Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №10/2009

Arts et culture

Entre les murs de Laurent Cantet

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En 2008, au Festival de Cannes, le film français Entre les murs de Laurent Cantet, a été couronné à l’unanimité de la Palme d’or par le jury, salué par une ovation du public et il a vivement ému les critiques français et étrangers.

À mi-chemin entre documentaire et fiction, ce film plonge dans le quotidien d’une classe de collège parisien où un jeune professeur de français (François Bégaudeau) s’efforce d’enseigner à ses élèves une langue différente de la « tchatche ».

Marjane Satrapi, membre du jury, a déclaré que ce film va « au-delà de la banlieue et pose de vraies questions sur la démocratie ».

Entouré par les adolescents qui jouent dans son film, Laurent Cantet a déclaré : « Le film devait ressembler à la société tout entière. Il devait y avoir aussi des frictions que le film ne cherchait pas à gommer ».

Les salles de classe sont des pièces aussi mystérieuses que les chambres conjugales. Entre les murs éclaire ce mystère en mettant les outils de l’expérience directe au service de la fiction. Cette greffe est rendue possible par l’existence d’un individu qui occupe une multiplicité de positions au centre du film : François Bégaudeau en est à la fois le sujet (il a été professeur), l’inspirateur (il a écrit un roman tiré de son expérience d’enseignant), le coscénariste (avec Laurent Cantet et Robin Campillo) et l’interprète principal. Cantet impose sa mise en scène fluide et rigoureuse. Le scénario, à première vue fait d’une succession de séquences disjointes, révèle progressivement une construction dramatique intense.

Comme son titre l’indique, Entre les murs ne sort jamais de l’enceinte d’un collège du 20e arrondissement de Paris. François Marin (Bégaudeau) y enseigne le français. Le parti pris est de ne montrer qu’une seule des classes de l’enseignant, une quatrième, de septembre à juin. L’essentiel du film est consacré à des cours qui prennent un tour comique, violent ou polémique (Entre les murs fait abstraction d’une des composantes essentielles de la vie scolaire : l’ennui). Ces heures de classe sont ponctuées de réunions (de conseils de classe, entre professeurs, entre enseignants et parents).

Dans ce film sans acteurs professionnels, tout le monde joue très appuyé. Monsieur Marin veut à la fois séduire et en imposer, et se sert à loisir d’une ironie parfois cruelle pour amuser et tenir à distance ses élèves. Ces derniers, en majorité issus de l’immigration lui opposent le langage de la rue – les mots, les gestes, les vêtements. À chaque séquence consacrée à un cours, le suspense est le même : le dialogue va-t-il s’engager ? La réponse n’est jamais identique. Le film couvre en deux heures le très long cours du fossé qui sépare François Marin de ses élèves.

Cantet et Bégaudeau font travailler à plein les contradictions de l’école en France : le souci de ne pas exclure et la volonté de maintenir la discipline ; la reconnaissance de la diversité et l’enseignement d’une culture unique...

Ils n’auraient pas pu mieux faire.

(d’après la presse française)

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