L’arc-en-ciel
Juliette MELLON
Le Mensonge de Gaétan
(extrait)
Faux départ
Je m’appelle Gaétan. Mais, pour mes copains, je suis « Tanou ».
Cet été, mes parents et moi, nous ne partirons pas. Papa vient juste de nous l’annoncer. Comme il a changé de travail, il n’aura pas de vacances.
On n’y peut rien. Mais je suis déçu quand même. Ce n’est pas juste, tous mes copains vont s’en aller, sauf moi.
Le plus dur, c’est de voir partir Corentin. C’est mon meilleur ami. Je le connais depuis la maternelle. Il adore les devinettes, les timbres... et le foot ! Moi, j’aime surtout le foot.
Cet après-midi, Corentin et moi, nous faisons un dernier match ensemble. Au bout d’une heure, on est rouges, essoufflés et on meurt de soif.
Corentin propose :
– On monte boire chez moi ?
Dans l’ascenseur, Corentin me demande :
– Au fait, Tanou, tu ne m’as pas dit où tu allais en vacances ?
Et là, je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas le courage de lui dire que je reste ici. J’aimerais tant partir comme les autres ! Alors, je réponds sans réfléchir :
– Je vais en Vendée, au bord de la mer.
– C’est chouette, ça ! s’exclame Corentin. Aussitôt, j’ai envie de lui dire que ce n’est pas vrai. Mais la porte de l’ascenseur s’ouvre et les mots restent coincés dans ma gorge.
Un peu plus tard, nous savourons notre goûter dans la cuisine. Comme d’habitude, Corentin me pose des devinettes :
– « On me lèche le dos et on me tape sur la figure. Qui suis-je ? »
Je m’écrie :
– Je sais : un timbre !
Corentin ajoute :
– En Vendée, il y a sûrement des timbres superbes ! Tu promets de m’écrire et d’en coller un beau sur l’enveloppe pour ma collection ?
C’est le moment de tout lui avouer. Je prépare ma phrase dans ma tête... quand j’entends sa maman me demander :
– Où pars-tu cet été, Gaétan ?
Je bafouille :
– Euh... en Vendée.
La maman de Corentin insiste :
– Et où donc, en Vendée ?
Je me sens pris au piège. Je réponds très vite :
– Je ne sais pas exactement...
Heureusement, elle change de sujet :
– Les garçons, vous avez tout mangé ! Allez donc chercher du pain.
Ouf ! Je suis sauvé !
Comme un vélo sans freins
Madame Jean, la boulangère, nous connaît bien. Comme toujours, elle nous accueille avec un petit mot gentil :
– Alors, les garçons, c’est chouette, les vacances ?
Avant même que j’aie ouvert la bouche, Corentin répond :
– Oui, et en plus, on part tous les deux à la mer !
Madame Jean s’étonne :
– Tu pars à la mer, Gaétan ? Ta maman m’avait dit que vous restiez là.
Aïe, aïe, aïe... Mon estomac se serre.
J’ai l’impression que tout le monde me regarde. Je bafouille à toute vitesse :
– Euh, oui. Je pars tout seul ! Je vais chez une tante.
Et vite, je sors de la boulangerie.
Dehors, je file en criant à Corentin :
– Il faut que je rentre ! Salut, à demain.
Sur le chemin, je repense à tous les gens qui faisaient la queue à la boulangerie. Tous ces gens croient maintenant que je vais partir en vacances.
Mon mensonge est comme un vélo sans freins lancé dans une descente. Il roule de plus en plus vite, de plus en plus loin. Et moi, je ne peux plus l’arrêter.
VOCABULAIRE
déçu – разочарованный
s’en aller – уходить, уезжать
essoufflé – запыхавшийся
j’aimerais tant partir – мне бы так хотелось уехать!
les mots restent coincés dans ma gorge – слова застряли у меня в горле
savourer – смаковать, наслаждаться
lécher – лизать, облизывать
taper – шлепать, бить
avouer – сознаться в …, признаваться
bafouiller – бормотать, мямлить
prendre au piège – поймать в западню
allez chercher du pain – пойти за хлебом
frein (m) – удила, тормоз
QUESTIONS
- Pourquoi Gaétan ne partira pas en vacances ?
- Qui est Corentin ? Qu’est-ce qu’il aime ?
- Pourquoi Gaétan a-t-il menti à son ami ?
- Est-il difficile d’avouer son mensonge ? Pourquoi ?
- Avec quoi est-ce que Gaétan compare son mensonge ? En êtes-vous d’accord ? Peut-on le comparer avec une boule de neige ?
- Avez-vous été dans une situation pareille ? Comment en êtes-vous sortis ?
- Qu’en pensez-vous, quelles seront les suites de ce mensonge ?
(à suivre)
(la publication est préparée par Maria RIVES)