Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №7/2010

Les Routes de l’Histoire

Auschwitz et la « solution finale »

Libéré par les Soviétiques le 27 janvier 1945, Auschwitz-Birkenau fut le plus important des camps d’extermination nazis. Dans ce complexe de mort industrielle installé près de la petite ville polonaise d’Oswiecim, dans la région de Cracovie, furent tués quelque 1,1 million de personnes dont 960 000 Juifs, 75 000 Polonais, 21 000 Tziganes et 15 000 prisonniers de guerre soviétiques. Le camp représentait le pilier de ce système de meurtre industriel avec les autres camps d’extermination (Treblinka : 750 000 victimes ; Belzec : 550 000 ; Sobibor : 200 000 ; Chelmno : 150 000 ; Majdanek : 50 000).

Quand les nazis ont-ils décidé d'exterminer les Juifs ?

La plupart des historiens estiment que « la solution finale à la question juive » fut officiellement lancée le 20 janvier 1942 lors de la conférence de Wannsee près de Berlin. L'antisémitisme était consubstantiel au régime et si le mot « Endlösung » (solution finale) fut employé dès 1939 afin de créer un IIIe Reich « Jundenrein » (nettoyé des Juifs), le projet d'une extermination industrielle par les chambres à gaz ne se constitua que peu à peu. Les nazis avaient d'abord pensé forcer les Juifs à émigrer hors de l'Europe, mais aucun pays n'acceptait de les accueillir. Ils ont ensuite étudié la possibilité de déportations forcées à Madagascar. Après l'occupation de la Pologne, ils commencent à les parquer dans des « réserves » et des ghettos. Mais ces solutions leur semblent irréalisables ou insuffisantes notamment après l'invasion, en juin 1941, de l'Union soviétique.

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Deux fours d’incinération du crématoire I
Source : Les Collections de l’Histoire

Comment cette politique fut-elle mise en œuvre ?

Au moins 1 million de Juifs sont tués de façon « artisanale » par les Einsatzgruppen, les « équipes mobiles de tuerie » qui suivaient l'armée allemande dans sa progression en Russie, « liquidant » systématiquement les populations juives comme à Babi Yar près de Kiev. Mais ces massacres au fusil et à la mitrailleuse posaient des problèmes de « rentabilité ». Durant l'été 1941, les nazis ont commencé à convertir des camions en chambre à gaz en utilisant les gaz d'échappement. Puis ils créent en Pologne, dans les camps de Chelmno puis de Belzec, des installations permanentes pour le gazage au monoxyde carbone. Jusque-là « régional », le génocide devient après Wannsee systématique dans tous les territoires contrôlés par le Reich. La « solution finale » est mise en place. Pays par pays, il fallut d'abord définir les Juifs, puis les rassembler, les déporter et enfin les assassiner. Une fois lancé, le système fonctionna jusqu'au bout s'acharnant à faire traverser en Europe les convois de déportés et à faire marcher les chambres à gaz alors que les Alliés avaient déjà débarqué et que le Reich s'effondrait.

Quand fut créé Auschwitz ?

À l'origine, en juin 1940, il s'agissait d'un petit camp de concentration pour des Polonais et un an plus tard pour des prisonniers soviétiques. En décembre 1941 fut organisé un premier gazage homicide « test » au Zyklon B sur des Russes classés comme « communistes fanatiques » et des malades « irrécupérables ». Auschwitz est choisi à la fois pour ses bonnes dessertes ferroviaires et le fait « qu'il est facilement isolé et camouflé ». Les nazis attribuent à Auschwitz deux fonctions : l'assassinat pour ceux dont ils n'ont pas besoin ; la mise au travail jusqu'à l'exténuation mortelle pour les autres. La main-d'œuvre de déportés du camp sera utilisée pour construire un deuxième camp à 3 kilomètres de là, qui, à la différence du camp de concentration, n'a d'autre but que la mise à mort industrielle : le camp d'extermination de Birkenau (Auschwitz II), « inauguré » au mois d'octobre 1941. Dans un troisième camp, Auschwitz III-Monowitz, est installé l'usine IG Farben.

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Vue générale du camp de Birkenau
Source : Les Collections de l’Histoire

Comment fonctionnait l'extermination ?

Les premières chambres à gaz de Birkenau aménagées dans deux anciennes fermes au nord du camp fonctionnent à partir de juillet 1942. Les cadavres sont alors brûlés dans des charniers à ciel ouvert. Le rythme des tueries s'accélère et au printemps 1943, quatre nouveaux ensembles de chambres à gaz – avec des fours crématoires adjacents – sont construits par la société Kopf. La ligne de chemin de fer d'Auschwitz est prolongée jusqu'à l'intérieur de Birkenau pour déverser directement les dizaines de milliers de déportés raflés par les Allemands dans toute l'Europe. Sur cette « rampe », une sélection rapide fait le tri parmi les arrivants. Les hommes et les femmes en état de travailler partent pour Auschwitz I, main-d'œuvre d'esclaves pour le camp de concentration et les usines autour d'Auschwitz. Les autres, enfants, vieillards, malades, femmes avec enfants, tous ceux qui ne passent pas la « sélection », seront tués le jour même. Les SS y « traitent » parfois jusqu'à 20 000 personnes par jour. Les arrivants se déshabillent, puis sous les coups de schlague foncent vers ce qu'on leur dit être des salles de douche. Ils sont enfermés dans ces pièces hermétiquement closes où sont déversés des cristaux de Zyklon B qui les asphyxient en quelques minutes dans d'atroces souffrances. Les « sonderkommandos », des déportés régulièrement éliminés, vident les chambres à gaz puis brûlent les cadavres après avoir récupéré les dents en argent ou or, métaux précieux qui doivent servir au grand Reich.

Quand a-t-on connu la vérité ?

Les Allemands ont tenté de cacher la réalité de l'extermination. Ils parlaient de « camps de travail », ne donnaient aucun ordre écrit, camouflaient les chambres à gaz. Mais, dès 1941, les organisations juives recevaient des nouvelles alarmantes de la disparition des communautés dans l'Europe occupée. Et à l'été 1942, le monde pouvait, s'il voulait, savoir. Richard Lichteim, un ancien leader sioniste allemand, ne cessa d'informer Jérusalem, Londres et New York sur le sort des Juifs à l'Est. Au mois d'août 1942, le représentant du Congrès juif mondial à Genève, Gerhart Riegner, envoie un télégramme au bureau de Londres, télégramme qui est transmis aux autorités anglaises et américaines : « Reçu un rapport alarmant qu'au QG du Führer, un plan a été discuté pour que tous les Juifs des pays occupés ou contrôlés par l'Allemagne, soient exterminés d'un coup, pour résoudre une fois pour toutes la question juive. » Quant à la vérité sur Auschwitz, elle est connue dans ses moindres détails par des évadés du camp.

Pourquoi les Alliés n'ont-ils pas bombardé Auschwitz ?

Ils savaient mais n'y croyaient pas. Les organisations juives elles-mêmes préféraient ne pas rendre publiques les nouvelles de massacres par gaz pour ne pas créer de panique. Au mois de juillet 1944, quand les évadés racontent la vérité d'Auschwitz, les leaders des organisations juives et sionistes se décident à faire pression sur les gouvernements alliés. Ils interviennent auprès de Roosevelt et Churchill. Mais les commandants militaires refusent catégoriquement de bombarder Auschwitz. De nombreux ouvrages ont décrit l'« abandon des Juifs », accusant les responsables américains et anglais d'avoir laissé mourir 150 000 Juifs qui ont été gazés de juillet à novembre 1944, et auraient pu être encore sauvés si les voies ferrées menant à Auschwitz avaient été bombardées.

(d’après Liberation)

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