Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №20/2009

Les Routes de l’Histoire

Igor SHTANEV

Les Russes en Provence de 1769 à 2009

img1

Pour un Russe aller à Paris, c’est comme pour un musulman aller à la Mecque. Mais, si Paris avait la réputation du café1 d’Europe, la Provence, était connue grâce à sa riche histoire méditerranéenne, au climat bénéfique pour la santé et au luxe lancé par la mode de la Belle époque2, particulièrement sur la Côte d’Azur.

Qui sont ces Russes et quels trésors spirituels ou matériels cherchaient-ils dans ce coin du Paradis ? Comment appréciaient-ils cette terre d’accueil de la douce France, en comparaison avec leur pays natal, la Russie, où le climat rigoureux, la rigidité de la société, parfois même le désordre de la vie publique régnant en Dieu3 tout puissant poussant ces gens-là aller explorer d’autres lieux.

Nous allons survoler en quelques brèves épisodes des transferts interculturels dans l’histoire mouvementée des relations d’amour, d’amitié, parfois des discordances d’opinions de l’Ours et du Coq, qui se rencontraient et se côtoyaient tout au long des XVIIIe-XXIe siècles sous le ciel d’azur provençal.

En guise de préambule

Sans entrer trop dans les détails historiques et géographiques notons que la Provence a été léguée à la France en 1481 et nous parlerons de la Provence surtout comme de la région administrative de France : Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont le chef-lieu est Marseille.

La définition « les Russes en Provence » englobe toutes les catégories confondues des ressortissants de la Russie ou de l’ex-URSS sans aucune distinction de race4 ou d’orientation politique et sociale. Le critère de sélection était le fait que ces Russes sont passés par la Provence et y ont laissé une trace spirituelle ou matérielle de leur passage : des livres, des tableaux de peinture ou d’autres marques de leur présence gravée dans la mémoire collective.

Ces curieux voyageurs, Russes d’origine, Provençaux d’adoption, étaient des écrivains, des hommes publiques, des révolutionnaires, des peintres, des hommes d’affaires… bref tous ceux qui ont apporté leur contribution aux rapports franco-russes tout au long des deux siècles et demi.

Présenter un panorama bref et pertinent des innombrables sphères d’activité des Russes en Provence était une gageure. Il va de soi que ceci n’est pas une liste exhaustive des célébrités russes qui ont vécu sur la terre provençale. Un lecteur curieux rendra un grand service à la rédaction de La Langue française de faire connaître d’autres personnalités ou bien des histoires en relation avec la problématique « Les Russes en Provence ».

Un petit rappel comment se sont nouées les relations franco-russes : Henri Ier avait épousé en 1051 en secondes noces, Anne de Kiev, fille de Iaroslav, grand duc de Kiev ; Pierre le Grand en 1717, le futur Paul Ier en 1782, Nicolas II en 1896 avaient visité la France ; les troupes russes d’occupation avaient installé leurs bivouacs5 sur les Champs-Élysées en 1814. Une élite intellectuelle et mondaine russe s’est installée au XIXe siècle sur la Côte d’Azur. Plusieurs vagues d’émigration ont conduit beaucoup de Russes vers cette terre promise, particulièrement vers la Provence.

Les hommes de lettres russes en Provence

C’est pour une raison ou une autre, que chaque Russe allait en Provence, mais ils étaient guidés tous par l'idée que : « Les voyages améliorent les sages et empirent les sots ». Ils ont quitté leurs pays natal pour se débarrasser des préjugés et voir de leur propres yeux une autre civilisation.

Dans la satire de Voltaire écrite en 1760, Le Russe à Paris, un Russe a bien répondu à la question d’un Parisien pourquoi il est venu en France :

« Je viens m’éclairer, m’instruire auprès de vous ; Voir un peuple fameux, l’observer, et l’entendre. »

Un autre écrivain français contemporain de Voltaire, L-S. Mercier, définit un Russe en France, comme quelqu’un « qui court, qui se faufile partout. Il écoute, il est souple, poli… il écrit tous les soirs ce qu’il a entendu ».

Ekaterina Romanovna Dachkova
(1743-1810)

img2

Une femme aux talents très divers, Dachkova était justement une telle personnalité de la noblesse russe : instruite, bien éduquée parlant parfaitement bien le français et l’anglais. C’est elle qui avait dirigé pendant onze ans l’Académie des sciences et l’Académie de Russie. Une amie très proche de Catherine II, elle a pris une part active au coup d’Etat de 1762 qui a amené Catherine II au trône suite au renversement de Pierre III.

En 1769, Catherine la Petite, surnom plaisant donné à Dachkova par comparaison à la tsarine Catherine la Grande, a entrepris son premier voyage en France.

Elle écrit dans ses mémoires, qu’elle avait rédigés en français : « Je ne m’arrêtais que 17 jours à Paris. Mon cousin prit la route d’Aix-en-Provence pour m’y préparer un bon logement. »

Mais ces 17 journées étaient bien remplies par les rencontres avec les philosophes, fameux écrivains et hommes publiques français. « Après mes courses, je m’arrêtais à la porte de Diderot. Il montait dans ma voiture, dînait avec moi, et souvent nos conversations tête-à-tête avec lui duraient jusqu’à deux et trois heures après minuit » – notait Dachkova dans ses mémoires.

Ces débats concernaient les conditions de libération des paysans russes de servage, de leur bien-être et de leur place dans la société russe en XVIIIe siècle.

Arrivée à Aix-en-Provence, elle est descendue à l’hôtel du marquis Guidon. Elle a visité Montpellier, Marseille, Hyères, en continuant ses discussions avec Diderot par correspondance, notamment sur la future révolution française.

De là-bas, avec énormément de difficultés pour avoir des chevaux, elle est partie en Suisse pour voir Voltaire, gravement malade, mais qu’elle avait trouvé tel que ses ouvrages et son imagination l’avaient dépeint.

Plusieurs années passées par Dachkova à l’étranger et de nombreuses rencontres avec des artistes et des scientifiques célèbres, comme sculpteur Falconet, créateur de la statue équestre de Pierre le Grand Le Cavalier de bronze ou le mathématicien D'Alembert, avaient enrichi sa culture et lui ont permis de mieux servir la cause de sa création magistrale : le premier dictionnaire de la langue russe et la revue à l’intention des amateurs des lettres russes : Sobesednik lioubiteleï russkogo slova.

Suite aux réformes de Pierre le Grand la culture laïque et cosmopolite s’est introduite en Russie de l'Europe des Lumières. Le développement de l'imprimerie s’est accéléré sous la direction de l'État et a contribué à la laïcisation de la culture. L'instruction s'est émancipée aussi de la tutelle religieuse : dispensée par des établissements d'un type nouveau (Académie des sciences, fondée à Saint-Pétersbourg en 1725 ; École militaire de la noblesse, créée en 1732 ; Université de Moscou, 1755) elle est désormais la marque distinctive d'une classe de serviteurs de l'État.

La transformation des mœurs amène l'implantation progressive du théâtre. D’abord on y joue des pièces françaises et on crée petit à petit les spectacles aux couleurs de la Russie, qui, par leur vérité psychologique et humaine autant que par leur signification sociale, annoncent le réalisme du XIXe siècle. Denis Fonvizine était justement l'un des plus célèbres auteurs de théâtre russe.

Denis Ivanovitch Fonvizine
(1745-1792)

img3

Il est surtout connu pour ses comédies satiriques sur l'aristocratie russe. Ses œuvres : Le Brigadier, comédie (1769), Lettres de France (1777-1778), Le Mineur, comédie (1782) ; Essai de dictionnaire russe des synonymes (1783) sont connues et intéressent le lecteur contemporain.

Après d'excellentes études à Moscou, Denis Fonvizine entre aux Affaires étrangères sous les ordres du comte Panine. Il traduit Voltaire, publie des satires dans la revue Le Causeur compose des comédies, satire de la gallomanie en Russie.

Il voyage en Europe, en 1777 il écrit des Lettres de France, en formulant des vives critiques à l’égard de la France et des Français. En route vers la Provence dans sa lettre de Montpellier en date du 15 janvier 1778 il dénigre6 les côtés positifs de l’argent en affirmant que « l’argent est la première divinité de ce pays. La dépravation des mœurs est arrivée à un tel degré qu’une vile action n’est plus même châtié du mépris. Combien sont-ils ceux qui font métier de vendre leurs épouses, leurs sœurs, leurs filles ».

Il écrit le 20 mars 1778 : « J’ai visité le Languedoc, la Provence, la Bourgogne, la Champagne… Tous les récits sur la perfection existant ici ne sont que mensonge, que les hommes sont partout des hommes. »

Il ricane sur le parisianisme, en écrivant que « les Parisiens estiment qu’ils possèdent non seulement les meilleurs mœurs du monde, mais le visage, le maintien… si bien que le premier compliment que l’on puisse faire à l’étranger : Monsieur, vous n’avez point l’air étranger du tout, je vous en fais bien mon compliment ». Il finit sa critique : « A voir les choses de plus près, je pense qu’il n’y a que deux choses qui attirent les étrangers ici en si grand nombre : les spectacles et … les filles. Si l’on retire ces deux attraits aujourd’hui, les deux tiers des étrangers quitteront Paris demain. »

En affirmant que « le Français manque de raisonnement, et le posséder serait pour lui le malheur, car il l’obligerait à réfléchir, alors qu’il peut se divertir… tromper passe chez eux pour être un droit de l’esprit et le Français ne se pardonnera jamais d’avoir laissé échapper l’occasion de duper ne serait-ce que pour une bagatelle. L’argent c’est son Dieu. » il ne manque pas de louer leur grande bonté « Rares sont ceux qui se montrent rancuniers. »

En disgrâce pour des écrits politiques, où Fonvizine préconise l'abolition du servage et élabore un projet de constitution, il traverse une crise religieuse avant de mourir.

Dans la lignée7 Fonvizine est un autre grand écrivain russe : Nikolaï Gogol, qui a vécu une quinzaine d’années à l’étranger.

Nikolaï Vassilievitch Gogol
(1809-1852)

img4

Le créateur du roman russe moderne, racontant des histoires cocasses et satiriques où les détails réalistes se mêlent au fantastique et à l’absurde, il est entré en belles lettres en écrivant en 1830 ses nouvelles : Les soirées du hameau. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il rencontre Pouchkine qui lui fournira les sujets à ses deux œuvres majeures : Le Revizor et Les Âmes mortes.

Désenchanté par les critiques de certaines de ses écrits, il quitte la Russie pour de très longs séjours en Europe (1835-1848). Il visite alors l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, la France, en passant par la Provence et la ville incontournable : Nice.

Il a relaté ses impressions sur la France dans la nouvelle intitulée Rome. En voilà un petit extrait d’expression brillante gogolienne sur le thème du caractère national, consacré au peuple français et au mode de vie en France. Il raconte les sensations de son héros, un jeune Italien de 25 ans, qui trouve tout au début de son arrivée à Paris, que c’était une ville enivrante, le plus beau lieu du monde. Mais quatre ans après « il ne trouva donc qu’un vide étrange jusque dans les cœurs de gens auxquels il ne pouvait refuser son estime. Il se convainquit finalement qu’en dépit des ses traits brillants, des ses élans d’enthousiasmes, de ses sursauts chevaleresques, la nation entière, bien pâle, bien imparfaite, n’était en réalité qu’un léger vaudeville créé par elle-même. Aucune idée grave, sublime ne reposait en son sein. Des embryons de pensées, mais point de pensées mûres ; des demi-passions, mais point de vraies passions ; des esquisses jetées d’une main hâtive, mais aucune œuvre définitive ; on pouvait certes tenir cette nation pour une brillante vignette, mais pour un tableau de maître, jamais! »

C’est bien dans ses voyages à l’étranger, que Gogol a fait ses premières armes en tant que maître du rire, même si ce rire n’est pas parfois gai. Il est aussi ce fabulateur hors pair à l’imagination folle sachant avec malice nous entraîner dans son univers comique et triste à la fois. Mais c’est pour cela que Gogol apparaît comme l’un des premiers réalistes d’envergure de la littérature russe. Il nous dérange avec des idées comme : « L'homme est sage, intelligent et raisonnable en tout ce qui concerne les autres, mais pas en ce qui le touche lui-même » et nous fait sourire sur nos petits vices.

Et pour finir avec un regard malicieux des écrivains russes de satire ayant passé par la Provence, et respecter la règle : jamais deux sans trois, il faudrait citer Saltykov.

Mikhaïl Evgrafovitch Saltykov
(Chtchedrine) (1826-1889)

img5

C’est un remarquable romancier et journaliste satirique qui s’en tient9 à sa manière grotesque pour écrire son livre : À l’étranger (1880-1881), composé sous l’impression de son voyage en Europe.

La littérature russe était jusqu'en 1855 le seul moyen d'expression. Elle se partageait entre deux courants : l'occidentalisme, libéral et athée, qui attribuait les maux dont souffrait la Russie à sa séparation avec l'Europe occidentale et le courant slavophile, attaché à la religion orthodoxe et aux institutions de la Russie, qui remettait en cause les réformes de Pierre le Grand et cherchait dans la paysannerie les racines spirituelles de la vie russe, en réfutant la manie de copier sur l’Europe.

Saltykov faisait partie des slavophiles, en marquant en même temps de la considération et de la sympathie pour l’Europe.

Il écrit son admiration pour la vie intellectuelle et morale en France. « La Russie était à nos yeux un pays plongé dans un épais brouillard, ou même une chose aussi simple, que la publication d’un Recueil de proverbes russes semblait une entreprise ardue jugée suspecte et répréhensible10. En France tout nous paraissait clair comme le jour. »

Il parlait avec sympathie des ouvriers en disant que « trois choses traversent toute la vie de l’ouvrier parisien : le travail, le plaisir et de temps en temps… la révolution. Il fait ces trois choses avec ardeur, habilité, vivacité non sans bon sens. »

Par contre, il ridiculise les mœurs des petits bourgeois en se servant du mot français contenter11 : «Француз-буржуа не прочь повеселиться и даже кутнуть, но так, чтоб это как можно дешевле ему обошлось. Примерно возьмет в карман гривенник и старается уконтентовать себя на рубль. Во всяком маленьком ресторане можно увидеть француза, который спросив на завтрак порцию салата, сначала съест политую соусом траву, потом начнет вытирать салатник хлебом и съест хлеб, а наконец поднимет посудину и посмотрит на оборотную сторону дна, нет ли и там чего12

Parmi les écrivains russes émigrés en France et ayant vécu en Provence au XXe siècle, Romain Gary tient une place particulière.

Romain Gary (1914-1980)
(né Roman Kacew, pseudonyme littéraire : Romain Gary et Émile Ajar)

img6

Né à Wilno (en Lituanie, région et grand comté de Russie), il est arrivé avec sa mère à Nice, à l'âge de 14 ans. Il a fait des études au lycée de Nice. Après un court séjour à Aix-en-Provence, il monte à Paris pour les études en droit. Ces études sont complétées par un diplôme13 de langues slaves de l'université de Varsovie. Naturalisé Français en 1935 sous le nom de Romain Gary, il est appelé sous drapeaux pour servir dans l'aviation où il est incorporé en 1938. Romain Kacew choisit le nom de guerre de Gary signifiant brûle en russe, qui deviendra son pseudonyme littéraire. Il termine la guerre comme capitaine de réserve et il est nommé Compagnon de la Libération.

Après la fin des hostilités, il entreprend une nouvelle carrière de diplomate au service de la France. Après sa disparition, on apprit que, sous le pseudonyme d'Émile Ajar, il était également l'auteur de quatre romans, récompensé deux fois par le Prix Goncourt, la première fois sous son pseudonyme courant, pour Les Racines du ciel, en 1956 et la seconde fois sous le pseudonyme d'Émile Ajar, pour La Vie devant soi.

De son œuvre abondante, peuplée de personnages assoiffés d'absolu, on peut retenir : L'Education européenne (1945), La Promesse de l'aube (1959). Il est également l'auteur d'articles, de pièces de théâtre et de scénario de films. Commandeur de la Légion d'honneur.

En 1978, lors d'un entretien avec la journaliste Caroline Monney, lorsque celle-ci lui pose la question : « Vieillir ? » Romain Gary répond « Catastrophe. Mais ça ne m'arrivera pas. Jamais. J'imagine que ce doit être une chose atroce, mais comme moi, je suis incapable de vieillir, j'ai fait un pacte avec ce monsieur là-haut, vous connaissez ? J'ai fait un pacte avec lui aux termes duquel je ne vieillirai jamais. »

Il met fin à ses jours le 2 décembre 1980.

Il se définissait parfois comme un terroriste de l’humour, une espèce d’humour juif qu’un petit Momo, adolescent arabe abandonné (le protagoniste de La Vie devant soi), l’avait partagé avec les lecteurs. Ne serait-ce que la réflexion : « Dans la vie c'est toujours la panique14 » est un bel échantillon de ce humour juif.

img7

Il serait injuste de passer sous silence tous les autres hommes de lettres russes comme Anton Pavlovitch Tchekhov, (1860-1904) ou la poétesse russe Anna Akhmatova (1889-1966), représentante de la génération postsymboliste ou des « Russes blancs », internationalement reconnu, comme Bounine15 (Prix Nobel en 1933) qui avaient connu et aimé la Provence.

Une nouvelle vague d’écrivains russes arrivée en France après la Seconde Guerre, suivie de la vague des dissidents des années 70 qui avaient émigré pour des motifs politiques ou autres spécifiques à chaque fois, n’ont pas évité cette belle Provence, ne serait-ce que la ville de Nice16 en visite pour quelques jours.

Mais la question épineuse17 est de quoi avaient écrit ces Russes ?

« Lorsque Bounine devint prisonnier, quoique volontaire, de la terre étrangère, il s'avéra qu'il ne pouvait écrire et penser qu'à sa terre natale et à ses compatriotes », écrivit l'académicien soviétique Makachine.

Dans cette interaction, c’est le rapport au pays d’origine et au pays d’accueil qui semble former l’image de chaque vague d’écrivains et de leurs œuvres.

Ce regard au carrefour de deux cultures ouvre une perspective multiple sur la littérature franco-russe, problématique en soi et qui se situe « entre les mondes et les époques, entre les pays, entre les vivants et les morts – entre les identités diverses » (Jean-Pierre Morel).

La figure de l’émigré russe nourrit à son tour la fiction du pays d’accueil, et ceci dès la première moitié du XIXe siècle, comme le personnage de Fédora, la femme fatale russe de La peau de chagrin de Balzac (1831)

Le XXe siècle connaîtra les « Russes blancs » de Paul Morand ou de Patrick Modiano et les Justes de Camus seront largement inspirés des souvenirs des émigrés russes.

La France, pays des libertés et des droits de l’homme avait toujours accueilli des hommes publiques, des révolutionnaires, des hommes d’affaires mêles à la politique, comme Lénine, Herzen, Savva Morozov qui avaient aimé la Provence et particulièrement Nice.

Alexandre Ivanovitch Herzen
(1812-1870)

img8

Écrivain et théoricien politique Herzen (dont le nom, choisi par son père, vient de l'allemand Herz, le cœur) est un aristocrate révolutionnaire et le chef de file18 des opposants au tsarisme en Russie. Il a laissé une œuvre littéraire abondante qui, comme son action, recèle un lien profond à la recherche des idéaux, indissolublement attachés à la justice et à la liberté. Connu comme le père du socialisme russe, il est considéré comme un inspirateur du climat politique qui a mené à l'émancipation des serfs en 1861. Il a lutté, avec une lucidité prophétique, pour la liberté de l'individu face à l'emprise totalitaire de l'histoire d'où la modernité de ce penseur.

Obligé de s’exiler en 1847 avec sa famille en France pour des raisons politiques, très vite, la vie sociale occidentale le déçoit, par le spectacle de ses injustices et par l'étroitesse de ses nationalismes culturels.

Mais avec ce pessimisme d'un « amoureux déçu » de l'Occident, croît l'espoir d'un socialisme russe assurant la relève, dont Herzen se fait le propagandiste zélé (Développement des idées révolutionnaires en Russie (1850) ; Le Peuple russe et le socialisme, lettre ouverte à Michelet (1851) – œuvres écrites en français). Émigré politique, Herzen fonde un atelier de typographie russe à Londres, où il publiera de nombreux ouvrages révolutionnaires et, à partir de 1857, sa fameuse revue La Cloche (Kolokol).

Il a publié à Londres une revue antitsariste, L’Etoile polaire, puis en 1857 une revue politique et littéraire, La Cloche, clandestinement diffusée en Russie. Il s'établit à Nice où il reprend la publication de La Cloche. Dans ce journal il expose un socialisme spécifiquement russe, conjuguant libération individuelle et préservation de la tradition communautaire de la paysannerie.

Dans sa lettre de Nice du 26 juillet 1851 à Tchumikov il parle de son « amour pour la Russie, pour le peuple de l’avenir » et écrit avec ironie à propos de la démocratie en Russie par des vers de Pouchkine :

Нет ни в чем вам благодати,
И со счастием разлад :
И прекрасны вы некстати,
И умны вы невпопад.

C’est à Nice toujours qu’il écrit un article le 31 décembre 1867, qu’à partir le 1 janvier 1868 le journal La Cloche paraîtra dorénavant en langue française.

Il collabora avec Proudhon, dans son journal L’Ami du peuple. La richesse de son expérience de lutteur et de témoin fait de cet ami de Proudhon, de Michelet, de Bakounine, l'un des grands Européens du XIXe siècle.

Herzen, qui avait le talent de la plume panoramique, pendant quinze ans (1852-1868), se consacre à Passé et méditations (Byloé i dumy), immense ouvrage qui englobe plus d'un demi-siècle de vie russe et européenne. Mémoires, histoire, roman, les genres les plus divers composent cette œuvre originale : « Non pas monographie historique, mais reflet de l'histoire sur un homme qui s'est trouvé par hasard sur son chemin. » L'intérêt documentaire extraordinaire de Passé et Méditations, la vivacité d'un style débordant d'intelligence et de sensibilité, l'originalité d'une démarche qui concilie le sens de l'individuel et une conscience historique aiguë en font l'une des œuvres les plus originales du XIXe siècle et l'un des meilleurs témoignages sur son histoire.

Il se réfugié en 1868 à Genève. Il meurt le 21 janvier 1870, trois jours après avoir dit « Adieu » dans sa lettre à son ami et compagnon de lutte Ogarev et une année avant la Commune.

C’est à Nice qu’il avait été enterré dans le plus beau cimetière de la ville : cimetière du Château. Sa tombe n’est pas loin de celle de Léon Gambetta, le grand républicain français. Parmi les sépultures, les plus visités (dans ce qu’ont appelle le tourisme commémoratif) sont les tombes d’Alexandre Herzen et de celle de la mère de Garibaldi.

Honoré, comme le héros national des années durant, par l’Union soviétique, l’Ambassadeur de l’URSS Abrassimov a entrepris en vain beaucoup d’efforts pour transférer son corps à Moscou. Mais cela n’a abouti à rien. Par contre son ami fidèle Ogarev mort sept ans plus tard à Grinvitch, près de Londres, a trouvé en 1967 le repos éternel sur le cimetière Novodevitchi à Moscou. Ironie du sort, pour ces deux amis, Herzen et Ogarev, qui se sont réunis par la vie en donnant le serment sur « Vorobievy gory » d’être ensemble dans leurs lutte, et ils se sont retrouvés séparés par la mort.

Marc Chagall (1887-1985)
(le vrai nom : Moïshe Zakharovich Chagalov)

img9

Marc Chagall est un peintre d’origine russe et naturalisé français depuis le 7 juillet 1937 est né à Vitebsk, en Biélorussie (laquelle faisait partie de la Russie). Chagall, dont les parents étaient illettrés, était l’aîné d’une famille de neuf enfants. Son père travaillait dans un dépôt de harengs, tandis que sa mère tenait un modeste commerce d’épicerie.

A Vitebsk, le jeune Chagall étudie le dessin et la peinture. Il puise son inspiration dans la vie familiale et l’observation du quotidien (La Femme à la corbeille, 1906-1907 ; Mariaska, 1907 ; Le Mariage, 1909).

C’est un univers plein de chaleur et de foi qu’il décrit dans son autobiographie (Ma Vie, 1921), un univers entièrement baigné par la tradition hassidique – courant mystique venu d’Europe centrale selon lequel l’omniprésence du Dieu caché se révèle dans les merveilles du monde.

Mais peu satisfait de l’enseignement qu’il reçoit, il part étudier à Saint-Pétersbourg.

En 1910, un mécène, Vinaver, lui offre une bourse pour séjourner à Paris. Chagall s’y rend l’année suivante, et trouve un atelier à La Ruche, où résident la plupart des futurs maîtres de l’école de Paris.

Il y rencontre aussi Guillaume Apollinaire, dont il écrira avec humour qu’il portait « son ventre comme un recueil d’œuvres complètes ». Apollinaire reconnaît d’emblée le talent du jeune peintre.

A Paris, Chagall découvre la peinture de Cézanne et les nouvelles recherches des peintres cubistes. Il retiendra certains principes de leur construction rigoureuse, sans renoncer pour autant à son imaginaire (A la Russie, aux ânes et aux autres, 1911-1912 ; Moi et le Village, 1911-1912).

Chagall, qui avait regagné Vitebsk pour y épouser Bella Rosenfeld, se voit contraint de rester en Russie à cause de la guerre.

img10

M.CHAGALL, Coucher de soleil à Saint-Paul-de-Vence

Dès 1917 cependant il donne la mesure de sa liberté créatrice à travers les toiles inspirées par l’amour qu’il porte à sa jeune épouse (Les Amoureux au-dessus de la ville, 1915 ; La Promenade, 1917).

Lorsque la Révolution de 1917 éclate, Marc Chagall devient Commissaire des Beaux-Arts de la région de Vitebsk sur la proposition de Lounatcharsky, responsable du ministère de la Culture qu’il avait rencontré précédemment à Paris.

De retour à Vitebsk, Chagall fonde une école d’art, faisant appel à des peintres de toutes tendances. Devant la réaction négative de certains de ses collaborateurs, et de Malevitch en particulier, il s’installe à Moscou et travaille pour le Nouveau Théâtre Juif. Il y réalise une série de décors et de costumes de théâtre, libérés des conventions et de l’anecdote. Mais les difficultés de la vie en Russie s’accroissent et le couple émigre à Berlin.

C’est en 1923 que Chagall quitte la Russie, pour s’installer en France. Son art magistral gardera toute sa vie la nostalgie de sa ville de Vitebsk et des paysages russes. Ces paysages peints dans des couleurs vives et jamais réalistes sont plutôt des représentations symboliques de la paix intérieure et de la sensibilité de leur auteur.

Il s’intéresse à la naissance du surréalisme, mais se heurte très vite à l’hostilité du mouvement à l’égard de tout mysticisme. Son amour pour Bella inspire plus que jamais son œuvre. Les sujets reflètent le bonheur d’aimer et de peindre. La tonalité se fait plus claire, les contours s’assouplissent, les contrastes sont moins violents (Ida à la fenêtre, 1924 ; Le Rêve, 1927 ; La Tour Eiffel, 1934).

Dans le même temps Chagall voyage beaucoup et découvre le paysage français ; les fleurs abondent dans les toiles de cette époque. A la demande d’Ambroise Vollard, le grand marchand, il réalise plusieurs séries d’illustrations, d’abord pour Les Âmes Mortes (1924-1925) de Gogol, puis pour Les Fables (1931) de La Fontaine, enfin pour La Bible (1931-1952). Après un voyage en Palestine, il exécute une série de gouaches. 105 eaux-fortes seront par la suite exécutées dont une première série de 66 planches en 1939. L’ouvrage est terminé en 1957 par Tériade, successeur de Vollard.

La Deuxième Guerre mondiale oblige la famille Chagall à fuir à New York en 1941. La guerre et les persécutions inspirent à l’artiste des scènes douloureuses comme les crucifixions (Obsession, 1943 ; Crucifixion blanche, 1943), et des scènes villageoises qui, éclairées par les incendies tout proches, semblent autant de pogroms.

A New York, le peintre découvre la lithographie en couleurs, il réalise à nouveau des décors et des costumes de scène, pour le ballet Aleko d’après un argument de Pouchkine en 1942, et pour L’Oiseau de feu, sur une musique de Stravinsky. Une première rétrospective de son œuvre en 1947, au Musée national d’art moderne, donne à Chagall l’occasion de revenir à Paris. Il s’installe désormais en France, résidant d’abord à Orgeval, puis en Provence à Saint-Paul-de-Vence. L’équilibre trouvé dans son mariage, en 1952, avec Valentina Brodsky – Vava – et la lumière méditerranéenne vont nourrir une vitalité créatrice sans cesse renouvelée.

Sur le thème d’Ulysse, il réalise pour l’Université de Nice une mosaïque de 11 mètres de long qui est inaugurée en 1969, précédant l’ouverture du Message Biblique en 1973 qui le consacre définitivement comme l'un des plus grands peintres de son temps. Il est l'un des artistes installés en France les plus connus du XXe siècle avec Picasso (1881-1973) et Matisse (1869-1954) et reste l'un des peintres les plus originaux et les plus prolifiques du XXe siècle.

img11Par la magie des couleurs et leur gravité méditative l’œuvre atteint désormais à l’universalité que Chagall n’a cessé de poursuivre. Funérailles de Marc Chagall ont eu lieu à Saint-Paul-de-Vence le 1er avril 1985 à l’âge de 97 ans. L’artiste repose dans le petit cimetière du village baigné par la lumière méditerranéenne qu’il a tant aimée.

« Les recherches sur le cubisme ne m'ont jamais passionné. Ils réduisaient tout ce qu'ils décrivaient à une géométrie qui demeure un esclavage, tandis que je cherchais plutôt une libération, mais une libération plastique, non pas seulement de la fantaisie ou de l'imagination. Si je place une vache sur un toit, si je peins une toute petite femme au milieu du corps d'une autre femme bien plus grande, ce n'est pas de la littérature, mais une logique de ce qui est illogique, un formalisme qui est autre, une sorte de composition qui ajoute une dimension psychique aux formules qui furent celles des impressionnistes ou des cubistes. » (Edouard Roditi, Entretiens avec Chagall, en Propos sur l'art, José Corti, 1987).

L’œuvre de Marc Chagall est illuminée par les images de son enfance heureuse, passée dans la petite ville de Vitebsk, en Russie.

Cela va de soi que la liste des peintres russes qui ont travaillé en Provence ne s’en tient pas là : Pranishnikoff et Sorine sont à titre d’exemples les figures marquantes de l’art russo-provençal.

Ivan Petrovitch Pranishnikoff
(1841-1909)

C’est un peintre et illustrateur russe, né à Koursk, en Russie, grand voyageur en Europe et en Amérique du Nord, il s’installe en Camargue, aux Saintes-Maries-de-la-Mer à la fin de sa vie, où il fréquente les félibres19 provençaux, participe aux activités des gardians20 camarguais et s'intéresse à la préhistoire locale. Il intègre ainsi en 1904, dès leurs créations, la Société Préhistorique de France, et la Société Archéologique de Provence. Il décède le 16 avril 1909 dans ce village où il est inhumé dans un monument funéraire de granit sombre. Une plaque dans la rue principale sur la façade de la maison qu'il habitait rappelle son souvenir.

Aujourd'hui plusieurs musées possèdent ses œuvres.

Saveliï Abramovitch Sorine
(1878-1953)

img12

S.SORINE, Portrait d’Anna Pavlova

Il a beaucoup peint les familles nobles russes installées sur la Côte d’Azur. Il a travaillé au Monaco et à Nice.

Récemment à Moscou a eu lieu une exposition du 10 octobre au 5 décembre 2008 « Années Grace Kelly, Princesse de Monaco » officiellement inaugurée par la Princesse Stéphanie dans la Fondation Culturelle Ekaterina où de nombreux tableaux du peintre Sorine ont été présentés.

Andreï Anatolievitch Zalizniak
(1935)

Andreï Anatolievitch Zalizniak a travaillé en 1989-1990 en qualité du Professeur à la faculté des lettres de l'Université de Provence (Aix-Marseille I), section slave né à Moscou en 1935 est un linguiste russe, membre de la Société de linguistique de Paris depuis 1957, de l'Académie des sciences de Russie depuis 1997.

Encore étudiant à la Faculté des Lettres (филологический факультет) de l'Université de Moscou, Andreï Zalizniak séjourna à Paris durant l'année 1956-1957 au titre d'élève étranger de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. De retour en Russie, il rédigea le premier dictionnaire russe-français intégrant une description morphologique raisonnée des vocables (1961).

Il a donné des cours sur la littérature médiévale russe du du XIIe siècle, notamment Le Dit de la campagne d'Igor (Slovo o polku Igoreve)

img14

Il a fait une œuvre admirable en portant à la connaissance des Français ce poème russe anonyme.

Le Dit de la campagne d'Igor est le récit, dans une admirable prose, de la campagne militaire engagée en 1185 par les Russes contre les nomades polovtsiens ainsi que l'évocation de la défaite, de la captivité et enfin de l'évasion du prince Igor de Novgorod. On ne possède plus qu'une copie de cette œuvre, l'original, découvert en 1795 dans le monastère de la Transfiguration-du-Sauveur à Yaroslav, ayant été détruit dans l'incendie de Moscou en 1812. Certains critiques réfutent, par conséquent, son authenticité.

D’autre part le fait que Slovo d'Igor est une seule œuvre, daté de la fin du XIIe siècle a pu faire douter de son authenticité.

Des recherches faites par Zalizniak et publiées dans son ouvrage («Слово о полку Игореве : взгляд лингвиста», 2004) sur l’authenticité de ce monument de la littérature russe ont prouvé que Le Dit d’Igor n’a pas été falsifiée. Cette preuve est basée sur les arguments irréfutables, qu’un falsificateur présumé du XVIIIe siècle aurait du avoir toutes les connaissances linguistiques du XIXe-XXe siècles. Ce qui est peu probable.

Finalement, tous s'accordent à voir en ce récit un chef-d'œuvre de la littérature russe

Le XXIe siècle n’a pas diminué l’intérêt des Russes pour la Provence. Il n’a pas encore nommé des grands Provençaux d’origine russe, qui exercent à présent une activité professionnelle au jour le jour en contribuant à l’échange interculturel entre les deux grands pays. Un tel échantillon de travail a été accompli en mai 2009 lorsque le rédacteur en chef de La Langue française Gréta Tchesnovitskaya est allée en Provence établir de nouveaux contacts entre les Provençaux et les Russes au sein de l’association « Echanges Pays d’Aix-Europe de l’Est ». Elle a retrouvé des compatriotes pour renforcer les liens entre les deux pays, en préparant notamment un numéro spécial pour l’année 2010, année croisée Russie-France.

En guise de conclusion

En travaillant sur cet article je suis revenu dans mes souvenirs en arrière aux années 1970, lorsque j’ai travaillé en qualité d’ingénieur-interprète à la construction du siège de l’ambassade de l’URSS en France.

J’ai participé aux entretiens de l’ambassadeur Monsieur Tchervonenko avec Marc Chagall et Nadia Leger, qui ont été sollicités pour le travail de décoration du bâtiment de la chancellerie de l’Ambassade.

J’avais aidé la veuve du peintre Sorine dans ses recherches d’un appartement à Paris, vu qu’elle envisageait de quitter la principauté de Monaco pour des raisons personnelles.

J’avais fait à l’époque le tour de la Provence en passant par la corniche21 supérieure sur le chemin d’aller et la petite corniche sur le chemin de retour.

À présent des photos dans l’album de famille ont jauni, mais les souvenirs de la Belle Provence ont gardé toutes les couleurs vives de ce voyage inoubliable ravivés par des œuvres des grands Russes en Provence.


Sources

La Langue française exprime sa profonde reconnaissance à l’Association « Échange Pays d’Aix-Europe de l’Est » et à ses partenaires pour le financement de ce spécial et les informations fournies :

img1Ambassade de France a Moscou
www.ambafrance.ru

Conculat de Russie a Marseille
www.marseille.mid.ru

Mairie de la ville d'Aix-en-Provence
www.mairie-aixenprovence.fr

Institut des Etudes Françaises pour les Etudiants Etrangers, Aix-en-Provence
www.iefee.com

Thermes Sextius, Aix-en-Provence
www.thermes-sextius.com

Confiserie Leonard PARLI
http://www.leonard-parli.com/

Mairie de la ville de Salon de Provence
www.salondeprovence.fr

Savonnerie Fabre
http://www.marius-fabre.fr/site/index.htm

Société terre d'Oc
www.terredoc.com

Société Auriga
www.auriga.com



1 Le café est un lieu où l’on consomme des boissons et on tient des discussions politiques simplettes et mal informées. Voir l’expression : des discussions de café du commerce.

2 La Belle Époque, symbolisée par l'année 1900 : les premières années du XXe s. (considérées comme l'époque d'une vie agréable et légère).

3 «Русский бог – авось, небось, да как-нибудь. Бог ухабов, Бог метелей, Бог проселочных дорог, Бог ночлега без постелей, вот он, вот он русский Бог.» (П. Вяземский 1854 г.) Пушкин, который никогда не выезжал за границу, так жаловался на Россию в своем письме к жене Наталье Гончаровой : «Черт догадал меня родиться в России с душой и талантом.»

4 Groupe naturel d'hommes qui ont des caractères semblables (physiques, psychiques, culturels, etc.) provenant d'un passé commun.

5 Installation provisoire en plein air de troupes en campagne.

6 S'efforcer de noircir, de faire mépriser (qqn, qqch.) en attaquant, en niant les qualités.

7 Filiation spirituelle.

8 Qui s'amuse, rit volontiers aux dépens d'autrui.

9 S’en tenir : ne pas aller au-delà, ne vouloir rien de plus, se borner. « Ils s'en tenaient aux lieux communs » (Flaubert).

10 Qui mérite d'être repris, blâmé, réprimandé.

11 Rendre (qqn) content en lui donnant ce qu'il désire.

12 À l’étranger, Saltykov.

13 Ses biographes disent qu’il avait avoué d’avoir inventé ce diplôme, qui n’avait jamais existé.

14 La Vie devant soi, p.29, Folio n° 1362.

15 Lisez la nouvelle de Bounine À Paris, il parle de la Provence où son protagoniste avait loué une ferme.

16 Voir Mémoire de maîtrise. Donadey, Audrey. La présence russe à Nice de 1770 à nos jours, Aix-en-Provence, 1998, ainsi que L’émigration russe. Chronique de la vie scientifique, culturelle et sociale en France 1920-1940 en 4 volumes paru en 1997 dans les éditons YMCA-Press Paris.

17 Qui est plein de difficultés (généralement subtiles).

18 Celui qui vient le premier dans une hiérarchie, qui est à la tête d'un groupe, d'une entreprise.

19 Écrivain, poète de langue d'oc.

20 Gardien de bœufs, de taureaux, de chevaux, en Camargue.

21 Route dominant un à-pic, surplombant un lac, la mer. La petite, la moyenne et la grande Corniche de la Côte d'Azur.

TopList