Les Routes de l’Histoire

Vocabulaire de la Seconde Guerre mondiale

Pour parler des années 40, il faut d'abord oser affirmer que c'est la décennie qui fait basculer le siècle. On dirait qu'une nuit sombre s'est abattue sur une partie du monde et sur la conscience de l'homme, Hitler à la moustache noire, et une France qui chute dans ce qu'on a appelé l'étrange défaite. Les années 40, c'est aussi la fondation d'un nouveau vocabulaire, d'une culture. L'Occup. Un collabo. Un facho. Un nazi. Vichy. Ces mots prennent désormais une toute autre signification, et un autre poids qui pèse encore aujourd'hui, soixante ans plus tard. Ils sont une échelle de valeurs ou de contre-valeurs.

Résister est un verbe qui va prendre pour toujours une singulière dimension : celle de l'opposition à l'intolérance, qui va préfigurer les combats pour les droits de l'homme.

Les fameux slogans de la « guerre de cinq ans » vont rester dans la mémoire des peuples. Un vieux maréchal Philippe Pétain prononce les mots les plus atroces : « C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser les combats. » À cet appel s'oppose la réplique de Winston Churchill : « J'aime mieux voir Londres en ruines que souillé par l'ignoble servitude. » Ou celles de Charles de Gaulle : « La France a perdu une bataille, mais elle n 'a pas perdu la guerre, et la France n'est pas seule. »

À côté de ces géants, il y a celui qui, par son revirement va porter les premiers coups de la défaite à Hitler : Staline, cruel bourreau ayant aussi recours aux camps de concentration, mais sachant au moment juste choisir sa position. C'est lui qui voudra installer « le nouvel ordre du monde ».

Ainsi se fait-il que les années 40 représentent une série des H majuscules : H comme horreur d'Oradour à Katyn et héroïsme, cet héroïsme anonyme de tous ces hommes jeunes qui, de Iwo Jima à Cassino, de Bastogne à Stalingrad, vont graver la terre de leur sang.

Le H majuscule des années 40, dans la mémoire de l'Holocauste et celui d'Hiroshima. Ces H, c'est le monde à l'envers, la nuit de l'âme, le péché fondamental du XX^e siècle.

(d'après Paris Match)