Je vous salue, ma France
Fontainebleau
La mémoire
Antoine Alphonse MONTFORT.
Les Adieux de Fontainebleau
Peut-on évoquer Fontainebleau en ignorant « les Adieux de Fontainebleau » ? Le 20 avril 1814, l’Empereur Napoléon, qui venait d’abdiquer et de tenter de se suicider, et avant de partir en exil à l’île d’Elbe y a fait ses adieux à sa garde lors d’une cérémonie poignante, qui a laissé sa trace dans l’histoire. Comment « l’Aigle qui volait de victoire en victoire » comme le prétendait sa légende en était arrivé là ? Moins de dix-huit mois plus tôt, il s’était lancé, à la tête de la Grande Armée (600 000 hommes) à l’assaut de l’immense Russie. Il était même devenu maître quelque temps du Kremlin, mais il avait dû, face à « la politique de la terre brûlée » de ses adversaires entamer « la retraite de Russie ». Il était revenu à Paris en ayant perdu 95 % de ses hommes et tous ses canons. Quelques mois plus tard, ce furent les troupes d’Alexandre Ier, aidées de celles d’Autriche et de Prusse qui atteignirent Paris. L’Empire était mort : Napoléon Ier n’était plus que « l’empereur de l’île d’Elbe », une île minuscule au large de l’Italie.
Mais même si « les Adieux » sont une des pages les plus connues de Fontainebleau, ils ne cachent pas la riche histoire de ce lieu, parfois appelé « la capitale de l’Histoire de France ». En effet, il n’existe aucun autre château royal en France qui puisse se vanter d’avoir accueilli 34 souverains, de Louis VI le Gros (au XIe siècle) à Napoléon III (au XIXe).
Le site
Fontainebleau se situe à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Paris. La première mention de son nom a été faite dans une charte du roi Louis VII le Jeune en 1137. Mais Fontainebleau, c’était quoi initialement ? C’était d’abord une superbe forêt (170 kilomètres carrés aujourd’hui) où le gibier était trop nombreux, ce dont se plaignaient les riverains ; aussi les nobles, les seuls autorisés à chasser, prirent l’habitude d’assouvir là leur passion. L’originalité de cette forêt tient pour beaucoup de son histoire géologique. La mer qui recouvrait le bassin parisien à la fin de l’ère tertiaire y a déposé sur près de 60 mètres d’épaisseur, un sable blanc, fin et d’une grande pureté, lui-même recouvert par une dalle de grès de 4 à 5 mètres d’épaisseur, de sédiments calcaires et de limons apportés par les vents. Puis l’érosion a façonné le massif, entraîné en certains endroits, les sédiments superficiels, fracturé la dalle de grès. Ainsi se sont créés des paysages variés :
- les grands plateaux encore intacts recouverts par les hautes futaies de chênes et de hêtres ;
- des plaines peu fertiles maintenant plantées de pins ou de chênes de taillis sous futaies ;
- et entre les deux les monts érodés où la dalle de grès décapée s'est disloquée en constituant le chaos rocheux de Fontainebleau, domaine de la lande à bouleaux. Sur les blocs de grès horizontaux et à nu, appelés platières, l'eau de pluie ne s'écoule pas et donne naissance à des mares pittoresques, alors qu’entre les platières, les fonds sableux, filtrants sont toujours à sec ;
- au nord de la forêt, les affleurements argileux donnent naissance à des plateaux plus humides avec les grandes futaies de chênes et des ruisseaux qui drainent les eaux de surface vers des mares.
Ainsi ont été façonnés au cours des âges des paysages variés, ainsi que des curiosités naturelles nombreuses, grottes, sources, points de vue, arbres séculaires, chaos rocheux... Enfin, la grande densité des allées forestières et le sol perméable permettent partout des promenades à pied, et toute l’année.
Le château
Fontainebleau ça a donc d’abord été une forêt, mais une forêt où il faisait bon chasser et bon vivre. Tous les souverains français sont venus là : la cour s’y déplaçait principalement en automne, à la saison des chasses. C’est là que la vénerie (chasse à courre, avec des chevaux et des chiens, au son des cors et des cornes de chasse) s’est principalement développée. Mais que signifie le nom de Fontainebleau ? Bien des polémiques ont cours à ce sujet, mais l’origine du nom demeure bien incertaine. Tout ce qu’on sait à coup sûr, c’est que forêt et château y sont liés depuis des siècles : un premier château médiéval, un château fort, y fut construit au début du XIIIe siècle dans une clairière de la forêt. Il n’en reste que le donjon, situé dans l’actuelle « cour Ovale ». Ensuite, les rois de France Philippe-Auguste (1165-1223) et Saint Louis (1214-1270) y construisirent des manoirs, et c’est là que le futur roi Philippe le Bel (qui en vieux français signifie « Philippe le Beau ») y naquit en 1268, et y décéda d’une chute de cheval en 1314. En 1259, Saint Louis (Louis IX, le fondateur de la Sainte-Chapelle à Paris) a installé dans ce qu’il appelait « ce désert », un couvent-hôpital, qu’il a confié à l’ordre des Trinitaires.
Mais le grand artisan de la magnificence de Fontainebleau est le roi François Ier (1495-1547), à l’époque de la Renaissance. Il aimait ces lieux et il se sentait là « chez lui ». Il entreprit donc, à compter de 1528 la reconstruction et la rénovation du château. Du château fort original, il ne conserva que le donjon. Il fit bâtir la porte Dorée, la salle de bal et la chapelle Saint-Saturnin (sur la cour Ovale) et aussi, sur un terrain racheté aux Trinitaires, les bâtiments qui entourent l’actuelle cour du cheval blanc ; il fit bâtir ensuite la galerie dite de François Ier pour relier ses appartements à la chapelle.
La galerie fut décorée entre 1533 et 1539 par le peintre florentin, Rosso (1494-1540) ; elle est longue de 60 mètres et large de 6. Son iconographie, nourrie de références à l’Antiquité, se veut une exaltation du pouvoir royal et une réflexion morale et religieuse : la galerie est une illustration du bon gouvernement du roi, qui évite les dangers et recherche la paix et la concorde. François Ier était très fier de sa galerie dont il gardait la clé sur lui : il parlait avec admiration non seulement des stucs et des peintures mais aussi du parquet et du plafond de bois de diverses couleurs.
La salle de Bal devait être à l’origine une loggia à l’italienne ouvrant sur la cour Ovale et sur les jardins, et couverte d’une voûte en berceau. À la mort du roi, le projet fut repris par son fils Henri II (1519-1559), et transformé par l’architecte Philibert Delorme. Celui-ci préféra à la voûte un riche plafond à caissons, inspiré des modèles italiens : l’exécution en fut confiée, en 1550, au menuisier Francisco Scibec de Carpi. Philibert Delorme dessina également la cheminée monumentale. Le décor des fresques fut imaginé par Primatice et exécuté par une équipe dirigée par Nicolo dell’Abbate, à partir des années 1550. De nombreuses fêtes et festins se déroulèrent dans cette salle jusque sous le règne de Louis XIII, puis de nouveau au XIXe siècle.
En plus de ses constructions, François Ier réunit à Fontainebleau des collections des plus variées : des peintures de Léonard de Vinci (dont La Joconde), d’Andréa del Sarto, de Raphaël, des sculptures, des tapisseries, des pierres précieuses et des « curiosités » : à l’époque Fontainebleau était un foyer artistique où l’on venait de toute l’Europe. Ces collections ont rejoint aujourd’hui le Louvre (à Paris) et la Bibliothèque nationale.
Mais François Ierne se contenta pas de s’intéresser au château et à ses collections, il décida également de reconstituer la forêt, victime des bovins des paysans du voisinage et d’un gibier trop nombreux. C’est lui qui décidа de l’implantation de pins maritimes.
L’évolution du château
Après la mort de François Ier, Henri II et ensuite son épouse Catherine de Médicis, qui fut régente pendant la minorité de ses deux fils, les rois François II et Charles IX poursuivirent l’œuvre de François Ier : le château fut embelli et agrandi. Puis tous les autres souverains en firent de même, en y laissant chacun son empreinte.
La cour du Cheval blanc
La cour du Cheval blanc
C’est aujourd’hui la cour d’entrée principale du château. Elle a été construite par François Ier, dans les années 1530, à l’emplacement du couvent-hôpital de Saint Louis. Elle fut conçue comme un espace clos, entouré de bâtiments sur ses quatre côtés, bâtiments en grès, en briques et en moellons enduits. De l’ensemble, achevé vers 1542, subsistent aujourd’hui l’aile principale, remaniée jusqu’au XIXe siècle, qui domine l’ensemble et contient la chapelle de la Trinité, et l’aile nord comprenant seulement un rez-de-chaussée et un comble. Au sud, le corps de bâtiment qui abritait à l’étage une galerie a été remplacé par une aile de logements sous le règne de Louis XV. La grille d’honneur, richement ornée d’emblèmes napoléoniens, a succédé en 1808 à une aile semblable à l’aile nord, dégageant ainsi la vue sur la cour depuis l’extérieur.
Malgré sa destination première de basse-cour, ou cour des Offices, la cour du Cheval blanc s’affirma très vite comme l’un des espaces majeurs du château. La construction, à la fin du règne de Henri II de l’escalier en fer à cheval, rebâti en 1632-1634 par Jean Androuet du Cerceau, magnifia le centre de l’aile principale ; tandis qu’un moulage en plâtre d’après la statue équestre antique de Marc-Aurèle à Rome, érigé au centre de la cour entre 1560 et 1570, lui donna le nom de cour du Cheval blanc. La cour porte aussi le nom de cour des Adieux en souvenir de la cérémonie du départ de Napoléon pour l’île d’Elbe qui se déroula au pied de l’escalier.
La cour de la Fontaine
La cour de la Fontaine
Située devant l’étang des Carpes, la cour de la Fontaine est limitée par trois ailes construites à des époques différentes. L’impression d’unité est donnée par l’utilisation d’un même matériau, la pierre de Saint-Leu, et l’ordonnancement général des façades. L’aile du fond de la cour est la plus ancienne : élevée à partir de 1528, elle abrite au premier étage la galerie François Ier ; originellement en grès et enduit elle a été recouverte de pierre de taille sur le modèle de l’aile ouest, tandis que la galerie en terrasse qui la borde date d’Henri IV. L’aile ouest dite des Reines-Mères, car celles-ci y avaient leur appartement, a été édifiée de 1558 à 1566 sous la direction de Philibert Delorme puis de Primatice. Le gros pavillon d’angle qui la termine a remplacé en 1750 un premier pavillon du XVIe siècle ; œuvre de l’architecte Ange-Jacques Gabriel, son décor est inspiré de l’art de Versailles. L’aile dite de la Belle Cheminée, à l’est, a été conçue de manière grandiose par Primatice (vers 1565-1570). Cet édifice est l’un des plus remarquables exemples de l’architecture française du XVIe siècle et fait la synthèse des arts de la France et de l’Italie. Son originalité lui vient des deux escaliers à rampe droite, inspirés peut-être par les réalisations de Bramante au Vatican ou de Michel-Ange au Capitole.
Le nom de cour de la Fontaine vient d’une première fontaine élevée en 1541 par Primatice et surmontée d’une statue d’Hercule par Michel-Ange. La fontaine actuelle date de 1812. La statue d’Ulysse par Petitot (1819) y a été placée en 1824.
Le jardin Anglais
Le jardin Anglais
Le jardin Anglais a pris sa forme actuelle à partir de 1812. Auparavant plusieurs jardins s’étaient succédés à son emplacement dont le jardin des Pins de François Ier. En très mauvais état après la Révolution, ce jardin fut entièrement renouvelé par Napoléon Ier qui commanda un jardin pittoresque à l’architecte du palais, Maximilien Joseph Hurtault. Il fut aménagé dans la tradition des jardins anglais du XVIIIe siècle, d’où son nom.
Une rivière artificielle, des allées sinueuses, des bosquets ou des arbres isolés d’espèces variées, des sculptures renouvellent à chaque instant l’agrément de la promenade. Les arbres visibles aujourd’hui, dont les plus anciens ne remontent pas au-delà du milieu du XIXe siècle, appartiennent néanmoins pour la plupart aux espèces plantées du temps de Napoléon. On peut ainsi admirer des épicéas, des cyprès chauves, des tulipiers de Virginie ou des sophoras du Japon.
Un bassin, niché au creux d’un bosquet vers le fond du jardin, marque l’emplacement de la légendaire fontaine Belle Eau qui aurait donné, selon une légende, son nom au château.
Le Parc et le Grand Parterre
Le Grand Parterre
Au sud du château, le Grand Parterre dessiné par Le Nôtre est le plus vaste que celui-ci ait jamais réalisé, et il est la quintessence même du jardin à la française. Aménagé de 1660 à 1664, il comportait à l’origine des broderies de buis qui formaient des rinceaux autour des chiffres de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche, et qui disparurent dès le XVIIIe siècle. Sous Napoléon Ier, les terrasses qui l’entourent furent plantées de tilleuls.
Du Grand Parterre la vue embrasse une partie du château, depuis la porte Dorée avec ses loggias superposées à l’italienne, jusqu’aux bâtiments de la cour des Offices en grès, briques et moellons enduits, en passant par la salle de Bal aux grandes baies vitrées, la chapelle Saint-Saturnin et la porte Dauphine (coiffée d’un dôme). Le bassin central est orné d’une large vasque (1817), qui a succédé à une fontaine en forme de rocher dite le « Pot bouillant » qui se trouvait là au XVIIe siècle.
En contrebas, à l’est, on domine le bassin des Cascades, orné en son milieu depuis 1866 d’un Aigle en bronze défendant sa proie bronze, et l’on aperçoit le parc de plus de 80 hectares, constitué sous Henri IV et traversé par le grand canal de près de 1200 mètres, creusé de 1606 à 1609.
Le jardin de Diane
La fontaine de Diane
Créé dès le règne de François Ier, il connut plusieurs aménagements du temps de Catherine de Médicis (régente au décès de son époux Henri II), d’Henri IV et de Louis XIV. Son aspect actuel remonte aux travaux de Napoléon Ier et de Louis-Philippe Ier, qui le firent réaménager dans le style pittoresque.
Il a pour principal ornement la fontaine de Diane qui lui a donné son nom. Edifiée par Francini en 1603, dépouillée d’une partie de ses bronzes sous la Révolution, restituée partiellement par Napoléon Ier en 1813, elle a retrouvé en 1964 son aspect d’origine. La statue de Diane d’après l’antique, que l’on voit actuellement date de 1684 et vient de Marly ; elle a remplacé en 1813, le bronze d’origine de Barthélémy Prieur (exposé aujourd’hui dans la galerie des Cerfs). Les chiens et les têtes de cerfs sont du sculpteur Pierre Biard (1603).
C’est dans ce jardin que furent placés au XVIe siècle certains des bronzes d’après l’antique fondus sous la direction de Primatice, qu’on peut encore admirer, exposés dans la galerie des Cerfs, Le Laocoon et L’Ariane endormie. Leur célébrité valut à Fontainebleau l’appellation de « nouvelle Rome ».
La chambre des Souveraines
La chambre des Souveraines
La chambre des Souveraines apparaît de nos jours telle qu’elle a été aménagée pour l’impératrice Joséphine (épouse de Napoléon Ier) entre 1805 et 1807 ; mais son décor correspond à plusieurs époques. Le riche plafond en bois doré a été exécuté pour Anne d’Autriche (épouse de Louis XIII) en 1644, mais l’alcôve, la cheminée de marbre, le trumeau de glace et une partie des lambris datent de Marie Leczinska (épouse de Louis XV). Les portes peintes en faux acajou à décor d’arabesques et les dessus de porte en trompe-l’œil imitant des bas-reliefs datent des transformations effectuées pour Marie-Antoinette (épouse de Louis XVI) en 1787, de même que le lit. L’ameublement de la chambre se fit avec le souci de retrouver l’esprit de l’Ancien Régime, ce qui explique la présence de la balustrade. Il ne fut pratiquement pas modifié jusqu’à la fin du second Empire. Les murs sont recouverts d’un lampas broché, retissé à l’identique et qui garnit aussi les fauteuils d’apparat attribués à Jacob Frères et les tabourets livrés par Jacob-Desmalter.
La salle du Trône
La salle du Trône
L’ancienne chambre du roi était la salle la plus importante du château. Avant la Révolution, la chambre et le lit du roi symbolisaient le pouvoir du souverain. Elle fut transformée par Napoléon Ier en salle du Trône. Comme pour la chambre de l’Impératrice, le décor a subi plusieurs modifications. La partie centrale du plafond, la plus ancienne, date du milieu du XVIIe siècle et celle au-dessus du trône de la fin du règne de Louis XIV. Sous Louis XV, lors des agrandissements réalisés en 1752-1754, on réutilisa certains éléments anciens, mais on en créa de nouveaux, typiquement rocailles, comme les grands panneaux de boiseries, face au trône, chantournés par le haut et le bas. Le mobilier mis en place sous Napoléon Ier mêle des meubles Empire (trône, consoles, candélabres, etc...), exécutés d’après des dessins des architectes Percier et Fontaine par l’ébéniste Jacob-Desmalter, à des sièges (pliants) Louis XVI. Au-dessus de la cheminée, le portrait de Louis XIII, de l’école de Philippe de Champaigne, a été placé en 1837 en souvenir de celui qui existait sous l’Ancien Régime, et qui fut brûlé à la Révolution (Napoléon Ier avait fait placer son propre portrait par Robert Lefèvre).
La chapelle de la Trinité
La chapelle de la Trinité
L’édifice actuel, construit au XVIe siècle sous les règnes de François Ier et d’Henri II, a succédé à la chapelle d’un couvent, fondé par saint Louis et confié à l’ordre des Trinitaires (d’où son nom) pour y établir un hôpital.
Le décor de la voûte a été confié par Henri IV au peintre Martin Freminet et terminé vers 1608. Son thème est consacré à l’histoire de la rédemption de l’homme depuis L’Apparition de Dieu à Noé (au-dessus de la tribune) jusqu’à L’Annonciation (derrière le maître-autel). Au centre, le Christ du jugement dernier. Le fils d’Henri IV, le futur Louis XIII, âgé de 7 ans, grimpait dans les échafaudages pour contempler le travail du peintre avec qui il apprit à dessiner.
Le maître-autel (dont l’année de la dédicace, 1633, est inscrite au fronton) est l’œuvre du sculpteur italien Francesco Bordoni, qui réalisa aussi le dallage en marbre du sol. Bordoni a donné les traits de Louis XIII à la statue de saint Louis (à droite de l’autel) et ceux d’Henri IV à celle de Charlemagne (à gauche). Le tableau d’autel (1642) a été peint par Jean Dubois et représente la sainte Trinité au moment de la déposition de croix.
Les balcons sans ornements, de part et d’autre de l’autel, étaient destinés aux musiciens et chanteurs.
Dans cette chapelle eurent lieu plusieurs événements historiques : le mariage de Louis XV avec une princesse polonaise, Marie Leczinska (1725), le baptême du futur Napoléon III (1810), le mariage du fils aîné de Louis-Philippe, le duc d’Orléans, avec une princesse allemande, Hélène de Mecklembourg-Schwerin (1837).
Les Petits appartements
La bibliothèque de l’Empereur
Situés au rez-de-chaussée du château, ils ont été aménagés à partir de 1808 à la demande de Napoléon Ier, dans les anciens petits appartements du roi. On trouve successivement un appartement d’habitation pour l’empereur, suivi de pièces à usage de bureau et, faisant suite un appartement pour l’impératrice, occupé d’abord par Joséphine puis à partir de 1810 par Marie-Louise (seconde épouse de Napoléon Ier). Comme sous l’Ancien Régime ces petits appartements permettaient au souverain de mener une vie privée, hors des contraintes de la vie de cour (qui se déroulait dans les grands appartements). Le petit appartement de l’Empereur comprend entre autres une chambre et deux salons, une bibliothèque et un cabinet topographique, ainsi que des pièces pour les collaborateurs les plus proches comme le secrétaire. Dans le petit appartement de l’Impératrice, les pièces les plus privées sont le boudoir (qui faisait office de salle de bains), la chambre et le salon d’étude (dans lequel Marie-Louise pouvait s’adonner à la peinture, la musique ou la broderie). L’ameublement des petits appartements, assez bien préservé, illustre dans plusieurs pièces, l’apogée du style Empire.
Salon et Musée chinois de l’Impératrice Eugénie
Le musée chinois
Agréablement situées au rez-de-chaussée du château, ouvrant directement sur l’étang des Carpes, le jardin anglais et la cour de la Fontaine, ces quatre salles ont été aménagées en 1863 à la demande de l’impératrice Eugénie. D’importants travaux furent nécessaires pour créer une antichambre, un salon-galerie, un grand salon et le Musée chinois. Dans ces pièces l’impératrice fit disposer selon ses directives, des objets d’art d’Extrême-Orient, rapportés de Chine à la suite du sac du palais d’Été lors de l’expédition franco-anglaise de 1860, ou donnés par les ambassadeurs de Siam à l’occasion de leur réception à Fontainebleau en 1861. Ces salons, au décor typiquement second Empire, servirent principalement aux soirées intimes de la Cour. Ils ont été entièrement restaurés en 1991.
Musée Napoléon Ier
Ouvert au public depuis 1986, le musée Napoléon Ier occupe plusieurs salles de l’aile Louis XV. Il est constitué de souvenirs historiques ayant trait à Napoléon et à sa famille pendant la durée de l’Empire (1804-1815), et constitue un complément indispensable à la visite des grands et des petits appartements. Peintures, sculptures, mobilier et objets d’art, pièces d’ameublement, armes et décorations rappellent le souvenir de la famille impériale autant qu’ils témoignent de la richesse et de la diversité des arts décoratifs du premier Empire. Les œuvres exposées permettent d’évoquer tour à tour Napoléon empereur des Français et roi d’Italie, les fastes de la table impériale, les cadeaux faits à l’Empereur, sa vie en campagne et sa vie quotidienne, tandis que l’impératrice Marie-Louise, le roi de Rome, Madame Mère et les frères et sœurs de Napoléon sont représentés par des portraits ou des objets leur ayant appartenu.
Fontainebleau dans « l’histoire »
Outre la naissance et la mort de Philippe le Bel et « les Adieux », un certain nombre d’événements royaux, impériaux et républicains eurent lieu à Fontainebleau :
• la signature du contrat de mariage entre Jean de France (futur Jean II le Bon) et de Bonne de Bohême en 1332 ;
• la naissance et le baptême de François II, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis en 1544 ;
• la naissance d’Henry III, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis en 1551 ;
• la naissance de Louis XIII, fils d’Henri IV et de Marie de Médicis en 1601 et son baptême en 1606 ;
• la naissance de Louis, Dauphin (héritier du trône), fils de Louis XIV et de Marie-Louise d’Autriche en 1661 ;
• la révocation de l’Édit de Nantes (qui tolérait la religion protestante) en 1685 : les protestants deviennent hors-la-loi ;
• la mort du Grand Condé, Maréchal de France en 1686 (sous Louis XIV) ;
• la visite du Tsar Pierre le Grand en 1717 ;
• le mariage de Louis XV et de Marie Leczinska, fille du roi de Pologne Stanislas Leczinski en 1725 ;
• la mort du Dauphin, le fils unique de Louis XV et père du futur Louis XVI, en 1765 ;
• le baptême du futur Napoléon III en 1810 ;
• la résidence surveillée du pape Pie VII en 1812 ;
• la signature du concordat entre la France et le Pape en 1813 ;
• la libération du pape Pie VII en 1814 ;
• le mariage du duc d’Orléans, fils du roi Louis-Philippe Ier en 1837 ;
• l’attentat raté contre le roi des Français Louis-Philippe Ier en 1846 ;
• l’occupation du château par les Prussiens en 1870 ;
• le départ des Prussiens en 1871 ;
• l’installation du commandement de l’OTAN dans une partie du château ;
• le départ du commandement de l’OTAN pour la Belgique en 1966.
Fontainebleau est connu depuis plus de huit siècles. Son époque « vivace » a commencé avec François Ier, qui a décidé d’y construire un château « moderne », et elle s’est terminée avec Napoléon Ier, qui en était tombé amoureux. Et c’est lui, de son exil à Sainte-Hélène (dans « les mers du sud ») qui en a sans doute donné la plus belle définition : « Voilà la vraie demeure des rois, la maison des siècles ».
(La publication est préparée par Alevtina KOZINA
et Gilles LEBOUCQ.)