Arts et culture
Gréta TCHESNOVITSKAYA
Anna Akhmatova (1899-1966) : le 120ème anniversaire de la naissance
Il y a 120 ans est née Anna Akhmatova, poétesse russe, devenue icône de la douleur humaine. Née à Odessa en 1899, elle a traversé les épreuves de sa vie, portant la mort de son mari Nikolaï Goumilev, fusillé en 1921, et la longue détention en GOULAG de son fils Lev Goumilev, arrêté en 1933 ; de ses amis exécutés, comme Ossip Mandelstam, ou traqués, comme Boris Pasternak ou Marina Tsvetaïeva. La douleur l’accompagnait toute sa vie, et malgré la grâce souriante de ses premiers poèmes centrés sur les relations amoureuses, c’est bien de la souffrance qu’elle devra témoigner.
Née Anna Andreyevna Gorenko, sa recherche de symboles la fera choisir le nom de son arrière-grand-mère maternelle. Odessa et la mer Noire la marqueront bien moins que Saint-Pétersbourg, sa ville d'adoption, dont elle devint le symbole. Mariée avec son ami d'enfance Nicolaï Goumilev en 1910, elle fut admise dans les cercles littéraires ou sa forte personnalité s'imposa bien vite. Son charisme, sa séduction firent autant que ses poèmes. Sa tentation de la vie brillante l'amena dans de nombreux voyages, dont Paris où Amedeo Modigliani lui fut alors très proche et a fait une série de ses portraits. Très vite dégagée du symbolisme, Anna Akhmatova a créé une langue poétique basée sur des rythmes souples, des rimes riches, et surtout d'un vocabulaire limpide et simple. La révolution d’Octobre fut la fin de son monde et de ses amis. La suite se tissa logique : exécution en 1921 de son premier mari Nicolaï Goumilev, interdiction d'écrire et de publier, flicage, tout fut employé contre elle. Mais jamais elle ne céda au régime stalinien. Interdite de publication, traquée par la police et par les déportations ou la mise à mort de ses proches, elle s’oppose par la force de ses poèmes. Sa voix reste unique, originale et envoûtante.