Arts et culture
Jean-Paul Belmondo raconté par ses proches
Ce n’est pas un grand film. Mais Un homme et son chien, de Francis Huster, a pour interprète principal Jean-Paul Belmondo. Ce qui en fait un événement. D’abord, parce qu’on n’avait pas vu la star au cinéma depuis l’an 2000. Ensuite, et ceci explique cela, parce que, victime d’un accident vasculaire cérébral en août 2001, Belmondo a le côté droit du visage paralysé et de grosses difficultés à se déplacer. Malgré ces handicaps et ses 75 ans, l’acteur a relevé un défi : porter, une fois de plus, un film sur ses épaules.
Un homme et son chien est l’histoire d’un vieil officier qui se retrouve à la rue, aidé par quelques-uns, délaissé par beaucoup. Du coup, on peut y voir la métaphore d’un acteur délaissé qui se refuse à abandonner la partie, alors que le monde bouge sans lui. Belmondo prouve qu’il a encore du jus, et le film touche.
Francis Huster, réalisateur d’Un homme et son chien : « Personne ne croyait que Jean-Paul accepterait ce projet. Son agent lui a néanmoins envoyé le scénario. Un peu plus tard, un rebondissement : Jean-Paul me donne rendez-vous. Et, là, il me dit : “Je le fais à une condition : tu me filmes tel que je suis. On ne triche pas. Ni sur l’image ni sur la voix.” Il ne m’offrait pas uniquement l’acteur, mais l’homme également. »
Jean-Louis Livi, producteur du film, ancien agent de Jean-Paul Belmondo : « Je me souviens du Jean-Paul qui n’a jamais peur. Sur L’Animal (1977), il refuse d’être doublé face à un tigre. Le fauve lui déchire l’oreille. Tandis que les dompteurs s’affolent et éloignent la bête, lui se relève, toujours dans la peau de son personnage. La scène a été montée telle quelle. Aujourd’hui encore, il est aux yeux de tous un symbole. Techniciens et comédiens voyaient non pas l’acteur, mais le mythe. Il était à la fois touché et gêné. L’émotion passée, le tournage a repris normalement. »
Hafsia Herzi, actrice, partenaire de Jean-Paul Belmondo : « Un mois avant le tournage, Jean-Louis Livi organise un déjeuner afin que je rencontre Jean-Paul Belmondo. Evidemment, j’étais impressionnée. Plus le film avançait, plus il était en forme. J’en ai fait mon père d’adoption. »
Georges Lautner, réalisateur : « Aujourd’hui, il est heureux et fait beaucoup plus jeune que dans Un homme et son chien. Les femmes l’approchent encore beaucoup, ce qui n’est pas pour lui déplaire. »
(d’après Christophe CARRIÈRE)