Univers du français
Irina TCHOUDOVA
Être enseignante de FLE au XXIe siècle : Larissa Vikoulova
Mme Larissa Vikoulova est docteur ès sciences, chargée d’études et de recherches sur l’enseignement de la théorie de la communication et de la communication interethnique. Elle est professeur de la chaire de philologie romane de l’Université pédagogique de la ville de Moscou, auteur de plusieurs publications en français. En 1983-2003, elle devient vice-présidente de l’Association des Amis de la France de la région d’Irkoutsk. En 1993-1996, elle est présidente de l’Association des professeurs de français de la Sibérie Orientale. En 2001, elle a soutenu sa thèse Aspect pragmatique de la périphérie du texte littéraire, le conte littéraire français du XVIIe siècle auprès l’Université pédagogique de Russie, à Saint-Pétersbourg. La République française lui a décerné l’ordre des Palmes Académiques en reconnaissance de ses efforts pour la diffusion de la langue française, en 2008.
Larissa Vikoulova répond aux questions de La Langue française
– En 2008 a paru votre livre sur la communication interethnique. Vous êtes la fondatrice du projet et son rédacteur. Parlez-nous, s’il vous plaît, de ce livre.
– L’idée de publier ce manuel est venue de la pratique de l’enseignement du cursus de l’interculturel aux étudiants débutants en FLE (français – langue étrangère).
On parle beaucoup du dialogue des cultures occidentale et orientale. Il a fallu donc trouver du matériel capable de mettre en évidence les points de rencontre, dans la civilisation, de peuples éloignés géographiquement, mais qui ont eu des contacts interculturels tout au long de leur histoire. Ce livre vise avant tout à faire connaître les symboles des pays de l’Union européenne, sans oublier la Russie. En même temps les auteurs du livre ont présenté les symboles des pays asiatiques tels que la Chine, la Corée et le Japon. Ils ont consacré des pages aux États se trouvant à d’autres continents (les USA, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande).
– Qu’est-ce que c’est pour vous la communication interethnique ?
– Je parlerais plutôt de la notion de communication interculturelle. Connaître les autres et les accepter tels qu’ils sont, tout en gardant nos racines culturelles, c’est la finalité du processus éducatif dans une situation de contacts interethniques. Le dialogue interculturel doit prévoir les représentations sur les pays et les peuples dont les élèves apprennent les langues, les enseignants doivent faire comprendre aux élèves la nature des stéréotypes et des préjugés en tant qu’image de l’altérité et leurs conséquences aux plans humain et social.
– Vous êtes également auteur du livre sur Charles Perrault et vous organisez des colloques consacrés à son œuvre. Pourquoi êtes-vous attirée par cet écrivain ?
– L’ouvrage que j’ai publié il y a quelques années porte en titre Les contes littéraires de Charles Perrault comme témoignage culturel et linguistique du XVIIe siècle en France. Le succès frappant et durable du modeste recueil de contes de fées paru en 1697 fait réfléchir non seulement à sa valeur intellectuelle, mais aussi intérieure concernant la culture philologique. Les histoires de Perrault gardent leur charme grâce à leur manière poétique de présenter la vérité sous une forme attrayante tout en restant un jeu qui stimule l’imagination des jeunes générations.
Le texte littéraire de l’époque classique permet de rendre les étudiants en FLE plus attentifs à l’ancrage culturel du conte du XVIIe siècle, de constater que certaines valeurs culturelles, linguistiques ne sont pas toujours les nôtres. Mais la lecture attentive de contes très connus, dès la prime jeunesse, donne aussi la possibilité d’évaluer la compréhension d’une époque éloignée, d’ouvrir à l’interculturalité par l’intermédiaire de la communication littéraire, et enfin d’ajuster les représentations du lecteur, apprenant moderne, dans un contexte linguoculturel.
– Quelles qualités selon vous doit posséder l’enseignant du XXIe siècle ?
L’enseignant moderne du FLE ne doit pas se limiter à l’enseignement des structures linguistiques mais initier ses élèves à la culture de l’Autre, créer les conditions pour la formation de nos attitudes envers les autres.
– Quels problèmes voyez-vous au développement de l’enseignement d’aujourd’hui ?
Parmi les problèmes qui se posent aux enseignants de FLE je nommerais avant tout celui de l’apprentissage des langues dans un contexte culturel et pragmatique, et celui de la confection d’outils pédagogiques capables de former chez les apprenants une compétence communicative biculturelle voire multiculturelle.
Pour avoir plus de détails, adressez-vous au site de l’Université pédagogique de la ville de Moscou www.mgpu.ru, notamment aux pages consacrées à notre faculté.