L’arc-en-ciel
Hubert Ben KEMOUN
Êtes-vous bien mes vrais parents ?
Hubert Ben Kemoun
– Les yeux de mes parents sont marron, c’est pour cela que les miens sont marron aussi ! a déclaré Farid pendant la recréation de l’après-midi.
– Moi, j’ai les yeux bleus de mon père ! a expliqué Hugo.
– Les miens sont aussi verts que ceux de ma mère ! a poursuivi Lucien.
Depuis le début de cette discussion, j’essayais de me souvenir de la couleur des yeux de mes parents. Mais j’avais beau penser à ma mère assise en face de moi au petit déjeuner ce matin, aux photos encadrées dans le couloir… je ne trouvais pas.
– Et toi, Nico ?
Ils allaient se moquer de moi si je leur avouais la vérité. Pour qu’ils me fichent la paix, j’ai lancé au hasard :
– Ma mère a les yeux verts comme des émeraudes !
– Et ton père ? Quelle couleur ? m’a demandé Hugo.
– Marron ! ai-je répondu, toujours au hasard.
– Tu es sûr ? Toi, tu as les yeux bleus…
Hugo m’énervait, voilà qu’il jouait les inspecteurs de police.
– Ce sont mes parents, je sais ce que je dis ! ai-je fait sèchement.
– Non, ils ne doivent pas être tes vrais parents ! m’a-t-il répliqué.
– Tu es peut-être adopté ! a dit Pierrick.
Adopté ? ! Pas mes parents ? ! Je n’avais plus que cela en tête pendant la dernière heure de classe. J’ai quitté l’école sans attendre Farid. J’ai couru vers la maison, un poids énorme pesait sur mon cœur. Il fallait que je sache la véritable couleur des yeux de mes parents !
Mon père revenait de la crèche avec mon frère Jonathan lorsque je suis arrive à la maison. J’ai tressailli quand j’ai vu qu’il avait effectivement les yeux marron foncé…
– Ça ne va pas, Nicolas ? m’a-t-il demandé.
Pour toute réponse, j’ai filé au salon embrasser ma mère.
– Tu as passé une bonne journée, mon chéri ?
Le monde s’est écroulé sur moi… ses yeux étaient également marron ! Pierrick avait raison ! Comment quatre yeux marron pouvaient-ils donner des yeux bleus ? Et ceux de mon petit frère ?... Marron aussi ! C’était la preuve… Mes parent n’étaient pas mes vrais parents !
A table, papa était d’excellente humeur. Il n’arrêtait pas de faire des blagues qui amusaient ma mère. Jonathan avait des tas de choses à raconter de sa journée. Moi, je me taisais et je ne pouvais rien avaler.
Au dessert, comme un plongeur s’élance dans le vide, j’ai posé ma terrible question :
– Quand je suis né… est-ce que vous êtes sûrs de ne pas vous être trompés de bébé ?
Mon père m’a regardé d’un drôle d’air avant de répondre :
– Trompé de bébé ?... Si, bien sûr ! Il y avait plein de naissances cette nuit-là. Notre bébé était si fripé, si rouge, si moche que nous l’avons échangé avec un autre, plus mignon, plus propre… c’était toi !
– Arrête de dire des bêtises ! l’a sermonné ma mère en riant.
Mais je n’entendais plus rien. Ni leurs rires, ni le baragouinage de Jonathan.
Ils avaient avoué, je n’étais pas leur vrai fils !!!
Tatiana SLASSINOVA
Fiche pédagogique
VOCABULAIRE
avoir beau à faire – напрасно пытаться что-либо делать
ils allaient se moquer de moi si je avouais la vérité – oни посмеялись бы надо мной если бы я им сказал правду
un poids énorme pesait sur mon cœur – кошки скребли у меня на сердце
il fallait que je sache – Нужно было чтоб я знал
faire des blagues – шутить
sermonner – отчитать, ругать
le baragouinage –трескотня
DEVOIRS
1. Dis si les phrases ci-dessous correspondent au contenu du texte. Si c’est faux, donne la bonne réponse :
- Nico va à la crèche
- Nico a un frère aîné.
- Farid, Hugo, Pierrick et Lucien sont les copains de Nico.
- Leur discussion énerve beaucoup Nico
- Nico oublie la couleur des yeux de ses parents.
- La couleur des yeux de Nico se distingue des yeux de ses parents.
- A table, Nico ne peut rien avaler puisqu’il n’aime pas le poisson.
- Papa amuse maman en faisant des bêtises.
- Jonathan, le copain de Nico, a des tas de choses à raconteur de sa journée.
- Au dessert, Nico apprend qu’il est adopté.
2. [Ø] Attention à ta prononciation. Dis vite :
Deux yeux bleus pleurent
sur les œufs des bœufs peureux.
3. Les expressions avec le mot « les yeux » sont nombreuses. Comment comprends-tu cette phrase ?
Je n’ai pas les yeux dans ma poche.
4. Apprends ces expressions :
poudre les yeux – tromper
n’avoir pas froid aux yeux – avoir du courage
bon pied bon œil – être en bonne santé
à l’œil – gratuitement
ouvrir l’œil – être attentive
être tout yeux tout oreilles – être très attentive
5. Traduis ces proverbes :
Qui sait dire et écrire a quatre yeux.
Un bon avis vaut un œil dans la main.
6. Fais entrer les expressions et proverbes dans le récit sur ta leçon de français.
7. Nous héritons des traits de nos parents, mais aussi de ceux de nos grands-parents ! C’est ainsi pour les cheveux, la peau, les yeux et même le caractère ! Et toi, à qui ressembles-tu ?
8. Un petit concours. Permettez-moi de me présenter. Celui dont le récit est le plus long gagne.
9. Parle des souvenirs d’enfance. Comment étais-tu quand tu avais le même âge que le héros de ce texte ?
10. Lis cette poésie :
Si la sardine avait des ailes,
Si Gaston s’appelait Gisèle,
Si l’on pleurait lorsque l’on rit.
Si le pape habitait Paris.
Si l’agneau dévorait le loup,
Si les Normands parlaient zoulou,
Si la mer Noire était la Manche,
Et la mer Rouge la mer Blanche,
Si le monde était à l’envers,
Je marcherais les pieds en l’air…
A toi de continuer !
11. La vie des enfants abandonnés est bien triste. Dans quel roman et de quel auteur on fait connaissance avec un garçon habillé en blouse de femme et en pantalon d’homme. Quand il revenait chez soi on lui demandait : « D’où viens-tu ? » Quand il s’en allait : « Où vas-tu ? » Comment s’appelait ce garçon ?
12. Ce récit n’est pas achevé. A toi le finir. Comment Nico réussit à comprendre enfin qu’il a de vrais parents ?