Arts et culture
Adieu Tristesse !
Le 24 septembre 2004. Ce triste jour, celle à qui on attribuait une jeunesse éternelle, qui est entrée à 19 ans dans la gloire littéraire et qui n’était jamais sortie de la célébrité depuis un demi-siècle, a quitté le monde, à l’âge de 69 ans. Les notices nécrologiques qui ont suivi la mort de Françoise Sagan étaient imprégnées du sens de l’échec. On disait que la romancière était devenue une figure tragique et pitoyable : seule, réduite à la misère, frappée par le scandale et l’alcoolisme. Evidemment, elle avait beaucoup écrit ; mais aucun de ses livres n’avait eu autant de succès, n’avait autant marqué l’histoire, que le premier, publié alors qu’elle avait à peine 19 ans.
Depuis longtemps on avait oublié l’écrivain pour ne retenir que la femme, son succès littéraire, son insouciance, l’argent qui filait entre les doigts, les mariages, les casinos, les affaires judiciaires, son éternelle cigarette, ses mèches blondes. On avait aussi oublié qu’elle mourrait un jour : elle paraissait immortelle, tant elle était personnage de roman. Avec elle on a complètement oublié que la mort faisait partie de l’ordre des choses et que la vie n’était, somme toute, qu’une aventure qui finit toujours mal.
« Il fait beau, le jour des obsèques de Françoise Sagan, le 29 septembre 2004. Derrière les barrières métalliques les habitants de Cajarc observent la vingtaine de Parisiens qui ont fait le déplacement. La grande sœur et les nièces de Françoise, les enfants de son frère Jacques, son fils Denis, le ministre de la Culture, Juliette Gréco, Bernard Franc, Florence Malraux, Brigitte Bardot. Les journalistes sont rares. Aucun éditeur ne s’est déplacé… Le cercueil arrive, aussi minuscule que celui d’un enfant.1 »
Quelques réactions suite à sa disparition
Jacques Chirac a appris avec émotion la disparition de Françoise Sagan : « Avec elle, la France perd l’un de ses auteurs les plus brillants et les plus sensibles, une figure éminente de notre vie littéraire ».
Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre de la République, a rendu hommage au sourire de Françoise Sagan : « Françoise Sagan, c’était un sourire, mélancolique, énigmatique et joyeux pourtant. Et des millions de Français éprouvent ce soir la mélancolie qu’elle leur a fait si souvent partager dans ses livres ».
Jack Lang a rendu hommage au talent de Françoise Sagan : « Nous pleurons aujourd’hui l’écrivain qui a marqué de son talent vif et ardent la littérature contemporaine et a longtemps incarné dans le monde une France de la vie et du mouvement ».
Bertrand Delanoë, le maire de Paris a déclaré : « Elle nous lègue à la fois le souvenir de la force, de ses goûts et la douceur de ce sourire dévoilé dans ses écrits, traces essentielles de son immense talent. En cet instant si sombre, son premier titre nous revient comme un écho: Bonjour tristesse. »
1 Marie-Dominique Lelièvre, Sagan à toute allure.