Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №11/2009

Arts et culture

« C’est ma faute. Je me suis ruinée la vie »

img1

Avec le réalisateur Costa-Gavras à la table
du président de la République,
François Mitterrand en 1992

L’affaire ELF qui a éclaté en 1994 a mis en lumière de nombreuses corruptions dont une partie reste encore obscure. Françoise Sagan parmi d’autres personnalités s’est retrouvée mise en cause en 1999 dans l’un des multiples volets de cette affaire et a avoué avoir joué aux intermédiaires pour le groupe pétrolier auprès de son ami de longue date François Mitterrand.

Ils avaient fait connaissance dans un avion, un an avant l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. A l’aéroport d’Orly ils sont devenus amis. Il plaît à Françoise parce qu’il est intéressant, cultivé, brillant. Ils s’entendent bien tous les deux. « Contrairement à ce qu’on croit, dit-elle, ce n’est pas dans la jeunesse qu’on rencontre ses amis, mais plus tard. » Depuis qu’il est président de la République, François Mitterrand ne l’a pas oubliée. Parfois il lui téléphone pour s’inviter à déjeuner. Ils se retrouvent avec deux ou trois convives autour d’une table simple qu’il anime d’une conversation éblouissante. Ils étaient de bons amis. Cette amitié vaudra à Sagan de nombreux ennuis.

img2

Avec son chien en 1988

L’histoire a commencé en 1991, lorsque André Guelfi, l’un des hommes d’affaires, demande à Françoise Sagan d’intervenir auprès de François Mitterrand pour favoriser l’activité d’ELF, la compagnie pétrolière en Ouzbékistan. Endettée jusqu’au cou, Sagan accepte, contre la promesse d’une commission de 5,5 millions de francs. Elle transmet directement à François Mitterrand, en 1992 et 1993, des messages en faveur du président ouzbek Islam Karimov qui est alors mal vu à Paris. Selon le fils de Sagan Denis Westhoff, seule une partie de la somme aurait été versée, sous forme de travaux dans sa maison normande, qu’elle omet de déclarer aux services fiscaux. « Dans cette histoire, on s’est servi d’elle pour blanchir de l’argent. Les travaux ont été facturés quatre millions de francs, il y en avait à peine pour le tiers », raconte-t-il. En février 2002, Françoise Sagan est condamnée à un an d’emprisonnement avec sursis, les juges ayant établi qu’elle avait dissimulé au fisc des revenus de 84 000 euros sur sa déclaration d’impôts de 1994 et 610 000 euros sur sa déclaration de 1995. Cernée par les procédures, Sagan semble aussi nulle en finances qu’en matière judiciaire.

Mais il y a aussi des affaires liées à la drogue. En mars 1990, elle est condamnée à six mois de prison avec sursis et une amende de 360 000 francs pour usage de cocaïne. En 1995, elle est à nouveau condamnée à un an de prison avec sursis et 40 000 francs d’amende, dans une affaire de drogue touchant plusieurs personnalités du show-biz. Pour couvrir toutes ces sommes, elle doit vendre ses bijoux et les plus beaux cadeaux qu’elle a reçus dans sa vie. Les droits d’auteur sur ses derniers livres sont saisis et partent directement aux impôts. Françoise Sagan est ruinée. Il ne reste qu’à vendre sa belle maison et à vivre chez son amie Astrid Mechoulam. « C’est ma faute. Je suis responsable de tout ce qui m’arrive. Je me suis ruinée la vie », résume-t-elle.

TopList