Arts et culture
Un prophète
Le plus grand événement cinématographique en France de l’année 2009 – Un prophète, le film de Jacques Audiard – a reçu le grand prix du jury du Festival de Cannes. Un film qui n’aurait pas pu passer inaperçu, un nouveau film-culte qu’on peut placer dans le même rang que Scarface, Le Parrain, Une fois en Amérique. Et qui a fait de son réalisateur un maître du cinéma.
Jacques Audiard est né le 30 avril 1952 à Paris. D'abord il commence dans l'enseignement mais puis il se lance dans le cinéma comme monteur. Au début des années 1980, il s'essaie à l'écriture de scénarios avec succès. L'un de ses plus grand succès est Vénus beauté.
Il passe à la mise en scène en 1994 avec Regarde les hommes tomber, un road movie sombre entre deux hommes que tout sépare, interprétés par Mathieu Kassovitz et Jean-Louis Trintignant. Le film remporte le César de la meilleure première œuvre lors de l'édition de 1995 de la cérémonie, ainsi que le prix Georges-Sadoul. Deux ans plus tard, il travaille à nouveau avec ces deux mêmes acteurs pour son second long métrage, Un héros très discret qu'il adapte du roman éponyme de Jean-François Deniau.
Audiard se nomme « artisan du cinéma ». Mais son travail sur les films est souvent long et prend parfois plus de cinq ans. C'est le cas de son film Sur mes lèvres, une histoire d'amour sur fond de polar noir avec Emmanuelle Devos et Vincent Cassel. Il gagne un César dans 3 catégories en 2002, lors d'une année considérée comme un excellent cru où il était en compétition notamment avec Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, La Chambre des officiers, La Pianiste et Chaos.
Son quatrième film, De battre mon cœur s'est arrêté avec Romain Duris, remporte un grand succès public comme critique, et reçoit dix nominations aux Césars de 2006 dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur. Il remporte 8 statuettes lors de la cérémonie.
En 2008, Audaird fait Un prophète, film sur l'ascension d'un jeune délinquant d'origine maghrébine dans une centrale, qui lui vaut le Grand prix du jury au Festival de Cannes 2009. Ce film obtient également le Prix Louis-Delluc 2009.
Ce film c'est l'histoire de Malik El Djebena, un jeune délinquant condamné pour six ans de prison, dès son entrée en prison il est contraint par un clan mafieux corse d'assassiner un gars qui s'appelle Reyeb. Quelques mots dits par Reyeb s'imprègnent à jamais dans la tête de Malik. L'assassinat le bouleverse à tel point que le souvenir de cela commence à le hanter. Il devient dès lors le protégé et le larbin de César Luciani qui contrôle l'ensemble de la prison, les petits et gros trafics, avec l'aide de surveillants soudoyés. Petit à petit, il gagne la confiance de César qui décide de lui confier un certain nombre de missions de renseignements et de transmission d'informations avec l'extérieur. Malik organise en parallèle son propre réseau en prison tout en continuant à prêter allégeance à Luciani, par crainte et intérêt.
Avant Un prophète Tahar Rahim, l'acteur qui a interprété Malik, était peu connu. Il vient de Belfort, d'une famille modeste d'origine algérienne. Durant l'adolescence, il reste dans les salles de cinéma, à ce propos dans Libération Next, il déclare qu'il était « dans une semi-hypnose ». Depuis l’âge de 14-15 ans, il ne rêvait que de la carrière d'acteur sans oser passer le cap. Le cinéma, il l’a découvert à la télévision. Son frère collectionnait les films. Du « cinéma de qualité », des films hollywoodiens, des films noirs (Scorsese, De Palma), des films français des années 70 : Ventura, et surtout Gabin qu'il nomme le plus grand des acteurs
Niels Arestrup, Jacques Audiard et Tahar Rahim
Il fait ses études à l'Université Paul-Valéry de Montpellier. Et par la suite a été formé au Laboratoire de l'Acteur.
Pendant qu'il poursuit ses études à la faculté, il a l'opportunité de jouer dans le docu-fiction Tahar. Après ses études de cinéma, il participe à la série évènement de Canal+, La Commune, puis fait une brève apparition dans le film À l'intérieur.
Et puis il rencontre Audiard. D'ailleurs, lui-même il en a parlé dans une interview à France-Soir : « Je sais qu’il a eu envie de travailler avec moi après m’avoir rencontré sur La Commune. Mais je ne dirais pas qu’il m’a “proposé” le rôle de Malik. J’ai passé plusieurs essais sur une période de trois mois et il m’a pris. C’est un cadeau. » Et plus loin : « Le jour où j’ai découvert Sur mes lèvres, j’ai trouvé mon cinéaste préféré en France. Il y a deux ans, je savais que Jacques préparait Un prophète. Y prendre part était de l’ordre du fantasme. Quand la chance s’est présentée, j’y suis allé à fond. Jacques Audiard me dit qu’il veut que je tourne dans son film, je ne veux même pas savoir ce que c’est, je sais que je vais adorer. Quand j’ai lu le scénario j’ai eu une merveilleuse surprise. » « Mais Malik, ce n’est pas moi », avoue-t-il dans l'interview sur www.lesinrocks.com. « Dans le quartier où j’ai grandi, les notions de respect et de travail avaient un sens. » Et dans une autre, sur www.evene.fr : « L'unique parallèle entre Malik et moi, c'est qu'il apprend dans la prison, évolue dedans, comprend, observe... Et c'était mon cas sur le tournage. Personnellement, j'ai été enrichi et grandi, j'ai appris énormément. Lui, il a pris une longue peine de prison, moi, j'ai pris une longue joie de comédien. »
On a tout de suite commencé à parler de ce film dès qu'il est sorti. Des louanges unanimes, des critiques bienveillantes. Mais en étant un vrai chef-d'œuvre, Un prophète est aussi du cinéma social et même du cinéma mystique.
(La publication est préparée par Lialia KISSELEVA.)