Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №9/2009

Mon amie la langue française

Dacha ALEKSEYEVA

Un peu de Russie en France…

Nous vous proposons de découvrir l’histoire de l’immigration russe en France. Qui étaient ces premiers immigrés ? Pourquoi ont-ils choisi la France en tant que leur pays adoptif ? Et, enfin, pourquoi ces gens ont-ils quitté leur pays natal ? Eh bien, cherchons ensemble les réponses à toutes ces questions.

L’arrivée des premiers Russes blancs

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Nina Berbérova

C’est après la révolution de 1905, sous un régime tsariste, que la première vague d’émigration russe a déferlé sur la France. Les révolutionnaires et leur sympathisants, pourchassés par la police, quittent en masse la Russie et partent pour trouver l’asile en Occident. Quelques 35 000 Russes : étudiants, artistes, artisans et commerçants vivent en France en 1911, pour la plupart à Paris et sur la Côte d’Azur.

Lors de la Première Guerre mondiale, 44 000 hommes du corps expéditionnaire russe avaient été envoyés en France pour combattre sur les fronts français et macédonien et étaient restés jusqu’au bout aux côtés de l’armée française en dépit de la capitulation de la Russie en mars 1918. Une partie d’entre eux décide de ne pas retourner au pays où la nouvelle république des Soviets vient d’être proclamée.

Il faut pourtant attendre encore avant d’assister à une vague de réfugiés en provenance de Russie. La France réserve un très bon accueil aux réfugiés bien qu’ils soient dans une situation juridique délicate : le gouvernement russe que la France a reconnu n’existe plus, le régime soviétique n’est pas encore reconnu, et il n’y a plus d’ambassade plénipotentiaire.

Les militaires russes débarquant alors à Paris sont très nombreux. Beaucoup de ces immigrés issus des meilleures familles doivent redémarrer au plus bas de l’échelle sociale, devenant chauffeurs de taxi ou garçons de café, ou accepter des métiers particulièrement pénibles dans les mines du Nord et de la Lorraine.

Les premiers réfugiés soviétiques

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Zinaïda Hippius

Paris devient la première destination des émigrés russes après 1924, date à laquelle la France reconnaît officiellement l’Union soviétique et son gouvernement. Les frontières sont plus ouvertes, facilitant l’émigration. La France voit alors arriver la première vague de réfugiés soviétiques. Les quartiers de prédilection des émigrés russes sont alors Boulogne-Billancourt et, dans Paris même, le XVe arrondissement. Dans les années 1920 et 1930, cinq paroisses russes s’ouvrent dans l’arrondissement, souvent installées tant bien que mal dans des hangars. On trouve aussi des foyers d’hébergement et d’entraide.

Mais la vie à Paris est loin d’être facile. En 1924, l’écrivain Nina Berberova et son compagnon, le poète Vladislav Khodassevitch, effectuent leur premier séjour à Paris, où ils devaient s’installer pour de bon un an plus tard. Voici ce qu’elle raconte à propos de son premier logement : « Avant de trouver un appartement, nous avons vécu dans une chambre étroite, donnant sur une ruelle minuscule. Dans notre chambre, étouffante en été et glacée en hiver, les sons de la radio des voisins résonnent tard dans la nuit. La joie d’avoir notre appartement à nous, de pouvoir fermer la porte à clé, d’abaisser les stores, d’être seuls, nous rend un peu fous les premiers jours... »

Le bohème de Montparnasse

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Vladislav Hodassevich et Nina Berbérova

À cette époque-là, le quartier de Montparnasse devient le centre de la vie culturelle et artistique pour la communauté russe. Les peintres et les poètes russes se retrouvent régulièrement au café Caméléon, 146, boulevard du Montparnasse, situé au coin de la rue Campagne-Première, ou à La Bolée, près de la place Saint-Michel. C’est aussi dans la rue Campagne-Première, au petit hôtel Istria, que le poète Vladimir Maïakovski descend lors de ses fréquentes visites à Paris. À partir de 1925, le café La Rotonde devient aussi l’un des lieux de rencontres de nombreux poètes et écrivains russes.

Le dimanche, les habitués de ces cafés se retrouvent dans le salon des Merejkovski, avenue du Colonnel-Bonnet, à Passy. Dmitri Merejkovski et sa femme Zinaïde Hippius ont recréé dans leur appartement l’atmosphère des salons littéraires de Saint-Pétersbourg d’avant la révolution.

La communauté russe menacée

Au début des années 1930, la grande époque de Montparnasse se termine. C’est la crise économique et la montée de la tension internationale. L’URSS stalinienne se ferme, c’est le commencement des arrestations, disparitions et assassinats massifs, y compris dans les rangs de l’émigration parisienne.

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La Rotonde

Vient la Deuxième Guerre mondiale. Les grandes figures de la communauté russe d’avant-guerre, omniprésents jusque-là dans les cafés de Montparnasse, sont invisibles. Beaucoup de Russes sont arrêtés. Certains artistes, comme Chagall ou Zadkine, réussissent à fuir et à trouver refuge aux États-Unis. Beaucoup d’émigrés russes restant à Paris ont été violemment pressés par les nazis.

Après la Guerre

Après la Seconde Guerre mondiale, la population russe de Paris a diminué. Paris devient moins attribuable pour les Russes que les États-Unis. Beaucoup d’émigrés, inquiets devant l’ampleur de la répression stalinienne, préfèrent traverser l’Atlantique et quitter pour de bon la France.

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Dmitri Merejkovsky

Les années 1970

Une troisième génération d’émigrés arrive avec les premiers visas accordés aux dissidents, lesquels s’accompagnent généralement d’une perte des droits civiques et de la nationalité soviétique.

Les réfugiés de la perestroïka

Enfin, depuis la perestroïka et le déclin du régime soviétique, une nouvelle génération de Russes est arrivée à Paris. Les réfugiés, dits économiques, viennent à la recherche non plus de liberté ou d’un épanouissement artistique, mais avant tout d’un niveau de vie meilleur.


VOCABULAIRE

en dépit de – несмотря на

(ambassade) plénipotentiaire – полномочное (посольство)

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La Rotonde, 1930

pénible – тяжелый, трудный, невыносимый

paroisses (f) – церковный приход

tant bien que mal – кое-как

hébergement (m) – приют

compagnon (m) – спутник, друг

pour de bon – окончательно

perpétrer – совершать

proie (f) – жертва

jusque-là – до тех пор

ascendance (f) – восходящая линия родства, родственники по восходящей линии

débrouillard (m)– ловкач

par le biais de…– посредством

déclin (m) – закат, ослабление

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