Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №21/2009

Mon amie la langue française

Natacha TWAGUIRAMUNGU

La chance

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La chance ! Ce moment heureux où le destin nous est favorable, à condition, naturellement, d’y croire.

Toutes les réussites dues au heureux hasard, les gains au jeu, les gens superstitieux les attribuent à la chance. D’où vient cette superstition ? Pour répondre à cette question il faut remonter à la nuit des temps. Pourtant, ce n’est pas de cela que j’aimerais vous parler aujourd’hui, mais du lexique qui s’y rapporte.

En effet, pour illustrer la chance et la malchance, la mythologie antique a créé des images qui se sont révélées vivaces et ont survécu jusqu’aux temps modernes. La preuve, c’est la multitude de mots et expressions qui se rapportent à ce domaine de la croyance.

Le hasard ou le destin ? En tous cas, une aubaine pour un philologue.

Savez-vous que les deux mots qui désignent le heureux concours de circonstances, à savoir le hasard et la chance, viennent tous les deux du jeu des dés ? Le hasard a pour origine le mot arabe qui désigne le dé lui-même, et la chance, vient de l’ancien français chéance, et désigne la manière dont tombent les dés. (Notez dans le français moderne les mots de la même famille : échéance, choir, échoir, échu)

D’où peut nous tomber la chance ? Mais du ciel, évidemment ! Les expressions comme être né sous la bonne étoile ou sous un bon astre, le témoignent. Et c’est apparemment le Grand Maître des Cieux qui la distribue parcimonieusement : À la grâce de Dieu ! Quand on a eu la chance d’éviter un danger, on doit une belle chandelle à Dieu.

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Autrefois, on appelait aussi la chance « la fortune ». On pouvait donc connaître des fortunes diverses (destins différents), tenir la fortune par les cheveux ou alors inviter des amis à manger à la fortune du pot pour un dîner improvisé. Quand on essuyait un échec, on parlait de revers de fortune. Ce mot, la fortune, vient du nom de la déesse latine qui fait le bonheur ou le malheur des humains, et comme la divinité a un caractère instable, on dit que la fortune est capricieuse. En français moderne, « fortune » est aussi synonyme de « richesse ».

Une chance inattendue, un bonheur inespéré comme tombé du ciel, c’est une aubaine. Alors qu’à l’origine, ce mot désignait un impôt ! C’était une taxe que payaient les étrangers qui demandaient protection au Seigneur.

Cependant, il ne faut pas croire que la chance et la malchance datent seulement de l’époque du christianisme. Depuis toujours, les hommes avaient imaginé toutes sortes de mots, expressions et gestes pour attirer la chance et repousser sa sœur jumelle malfaisante.

Pour rencontrer le bonheur, il suffisait de trouver un trèfle à quatre feuilles, croiser les doigts, toucher du bois ou encore mieux, toucher la bosse du bossu. Toutes sortes d’amulettes, de talismans et de grigris censés attirer la fortune et repousser le mauvais œil se vendaient au prix fort et se portaient au cou ou sous les vêtements. Parmi ces porte-bonheurs figurait à la place d’honneur la corde du pendu, réputé être remède magique et infaillible. Alors on dit pour celui qui a beaucoup de veine : « Il a la corde du pendu », « Il a une chance du pendu ».

Dans l’Antiquité, les Augures (Divinités qui avaient le don de prévoir les événements à venir) savaient observer les éléments de la nature pour prédire l’avenir. Surtout les auspices, le comportement des oiseaux. Alors on comprend mieux l’expression : « Cet événement s’annonce sous les meilleurs auspices » ou « C’est de bon augure ».

Les gens qui avaient souvent de la chance étaient soupçonnés être nés coiffés ou bien en chemise. C’est sans doute cela qui distinguait ces chançards (ou veinards) des malchanceux qui étaient nés comme tout le monde, à savoir tout nus.

La langue populaire avait inventé d’autres expressions pour dire avoir de la chance : avoir de la veine, avoir du pot ou du bol, être verni, tirer le bon numéro, gagner le gros lot. Naturellement, cette énumération n’est pas exhaustive, car la langue populaire est particulièrement inventive dans ce domaine.

img3Rappelez-vous dans la chanson d’Yves Montand J’ai de la veine ! : « J’ai de la veine/ Depuis toujours/ J’ai de la veine, même en amour : puisque je l’aime/ Et puisqu’elle m’aime aussi !/ Oui, je suis un verni/ Dans la vie. »

Et Charles Aznavour chantait : « La baraka, c’est quand tu es entre mes bras, que tu souris… » La baraka, mot arabe qui signifie une bénédiction, est entré depuis longtemps dans le vocabulaire courant du français.

Eh bien, si la chance existe dans ce bas monde, il faut parler également du revers de la médaille. Vous avez deviné qu’il s’agit de la malchance. Plusieurs mots synonymiques la désignent : la déveine, l’infortune, l’adversité, le mauvais sort, la fatalité, la malédiction, la guigne. Le malheureux assurait qu’on lui avait porté la guigne ou la poisse, qu’une tuile lui est tombée du toit ou bien que c’est le mauvais œil qui était responsable de son échec, qu’il manquait de pot ou de bol.

« Quelle purée ! », s’écriait-on au début du siècle dernier. « C’est Waterloo ! », - s’exclameront les férus d’histoire, faisant allusion à la cuisante défaite de l’armée française napoléonienne. En somme, d’une façon ou d’une autre, on peut dire qu’on est dans un beau pétrin.

BONNE CHANCE À TOUS ET À TOUTES !!!

 

DEVOIRS

  1. Apprenez par cœur les mots et expressions en gras dans le texte.
  2. Trouvez dans la langue russe les équivalents des mots et expressions désignant la chance (удача) et la malchance (неудача).
  3. Faites les commentaires sur la ressemblance et la différence de ces expressions dans les deux langues.
  4. Quelle conclusion peut-on en tirer sur les caractères et les mentalités de nos deux peuples ? (Например: « На Бога надейся, а сам не плошай! »).
  5. Notez que le mot «шанс» prend dans la langue russe un aspect différent et signifie plutôt la possibilité qui nous est offerte : «Дадим ему ещё один шанс!»

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