Les Routes de l’Histoire
Le Québec est au cœur de la modernité
L’histoire du Québec de 1763 à présent prend tout son sens lorsqu’on comprend pourquoi elle est si importante pour le peuple québécois. Le peuple qui est en permanence à la recherche de ses repères identitaires. Surtout après le changement du régime français par le régime anglais suite à la conquête britannique du Canada.
Cette tumultueuse histoire se compose d’une infinité d’événements qui nous renseignent sur les origines des Québécois. Elle nous aide à situer ce peuple dans le monde et à mieux comprendre son passé, qui est garant de son avenir francophone en terre d’Amérique. Dans ce deuxième volet nous allons nous arrêter sur les dates emblématiques de l’histoire du Québec que nous avons découpées en 5 parties chronologiques.
1763-1791 : La « Province of Quebec »
Après la conquête militaire par les Anglais et le traité de Paris (1763), la Nouvelle-France passe à l'Angleterre. Les Canadiens français se sont retrouvés dans « cette infériorité à laquelle le sort des armes les a réduits »1. Même le nom du Canada sur la carte a été remplacée par le nom anglais « Province of Quebec ». L'Angleterre donne une constitution, appelée la Proclamation royale, qui prévoit l'assimilation à plus ou moins long terme des Canadiens français sous conditions de changements très durs à subir. Même le gouverneur anglais de l’époque Carleton avait écrit au roi que « aucun conquérant n’a eu recours dans le passé à des procédés aussi sévères ». En 1765, la population du Canada s’élevait à 69 810, presque tous – des francophones qui n’ont pas cessé de se consolider socialement, politiquement et de croître.
Pour éviter que les troubles dans les colonies américaines se répandent jusqu'au Canada, le gouvernement britannique décide d'être plus ouvert face aux Canadiens français et révoque en 1774 la Proclamation Royale trop austère.
Ce gouvernement rédige l'Acte de Québec, qui constitue une sorte de charte des droits des francophones et qui même agrandit le territoire de la province. Il reconnaît à présent les lois civiles françaises et il accorde aux catholiques le droit de pratiquer leur religion.
En 1775, les Américains, avec à leur tête Montgomery, décident d’obtenir l’alliance des Canadiens par la force à leur lutte pour l'indépendance. Ils commencent l'invasion de la province de Québec. Mais ils échouent de prendre la ville de Québec. Des renforts britanniques arrivent en grand nombre, ce qui force les Américains à abandonner cette idée. L’Acte de Québec a reconnu l’existence des Canadiens français. Mais les années sombres pour le Québec l’ont suivi.
1791-1840 : Le Bas-Canada
Vie rurale. Québec, XIXe siècle
Les États-Unis ont acquis leur indépendance de l’Angleterre en 1783. Cette victoire des rebelles américains allait faire affluer au Canada un grand nombre de « loyalistes » américains dont la situation était devenue intenable aux États-Unis. Cette immigration massive d’anglophones modifia considérablement la situation des Canadiens français. Dorénavant, le Canada a été composé de deux groupes culturels différents, ce qui a fait promulguer en 1791 un Acte constitutionnel, par les autorités britanniques. Cet acte stipulait que le Canada était composé du Bas Canada (habité majoritairement par les francophones) et le Haut Canada (habité majoritairement par les anglophones).
Les deux colonies disposaient d'un gouverneur et d'une Chambre d'assemblée, qui n'était qu'à titre consultatif. L'Acte constitutionnel était dû à la présence des Loyalistes qui, habitués à la démocratie, voulaient une Chambre d'assemblée.
De 1812 à 1814, les États-Unis ont été en guerre contre la Grande-Bretagne et ils ont attaqué comme en 1775-76 les deux Canadas. Mais ils sont repoussés par les troupes canadiennes et les Amérindiennes. En 1813, le régiment canadien-français les Voltigeurs, commandé par le colonel Charles-Michel de Salaberry, avait repoussé les Américains lors de la bataille de Châteauguay.
Manifestation des Canadiens-Français
contre les Anglais. 1837
L’année 1822 a été une année mouvementée au Québec : les Anglais essaient de faire adopter par Londres un Acte d'Union des deux Canadas, acte qui inclurait la suppression du français. L.-J. Papineau, alors président de la Chambre et J. Neilson, un journaliste francophile, se rendent à Londres pour s'opposer au projet.
En 1826, Louis-Joseph Papineau devient le chef du Parti Patriote à 40 ans. Une première émeute des patriotes survient à Montréal.
L’été 1837 n’était qu’une longue suite d’assemblées populaires où les chefs du Parti Patriote exaltaient la fièvre révolutionnaire des Canadiens français. Les troubles éclatèrent d’abord à Montréal, puis aux alentours. 99 insurgés ont été condamnés à mort et 12 entre eux ont été pendus.
Le gouvernement impérial de Londres envoya Lord Durham au Canada pour calmer les esprits2.
1840-1867 : Le Canada Uni
La déroute des Patriotes marque la fin de l'emprise des esprits libéraux sur la société québécoise. Désormais, le clergé reprend les commandes et étend son pouvoir. Cet échec mena à l’Acte d’Union.
Signé le 31 janvier 1839, le rapport Durham commence à paraître peu après dans la presse londonienne. Étienne Parent, dans le journal Le Canadien, reproduit et commente des extraits du rapport, entre autres la fameuse expression « peuple sans histoire ».
Suite à la recommandation de lord Durham, qui conclut qu'il faut procéder à l'assimilation intégrale de la collectivité canadienne-française, l'Angleterre unie le Haut-Canada et le Bas-Canada. Le pays tout entier est désormais sous la tutelle d'un seul gouverneur. L'Acte donne au Haut-Canada, presque exclusivement anglais et moins peuplé, le même nombre de députés qu'au Bas-Canada ; il fait aussi de l'anglais la seule langue officielle. Lord Durham prévoit que les anglophones seront bientôt plus nombreux, qu'ils domineront ainsi l'Assemblée.
Plus de 250 000 immigrants arrivent au Canada de 1850 à 1860. En 1854, le régime seigneurial est aboli.
En 1861-1871, la population du Québec s'accroît de 7 %, alors que celle du Canada s'accroît de 39 %. Population du Québec s’élève en 1861 à 1 200 000 habitants.
Cette relative infériorité démographique des Canadiens français par rapport aux Anglais s’explique aussi par leur exode toujours croissant vers les États-Unis après 1837 à la recherche du travail. Ces francophones américains sont appelés de nos jours les Franco-américains.
Le Canada s’acheminait progressivement des querelles de partis et des soubresauts des événements vers la confédération canadienne de 1867.
1867-1931 : Le « Dominion3 of Canada »
Pour résoudre les conflits permanents entre les deux communautés il fallait garder un minimum de cohésion entre les Canadiens français et les Canadiens anglais en les unissant dans la Confédération canadienne de 1867, qui était plus souple que l’Union de 1840. Cela permettait de répartir les pouvoirs entre le gouvernement fédéral et provincial, qui a reçu, par exemple, le droit d’adopter les lois dans le domaine de l’éducation.
Londres a accepté cette confédération en votant l’Acte de l’Amérique du Nord. Le 1er juillet 1867, le Canada est devenu le royaume du Canada. Ce jour est actuellement la fête nationale du Canada.
En 1870, le Manitoba devient la cinquième province du Canada.
En 1871, la Colombie-Britannique devient la sixième province du Canada.
En 1873, l'Île-du-Prince-Édouard devient une autre province du Canada.
En cette époque de 1900, le Canada ne comptait que 3,5 millions d’habitants par rapport aux États-Unis qui comptaient 75 millions. Le Canada britannique se trouvait par rapport aux États-Unis dans le même déséquilibre que l’avait été la Nouvelle-France par rapport aux colonies anglo-américaines, ce qui faisait courir le bruit que le Canada pourrait être attaqué par les Américains.
1931-2009 : Le Canada et le Québec
Aux années 1930, le pays s'est gagné une grande crédibilité en participant à la première guerre mondiale et aux négociations qui l'ont suivie. L'Angleterre accorde une pleine autonomie au pays par le Statut de Westminster, faisant partie de la formation du Commonwealth4. Le Canada peut être considéré à ce moment-là comme un pays indépendant. Depuis le 1er janvier 1947, les Canadiens cessent d'être des citoyens britanniques et deviennent des citoyens canadiens.
Le drapeau québécois est adopté en 1948.
Aux années 1960 le Québec est sombré dans une révolution tranquille, mais fortement mouvementes avec le Front de libération du Québec (FLQ). En s'inspirant de la récente guerre d'indépendance de l'Algérie, le FLQ fait exploser ses premières bombes à proximité de casernes militaires, symboles de la présence britannique dans la province. L'action du FLQ atteint son paroxysme en 1970, alors que sont enlevés James Cross, un diplomate britannique et, cinq jours plus tard, Pierre Laporte, le ministre du Travail.
Charles de Gaulle, le président français, en visite au Canada, lance en 1967 son fameux « Vive le Québec libre » à Montréal, en ravivant l’esprit d’indépendance du Québec.
En 1968, Pierre Eliot Trudeau, devenu chef du Parti libéral fédéral, est élu Premier-ministre du Canada. Il proclame en 1969 le français et l'anglais langues officielles du pays. Au Québec en 1971 langues d'usage : anglais 15 %, français 81 %.
C'est aussi en 1968 que René Lévesque fonde le Parti Québécois ; il était depuis 1960 le député libéral, et fut ministre de 1960 à 1966, les années durant lesquelles il procéda à la nationalisation des ressources hydroélectriques.
En 1968, au Québec a eu lieu la création de Radio-Québec et de l'Université du Québec.
Le 20 mai 1980, par un premier référendum, les Québécois (59,6 %) disent non au projet de souveraineté-association de René Lévesque (le oui ne remporte que 40,4 % du suffrage). Le taux de participation a été de 84 %.
En 1981, Trudeau a conçu le projet de doter le Canada d'une autre constitution, mais les conférences de l'été aboutissent à une impasse. Sans le Québec, Ottawa (capitale du Canada, où siège le gouvernement fédéral) et les neuf autres provinces parviennent à s'entendre. La Loi constitutionnelle adoptée en 1982 est approuvée par le Parlement de Westminster. La constitution est proclamée à Ottawa en présence de la reine le 17 avril 1982.
Le 30 octobre 1995, le deuxième référendum sur l'indépendance du Québec a eu lieu. Non l'emporte de justesse sur oui : 50,58 % contre 49,42 %.
En 2003, au Québec, le parti libéral de Jean Charest reçoit le pouvoir des mains du Parti Québécois, remportant 76 sièges sur un total de 125, contre 45 pour les troupes de Bernard Landry, le Parti Québécois (PQ) et 4 pour Mario Dumont de l'Action démocratique du Québec (l’ADQ).
Aux élections fédérales du Canada, en janvier 2006, les libéraux de Paul Martin perdent le pouvoir aux mains des conservateurs de Stephen Harper. Sur les 308 sièges que compte la Chambre des communes, les Conservateurs obtiennent 124 sièges, contre 103 pour les libéraux. Au Québec, le Bloc Québécois de Gilles Duceppe réussit à faire élire 51 députés.
En 2008, le gouvernement minoritaire libéral, avec J. Charest à la tête, est élu au Québec. L’Action démocratique du Québec devient l’opposition officielle et met fin à l’alternance entre libéraux et péquistes (PQ) qui dure depuis 30 ans. Le Québec est reconnu comme Nation à la chambre des communes du Canada.
En automne 2009 ont eu lieu les élections municipales au Québec. En décembre 2009, la visite du Premier-ministre du Québec J. Charest est attendu en Russie.
Conclusion
En quelques coups d’œil nous avons parcouru les 475 ans de l’histoire du peuple québécois, qui a commencé avec l’arrivée de J. Cartier en Amérique du Nord en 1534 et se poursuit avec sa reconnaissance comme une Nation en 2008. C’est une société jeune et dynamique, en pleine mutation et à la recherche de sa juste et équitable place dans le nouvel ordre mondial.
Le mot « Québécois » est traduit de la langue des Amérindiens (algonquin) comme « détroit, resserrement, escarpement », étant donné que la ville de Québec a été fondée là où le fleuve Saint-Laurent se rétrécit. Cet endroit a une vue la plus spectaculaire du fleuve et du cap, que l’écrivain Ch. Dickens a appelé le Gibraltar de l’Amérique. C’est une gigantesque porte d’entrée maritime dans le Nouveau Monde, dont le peuple québécois a la clé symbolique.
1 Ces mots sont de Georges III, roi d’Angleterre depuis 1760.
2 Il prédit en 1839 que les Canadiens français doivent être assimilés dans un bref avenir par la population anglo-protestante.
3 Ancienne colonie britannique de peuplement européen, pourvue d'un gouvernement responsable, aujourd'hui État politiquement indépendant au sein du Commonwealth.
4 Ensemble formé par la Grande-Bretagne et divers États et anciennes dépendances qui ont gardé des liens économiques et culturels.