Mon amie la langue française
La France pour moi, c’est…
Suivant la tradition, le Comité d’organisation a proposé aux professeurs-participants au XIXe Séminaire National « La France, la Francophonie et la Russophonie aujourd’hui » de prendre part au Concours interne en choisissant l’un des trois sujets suivants :
1. « La France pour moi, c’est… »
2. « Une image, un son, un parfum, un sentiment, un goût… La France pour vous, c’est quoi ? »
3. « Ma France : souvenirs, rêves, nostalgies. »Ci-dessous, vous trouverez des copies des professeurs.
La France pour moi, c’est…
La France pour moi, ce n’est pas la Belgique
Avec ses éternels débats linguistiques
La France pour moi, ce n’est pas la Martinique
Auréolée faussement de gloire mythique
La France pour moi, c’est la baguette magique
Me faisant plonger dans la vie féérique
La France pour moi, c’est le pays magnifique
Comme dans son histoire des périodes tragiques
La France pour moi est la plus démocratique
Passée pour être par des moments critiques
La France pour moi, c’est l’Indochine et l’Afrique
Qui se croient mettre fin aux régimes tyranniques
La France pour moi, c’est comme la musique
Destinée non seulement au grand public
La France pour moi, c’est Proust, Descartes
et Sartre fantastiques
Avec leurs œuvres renommées philosophiques
La France pour moi, c’est Hugo romantique
Un grand Franc-Comtois et ses romans pédagogiques
La France pour moi, c’est le miracle cinématographique
Dont la Nouvelle Vague déferla le monde
d’une manière énigmatique
La France pour moi, c’est l’art dramatique
Avec son expérience dans la vie scénique
La France pour moi, c’est le lexique
De sa langue vêtue de merveilleuse phonétique
La France pour moi, c’est quelque chose de mystique
Se transformant peu à peu à un animal domestique
La France pour moi, c’est mes voyages périodiques
Aux Séminaires sous tutelle aroutiounique
La France pour moi, c’est le pays francique
Tous en subissant la politique sarkozyque
La France pour moi, c’est le pays diabolique
Avec son attrait presque physique.
Ibraghim ABAKAROV, Makhatchkala
La France pour moi, c’est un sourire. Un sourire du soleil qui veille sur les bateaux silencieux s’endormant dans les bras de la Seine.
Un sourire dans les yeux d’un jeune saxophoniste qui joue avec tendresse Aranjuez, Mon Amour dans le métro parisien.
Un sourire des phoques bruns tachetés de noir qui s’amusent comme de petits enfants face aux vagues toutes-puissantes à Biarritz, au Musée de la Mer.
Un sourire des mouettes, ravissantes et sereines qui planent au-dessus de Perpignan, dans le ciel sans frontières.
Un sourire radieux d’un journaliste radio sur les ondes de France Bleu Roussillon et surtout ses paroles qui font très chaud au cœur : « La météo pour aujourd’hui, c’est du soleil et de la douceur pour tout le monde ! Belle journée avec nous ! » Une belle journée d’un beau pays qui m’a offert l’un des cadeaux les plus précieux du monde : son sourire !
Marie PANINA, Noguinsk
La France pour moi, ce n’est pas seulement Paris, la capitale, la tour Eiffel et autres curiosités. Étant en France, je ne manque jamais la possibilité de visiter les chefs-d’œuvre mondialement connus du Louvre, du musée de Rodin, etc… Tout ça, c’est génial et tous le connaissent. Mais…
Je sens mieux ce pays chéri et je m’y sens à l’aise quand je longe les petites rues pittoresques des petites villes et des villages, quand je me promène sur leurs places autour de petits bassins ronds avec de petites fontaines ou sans. Ou bien, je me promène dans les montagnes où l’on peut marcher des heures entières sans rencontrer personne, en observant des églises montagnardes simples et solennelles en même temps, en écoutant des chants religieux que mon amie Catherine joue à la flûte. Ou bien je m’arrête net, devant les « demoiselles coiffées ». Ce sont des rochers pointus avec de la verdure aux sommets qui ressemblent beaucoup à un groupe de jeunes filles en rond.
Je m’intéresse surtout aux monuments qui se trouvent loin des autoroutes et qui ne sont pas fréquentés même par les Français. À mi-route entre Lyon et Montélimar, il y a un petit village, du nom duquel je ne me souviens pas, où l’on peut trouver un monument d’architecture, bizarre et « émerveillant » à la fois. C’est le Château idéal du facteur Cheval. Oh, c’est une histoire tout à fait fantastique !
Or, au XIXe siècle, il était une fois un facteur nommé Ferdinand Cheval que l’on considérait comme un homme simple, ordinaire, sans façon. Il vivait à Hauterives. Étant facteur, il devait parcourir quotidiennement 32 km à pied, en rapportant ses lettres aux habitants. Un jour ou une nuit plutôt, Ferdinand fait un rêve : il visite un palais bizarre et étrange. Il est émerveillé… Le lendemain, il oublie son rêve… 15 ans plus tard, en marchant dans les montagnes pour son travail, il glissa sur une pierre et faillit tomber. Fâché, il prend la pierre coupable de sa maladresse. La forme de la pierre lui plaît beaucoup et il la met dans sa poche. Et tout à coup, Ferdinand se souvient de son rêve d’autrefois. Le facteur a un esprit éclairé. Il comprend désormais la tâche qui est la sienne : il doit construire le palais de son rêve avec ces pierres. Il n’hésite pas une seule seconde, il est sûr qu’il est capable de construire le château de son rêve. Maintenant il sait ce qu’il doit faire. Il tâche d’exécuter son travail le plus vite possible et il ramasse des pierres, ses pierres à lui, celles qui ne sont pas ordinaires. Si parfois Ferdinand ne peut pas mettre la pierre choisie dans sa poche ou dans son sac à lettres, il la cache quelque part dans un fossé pour revenir plus tard avec une charrette. Il les a ramassées ainsi, pierre après pierre avec amour, pendant 5 ans. Un travail grandiose a commencé, un travail qui a duré 32 ans. Il construisait son palais avec des pierres, des morceaux de fer, du ciment et de l’eau. Et voilà, après 32 ans d’un travail dur et acharné, en 1912 le palais de son rêve est construit. C’est un vrai château en pierres, long de 26 m, large de 14 m et haut de 12 m. Sa fille Alice, nommée en honneur du personnage de Kerrol, court là-dedans avec des cris gais. Je ne vais pas vous décrire ce palais du facteur Cheval, l’affaire de toute sa vie. Allez-y et pensez un moment : comment une seule personne bien qu’elle soit passionnée, mais sans l’instruction spéciale, puisse construire un miracle pareil. Croyez-moi, cela vaut le coup…
Je tiens à découvrir les endroits presqu’inconnus du pays que j’aime tant et à transmettre mes savoirs aux autres pour qu’ils puissent, eux aussi, vivre le charme de la France et de la langue française.
À mon grand regret, le prestige du français diminue partout. Le gouvernement français tâche d’y résister et fait beaucoup pour la diffusion du français dans le monde. Quant à moi, je partage le souci du gouvernement français, je soutiens sa politique et je fais tout mon possible pour diffuser le français, surtout, dans ce bout lointain du nord qui est Arkhangelsk et sa région (à propos, ce territoire est un peu plus grand que la France).
Or, je suis propagandiste et diffuseur du français, je suis à ma place et j’en suis fière.
Maria ERCHOVA, Arkhangelsk
La France pour moi, c’est…
C’est une question à poser !
Peut-être images ? sons ? parfums ?
Nostalgies ? Souvenirs ? Sentiments ?
Tout à fait, c’est un rêve, une magie
Qui fait le buzz dans mon esprit !
Et je me sens pousser des ailes…
Mais la réalité n’est pas si belle !
En tant que prof, je dirais
La France pour moi, c’est le FOS et le FLE
Auxquels s’ajoute le FOU
Mais pour ne pas devenir tout fou
Et découvrir la vérité
De ce pays qui est bien fait
Pour l’admirer et pour l’aimer
Pas par l’approche (quelle qu’elle soit !)
à l’université !
Je veux la colorer (et c’est jouable !),
Cette formule pénible, mais considérable
« Boulot-métro-dodo » et bam !
La remplacer par une simple SBAM :
Sourire, Bonjour, Au revoir, Merci.
Et que mes ailes me donnent l’envie efficace
De savoir en plus ce que c’est la France !
C’est sûr ! Je vais évaluer !
Souhaitez-le-moi, s’il vous plaît !
La France ? Qui est-ce ? C’est quoi ?
En route ! Bonne chance à moi !
Svetlana IVANOVA, Ekaterinbourg
Pour ne pas être banale et ne pas écrire comme je le fais d’habitude, j’ai décidé de réfléchir sur ce sujet en utilisant l’acrostiche. Alors, l’image de « ma France » est la suivante :
F – fantastique, féérique, fertile
R – raffinée, révolutionnaire, ravissante
A – aimable, accueillante, ambitieuse
N – noble, naturelle, non-conformiste
C – cordiale, chaleureuse, charmante
E – élégante, énergique, éternelle…
Et comme l’éternité n’a pas de frontières, la définition de « Ma France » n’a pas de limites et je pourrais en parler pendant des heures sans jamais m’arrêter.
Je vous aime, ma France !
Larissa DENISKINA, Lipetsk
Ma France… oui, un très bon sujet
Surtout actuel cette année !
On peut présenter des projets
Des thèmes tant de fois discutés.
La première pensée est banale :
La France pour moi – c’est Paris,
La mode et des femmes idéales,
La Seine et ses quais toujours gris !
Mais non ! Ajoutons les régions !
L’image deviendra plus complète
De Brest et du Havre jusqu’à Lyon
Il y a plein de choses bien secrètes
La France est décrite dans les livres
De Sartre, Hugo et Balzac
C’est du camembert et du cidre
Sans oublier le cognac
Tout le monde connaît sa peinture
Les toiles des impressionnistes
Les fables de La Fontaine
Le siècle des Humanistes
La France d’aujourd’hui, c’est Zidane
C’est Anne Gavalda et Houellebecq
C’est « ma France de Dyam’s et le SLAM »
« Les meufs », « les beaux gosses » et « les mecs »
Je peux présenter cette image
Qu’on trouve dans les documents,
Ajouter des photos de voyages
Faites par mes étudiants
Mais à quoi ça peut être utile ?
C’est triste, mais c’est ainsi
Le problème est que jamais
Dans ma vie
Je n’ai visité ce pays !
Ekaterina VASSENEVA, Nijni Novgorod
On dit que les femmes aiment avec les oreilles. C’est vrai aussi pour les hommes. J’ai commencé à aimer la France avec mes oreilles.
Quand j’allais encore à l’école, un jour, j’ai entendu une chanson russe où le chanteur disait : «Я волнуюсь, заслышав французскую речь…» (quand j’entends le français, ça me fait vibrer). Je me suis dit qu’il devait être très fort, ce français.
Pour moi, cette « vibration » a commencé quand j’étais en première année à la faculté des langues vivantes. On nous a fait écouter Le Petit prince interprété par Gérard Philipe. Ce fut un choc, un coup de foudre. C’était plus que beau, c’était sublime. Cette voix ensorcelante ne me lâchait plus. J’écoutais cet enregistrement des dizaines de fois et, je voulais encore et encore. Cela devenait une obsession. Je cherchais toujours ce paradis sonore. J’écoutais la voix nostalgique d’Adamo, la voix cassante de Bécaud, la voix sensuelle de Dassin, la voix virile de Gabin. De toutes ces voix naissait une image de la France que j’ai commencé à aimer, que je voulais voir. Mais, en même temps, j’éprouvais une certaine crainte : est-ce qu’elle serait aussi belle que je l’imaginais ?
Et puis, un jour, je suis allé en France. Le premier rendez-vous a dissipé mes doutes et mes craintes. La France était plus belle que son image. Maintenant, je l’aimais non seulement avec mes oreilles, mais aussi avec mes yeux et avec mon cœur.
Youri SPIRINE, Samara
Pour donner de la panache et de l’originalité à mon devoir, j’ai décidé d’utiliser une répétition de la tournure « La France pour moi, c’est… » comme Emile Zola pour J’accuse et écrire un poème. Pour cette raison, j’ai pris la liberté de faire quelques rimes. J’espère que cette liberté ne nuira pas à la notation de mon devoir. Selon moi, la poésie permet de toucher un peu plus les sentiments du lecteur.
« Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercé de tendre insouciance
Je t’ai gardée dans mon cœur ! » – chantait Charles Trenet.
La France pour moi, c’est le charme d’abord, le plaisir de découvrir sa musique de la langue si belle. En particulier cette chanson décrit une vie douce, simple, remplie de bonheur, de soleil merveilleux et de paysages fantastiques.
La France pour moi, c’est le charme de ses paysages et de sa nature. Qui n’est jamais tombé sous ce charme !
La France pour moi, c’est également le plaisir du vin avec l’image des fruits mûrs coupés d’un geste agile dans les « jarlots » de bois bien propres aux terroirs.
La France pour moi, c’est la gastronomie avec tous ses plaisirs de la table. La cuisine française est connue à travers le monde entier. Grâce aux livres de cuisine française que j’ai pu découvrir, cuisiner est devenu un jeu pour moi, une expression artistique.
La France pour moi, ce sont ses célèbres châteaux. Je suis tombé sous la beauté du Pays de la Loire remplie d’histoires. Je voudrais citer, en particulier, le château de Chambord. J’ai été ébloui par sa grandeur, sa richesse architecturale. Le château de Chambord est un véritable rêve sorti d’un conte de fée.
La France pour moi, c’est sa langue si douce et sa poésie. Je suis tombé sous le charme de cette langue réputée la plus romantique dans le monde. Les écrivains et les poètes français, par leur talent, ont su me faire voyager à travers les époques. Victor Hugo, avec son chef-d’œuvre Les Misérables a su me faire visiter les rues de Paris à côté de Jean Valjean et de la petite et touchante Cosette. Marcel Proust m’a ému par son œuvre À la recherche du temps perdu. Dans Les Fleurs du mal, Baudelaire m’a ébloui avec L’Invitation au voyage et L’Albatros. Quant à Maupassant, j’ai été pris par le charme de ses émouvantes nouvelles comme Boule de Suif. Je ne remercierai jamais assez Marcel Pagnol qui m’a permis de visiter le Midi de la France à travers ses œuvres touchantes et belles.
La France pour moi, ce sont aussi ses peintres célèbres. L’histoire de France est remplie d’artistes peintres français qui ont façonné l’art : Paul Cézanne et ses natures mortes, mais aussi Eugène Delacroix et sa célèbre peinture de La Liberté guidant le peuple, Gustave Courbet, le chef de file du courant réaliste, Claude Monet, le précurseur de l’impressionnisme. Comment ne pas tomber ébahi devant toutes ces œuvres des artistes peintres français.
La France pour moi, c’est aussi sa musique si variée, diverse et riche. J’ai été impressionné par sa profusion de types de musique, de la musique médiévale également à la contemporaine.
La France pour moi, c’est aussi sa culture cinématographique qui exerce une influence majeure sur l’Europe et sur le monde. De plus, la France est une nation qui produit le plus de films par habitant. Le cinéma français, c’est la passion, l’amour, l’art.
La France pour moi, c’est le parfum. Aimé Guerlain crée le premier parfum tel que nous le connaissons tous, mais le prestige d’un parfum français dépasse les frontières avec le célèbre Chanel №5.
La France pour moi, c’est la haute couture française qui rayonne à travers le monde. Que c’est extra ! Ces robes et ces complets, ces étoffes et ces corsets, toute cette féerie d’imagination.
La France pour moi, ce sont ses voitures de prestige – Renault, Peugeot, Citroën. Le nom d’une marque française symbolise à mes yeux la qualité et le luxe.
Bref, j’adore toute la France !
Pour moi la France, c’est toute la France !
Ilya POLOVAÏKINE,
étudiant de l’Université des sciences humaines
de la région de Moscou
Photos : L. KISSELEVA