierre, obsédé par le culturisme à tel point qu’il reste un jour coincé dans la salle de sport, ou d’un simplet voulant nous communiquer son goût de la lecture, en nous faisant partager un passage passionnant d’un roman des éditions Harlequin.
Dany est également un musicien accompli : on connaît sa version de Piensa en mi (interprété par Luz Casal dans le film Talons aiguilles de Pedro Almodóvar) mais aussi ses propres chansons comme Le Blues du ‘tiot poulet.
Le Nord-Pas-de-Calais est l’un de ses thèmes favoris. Il a d’ailleurs joué en 2003 l’un de ses spectacles en ch’ti, Dany Boon à s’baraque, sorti par la suite en DVD.
En 2003 toujours, il met en scène une pièce de théâtre, La Vie de chantier. Cette pièce narre les déboires d’un jeune propriétaire (interprété par Dany Boon) d’un hôtel particulier, dont la livraison est retardée à cause de l’incompétence et de la malveillance des employés de l’entreprise chargée du chantier. L’adaptation de cette pièce au cinéma, La Maison du bonheur (2006), marque les débuts de Dany Boon en tant que réalisateur. Le film, dans lequel joue notamment Michèle Laroque, a attiré 1,1 million de spectateurs en France.
Il a également participé en tant qu’acteur à plusieurs films, dont tous ne sont pas forcément des comédies. C’est par exemple le cas de Joyeux Noël (2005), pour lequel il sera nommé aux Césars.
En février 2008, sort le film Bienvenue chez les Ch’tis qu’il a réalisé, écrit et où il tient l’un des deux premiers rôles. Le film est d’abord projeté dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme (départements où l’on parle le ch’ti), une semaine avant la sortie nationale. Il bat le record d’entrées au cinéma pour un film en France pour une première semaine avec 4 458 837 spectateurs et totalise 5 014 229 spectateurs si l’on rajoute les trois départements où le film a été diffusé une semaine plus tôt. Le film connaît aussi un grand succès en Belgique, dans la région frontalière qui a une forte proximité culturelle avec le Nord de la France mais également dans le reste de la Wallonie. Le film totalise plus de 15 millions de spectateurs en quatre semaines. Le 6 avril 2008, le film dépasse La Grande Vadrouille comme plus grand succès pour un film français au box-office national. Le film a totalisé à ce jour 20,4 millions entrées France et connaît un grand succès salle dans les pays étrangers où il est déjà sorti tels que : l’Allemagne, la Suisse, la Belgique, le Portugal, l’Italie, la Pologne, l’Australie, le Canada, le Luxembourg entre autres. Il vient aussi de réaliser le plus gros démarrage de tous les temps pour un DVD avec une vente record de 650 000 exemplaires, le 29 octobre 2008, jour de sa sortie et ensuite plus de 2 millions d’exemplaires en une semaine.
Dany Boon a été désigné « personnalité de l’année 2008 », par un sondage qui a été réalisé par les internaute de RTL et du quotidien Le Parisien et figure en 2ème position dans la liste des personnalités préférées des Français pour l’année 2008, selon le classement réalisé deux fois par an par l’IFOP pour le Journal du Dimanche.
Pendant la cérémonie de César, Dany a appelé de créer un César de Comédie (un appel soutenu par, entre autre, Gad Elmaleh et Charlotte Gainsbourg).
L’humoriste a un temps songé même à boycotter la cérémonie, suite à la nomination de son film dans une seule catégorie (Meilleur Scénario Original), mais est donc finalement bien venu au Théâtre du Châtelet.
Vêtu d’une veste de smocking et d’un bas de jogging orange Dany s’est expliqué : « J’étais chez moi devant la télé et je me suis dit “c’est trop con, vas-y Dany !” Je boude pas, le jour où je bouderais c’est que je me serais fait refaire les lèvres. […] C’est mon conseiller en communication qui m’a monté le bourrichon. Il m’a dit “à 40 ans, si t’as pas un César, t’as râté ta vie”. » La salle rit aux éclats.
Il est comme ça, ce ch’timi !
(La publication est preparée par Lialia KISSELEVA)
1 Habitant du Nord de la France et en même temps le dialecte parlé par les ch’timis
2 Le K-way coupe-vent imperméable, fut inventé en 1965 par le fabricant de pantalons français Léon Claude Duhamel, qui eut l’idée de faire un vêtement léger pour se protéger du mauvais temps. D’abord imaginé pour les enfants, il se range dans une pochette banane.