Parole au rédacteur en chef

« On doit reconnaître que, dans cette célébrité grotesque,
elle n’a perdu la tête ni cette fameuse petite voix, qui fait son
charme et sa valeur, féminine et singulière, qui fait son personnage vrai. »
Jean-François JOSSELIN

1954 : une jeune fille à peine sortie de l’adolescence connaît un succès immédiat avec son premier roman, Bonjour tristesse. Elle l’avait écrit en trente-deux jours. Elle n’était pas très assurée de ce qu’elle était. L’époque non plus.

Ensuite c’est Saint-Tropez, les copains, la vie ordinaire d’une fille sympathique qui a du succès, joue aux cartes, parie sur les chevaux. Tout marche à souhait. Et en Russie, les jeunes apprennent le français d’après ses romans.

Elle publie Aimez-vous Brahms ?. Depuis son accident qui lui a fait goûter à la morphine, elle se drogue. Elle écrit Château en Suède. Elle divorce. Elle achète une maison près de Deauville. Elle écrit pour le théâtre. Elle publie Dans un mois, dans un an. Elle a du succès, un triomphe. La vie n’est pas simple. Elle publie Les Merveilleux nuages. Elle épouse Robert Westhoff, elle roule en Jaguar. Elle divorce mais continue de vivre avec Westhoff. Son fils s’appelle Denis.

Elle a beaucoup de tenue dans la vie. Et toujours du succès. Elle a trente ans. On en est à La Chamade. Elle s’achète une Ferrari. Elle publie Un profil perdu. Elle a quarante ans. Elle préside le Festival de Cannes.

Elle ne boit plus. Elle a des ennuis d’argent. Elle publie Un orage immobile.

Françoise Sagan est un écrivain qui a eu tout de suite son univers, son ton, ses personnages, qui a trouvé un large public. Les années passent. Elle écrit dans Globe. Elle signe un best-seller La Laisse. Elle habite rue de l’Université. Guy Schöeller ressort ses quatorze premiers romans dans la collection Bouquins. Elle écrit Un chagrin de passage. Puis Le Miroir égaré. Elle habite à Cajarc, ville de son enfance.

Les années ont passées. Elle n’a plus un sou, mais elle habite avenue Foch. Chez une amie.

C’est toute Sagan. Et cinq ans après son départ, nous parlons d’elle...