Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №7/2010

Les Routes de l’Histoire

Missak Manouchian et son groupe « MOI »

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Missak Manouchian (1896-1944)
http://www.ldh-toulon.net

Ils n’étaient encore que des enfants, les 23 martyrs de l’Affiche rouge, résistants communistes, fusillés le 21 février 1944 au mont Valérien par les nazis après des semaines de torture. Comme leurs noms sonnent « étrangers », la propagande SS édite l’affiche, qui les présente comme la lie de l’humanité. Assimilé à un dangereux chef de bande, Missak Manouchian, poète arménien, est l’un des principaux responsables parisiens du mouvement « FTP-MOI ». Son « armée » a l’énergie du désespoir : Léon Goldberg, 20 ans, a vu toute sa famille déportée lors de la rafle du Vel’d’Hiv en 1942, Roger Rouxel, Thomas Elek et Wolf Wajsbrot n’ont pas 18 ans, Olga Bancic, une Roumaine décapitée deux mois plus tard dans une prison à Stuttgart est maman d’une petite fille de 6 ans. Vingt-trois compagnons qui ont harcelé l’armée d’Occupation, multipliant des attentats, les déraillements de convois militaires.

Missak Manouchian est né en 1906 en Arménie. Réfugié en France en 1925, il devient l’animateur de revues de la communauté arménienne, puis du journal du groupe arménien de la « MOI ». « Main-d’œuvre immigrée », telle est la signification de ce sigle. Derrière ces trois lettres, se sont regroupés, pendant l’entre-deux-guerre, les communistes de nationalité étrangère venus en France. La « MOI » est composée d’immigrés, dont une bonne partie était des militants politiques qui avaient fui les fascismes européens avant le début de la guerre.

Sous l’Occupation, Missak Manouchian est nommé responsable politique de la section arménienne clandestine de la « MOI ». La création du groupe qui restera connu sous le nom de groupe « Manouchian » s’est réalisée au printemps 1942, en mars-avril. C’est un groupe très bien organisé, formé d’une soixantaine de résistants dont les dirigeants, les informateurs et les combattants.

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Affiche rouge
http://www.avoodware.com

En 1943, Missak Manouchian s’engage personnellement dans la lutte armée, prenant le commandement des « Francs-Tireurs et Partisans » (FTP) de la « MOI » en région parisienne. La « MOI » se fait très rapidement remarquer par l’efficacité et la hardiesse de ses actions, la hargne de ses combattants qui n’ont bien souvent plus rien à perdre et de vieux comptes à solder avec les fascismes de toute nature. Pendant quatre mois, d’août à novembre, ses équipes effectuent des dizaines de sabotages et d’attentats contre l’occupant.

Arrêté le 16 novembre 1943, Manouchian doit se retrouver, en février 1944, en compagnie de vingt-trois de ses camarades, devant un tribunal allemand de Paris. Un procès qui est l’occasion pour la propagande allemande et la presse française collaboratrice de dénoncer « l’influence terroriste étrangère », avec notamment l’apparition de cette fameuse « affiche rouge » où figurent les photos de dix membres du groupe Manouchian, l’affiche que les nazis placardèrent dans tout Paris pour annoncer aux bons Français qu’un groupe de terroristes avait été condamné à mort et exécuté. Le 22 février 1944, on apprend l’exécution au mont Valérien de vingt-trois des vingt-quatre accusés.

Cet épisode est désormais le symbole de l’engagement de nombreux réfugiés européens, qui ont combattu sur le sol français et donné leur vie pour la libération de la France.

En 1956, le poète Louis Aragon leur rendra hommage dans un texte mis en musique par Jean Ferrat et chanté par Léo Ferré, où il reprenait simplement les derniers mots d’un des 23, Missak Manouchian : « Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre / Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand. »

(d’après La Langue française)

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