Santé
Hygiène : les bienfaits (indirects) de la grippe A
Toutes les précautions sont prises par chacun pour éviter la contamination. Mesures d’hygiène, prévention… et si, au-delà de la grippe H1N1, ces mesures avaient des retombées positives sur la santé de tous ?
Une épidémie de grippe classique touche 5 % à 15 % de la population. D’après l’OMS, on recense chaque année 250 à 500 000 décès liés aux épidémies saisonnières. « La grippe A est une forme de grippe », tonnent en chœur tous les médecins généralistes. Les mesures d’hygiène et de prévention prises pour contrer l’épidémie de grippe A sont donc aussi efficaces pour les autres maladies. Se laver les mains, par exemple : un geste tout simple et anodin que chacun de nous fait plusieurs fois par jour. Enfin, en théorie. Car si tout le monde affirmera se laver les mains dix fois dans la journée, dans la réalité, les études prouvent que les Français sont bien moins assidus. C’est pour cela que l’Institut national de recherche et de sécurité a édité une brochure, disponible gratuitement en téléchargement sur le Net, rappelant pourquoi et comment se laver les mains : après avoir fait le ménage, manipulé des produits, de la nourriture, des cheveux, changé une couche, utilisé un ordinateur… Des conseils sanitaires remis au goût du jour avec (grâce à ?) la menace de la grippe A.
Ainsi, David, 35 ans, a pu le constater : « D’habitude, je ne me lave pas tellement les mains. Je prends le métro, j’arrive au travail… Souvent je mange un sandwich sans passer par la case salle de bains, et je vais même chercher mon fils à l’école sans me laver les mains. » À la réflexion, ce Lyonnais ne se lave les mains que le matin « sous la douche » et le soir « au moment de se brosser les dents ». Enfin ça, c’était avant. Car les mesures prises avec la grippe A obligent ce sceptique à se plier à une hygiène de vie légèrement plus stricte.
Lavabos, savons et gel hydroalcooliques
« Désormais, à la pause déj, il y a toujours une collègue pour me tendre son gel hydroalcoolique antibactéries. Les industriels ont dû se faire des millions avec cette histoire ! », soupçonne-t-il. À l’école, passage obligé par l’entrée où, sous l’œil d’une dame de service, chaque parent doit se frotter les mains avec une solution lavante. Et le soir, sa compagne lui suggère avec insistance de passer par le lavabo avant de passer à table, depuis qu’elle craint la contamination. Finalement, David est passé de 2 lavages quotidiens à 5. Le docteur Olivier, médecin généraliste à côté de Marseille, analyse : « Ça peut sembler anodin, mais ce simple geste permet de diminuer de moitié le risque de gastroentérite par exemple, en limitant le nombre de germes portés en bouche par objet interposé. Mais aussi le risque d’infection, le risque de kyste sur le visage pour les personnes qui se touchent beaucoup la tête au cours de la journée. »
Et encore : d’après lui, 5 lavages, ce n’est pas suffisant. Il en faudrait un avant et après chaque transport, avant et après chaque repas, avant et après chaque passage dans un nouveau lieu, sans oublier les passages par les toilettes ou les échanges avec des collègues, tels que mains serrées, claviers d’ordinateurs ou téléphones prêtés pour être certain de ne pas s’échanger de microbes. « En nettoyant les mains des parents avant l’entrée à l’école ou à la crèche, il est sûr qu’on diminue le risque non seulement de grippe A, mais aussi et surtout de grippe tout court, et d’autres virus. »
Chacun cherche son masque
En plus de la campagne pédagogique organisée autour du lavage de mains, la généralisation du port des masques pour les personnes malades a également eu des bienfaits indiscutables, d’après le docteur Olivier qui explique : « Porter un masque peut passer pour une excentricité, mais le masque empêche au moins d’éternuer sur quelqu’un. Pour les personnes qui prennent les transports en commun, par exemple, ça peut s’avérer utile. » Il conseille de faire abstraction du regard d’autrui et de se concentrer sur la santé de chacun, arguant que les Japonais ou les Suédois, par exemple, ne s’encombrent pas de ce genre de considération. « Quand vous voyez une personne porter un masque, dites vous qu’il vous évite des contaminations et pas qu’il est le clown de service », conseille-t-il. À ceux qui penseraient que trop d’hygiène tue l’hygiène, il tient également à rappeler que jusqu’au début du XXe siècle, on prenait pour coquets les gens qui se lavaient tous les jours.
Le système D de la prévention
Pour terminer, de plus en plus de personnes, par crainte d’attraper la grippe H1N1, anticipent en renforçant leur organisme : vitamines C, alicaments, magnésium… La compagne de David lui prépare ainsi chaque matin une clémentine et une ampoule de vitamine. Leur fils, lui, a reçu une ampoule de vitamine D en complément de son alimentation habituelle. Et le vaccin, alors ? Pour le docteur Olivier, c’est « le plus sûr moyen de ne pas l’attraper ». Pour David en revanche, c’est le plus sûr moyen d’être malade 3 jours avec les conséquences et les effets secondaires. « De toute façon, avec toutes ces mesures d’hygiènes, je n’ai jamais été aussi propre. Grippe, grippe A, rhume, gastro, virus, rien de tout ça ne passera par moi ! », affirme David. Des propos tout de même nuancés par le docteur Olivier, qui affirme que « se laver les mains c’est bien, mais les gens propres peuvent aussi tomber malades ».
(d’après http://www.ecotidien.fr)